Les quatre membres présumés du groupuscule néonazi "blood and honour C18", interpellés mardi à Morteau et en Saône et Loire, ont été présentés ce matin au procureur de Vesoul.
Agence France PresseIls se préparaient pour le "Grand soir", s'affichaient cagoulés et armés sur internet,
mais sans projet précis: les membres d'un groupuscule néonazi devraient être mis
en examen pour association de malfaiteurs et incitation à la haine raciale, a annoncé
mercredi le parquet.
Les quatre membres de ce groupuscule baptisé "Blood & Honour C18" (Sang et honneur
combat 18) avaient été interpellés mardi à Morteau (Doubs) et en Saône-et-Loire,
par les gendarmes de la section de recherches de Besançon.
Ils doivent être présentés jeudi au parquet de Vesoul, en vue d'une mise en examen
pour "dégradations en réunion" - pour des tags -, "incitation à la haine raciale"
et "organisation de malfaiteurs en vue de la préparation d'un délit", passible
de 10 ans de prison.
Le groupuscule, qui se disait prêt à passer à l'acte sur son site internet, n'avait
en réalité "aucun projet d'attentat meurtrier" pour l'instant, a indiqué le procureur
de la République de Vesoul Jean-François Parietti lors d'une conférence de presse
mercredi.
Mais le magistrat a souligné la "posture inquiétante" de ces individus "imprévisibles",
"plus anti-musulmans qu'antisémites", et ouvertement néonazis.
"Le but opérationnel qu'ils revendiquent, c'est de se tenir prêts pour le Grand
soir, quand la société s'effondrera", a expliqué le procureur.
Avec leur "posture menaçante pour faire pression sur tout ce qui peut entacher
notre +beau pays+", selon leurs dires, les membres de "Blood & Honour C18" "ont
le sentiment de mener une guerre contre l'islamisme et toutes les choses qui menacent
les valeurs de l'Europe", a-t-il ajouté.
Deux ans de surveillance
Le groupuscule était surveillé depuis environ deux ans par la cellule nationale
d'enquête de la gendarmerie en charge des groupuscules extrémistes.
Une enquête préliminaire avait été ouverte en février 2014, après la découverte
de tags à Gray (Haute-Saône), attribués au groupuscule.
En avril dernier, deux grands tags "Blood C18 Honour" ont été découverts sur des
fermes à Epenoy (Doubs) et Champagnole (Jura).
Le groupe est monté en puissance il y a deux semaines, en publiant sur internet
une photo de huit hommes cagoulés portant une kalachnikov, un fusil à pompe, des
fusils de chasse et des battes de baseball.
Il annonçait être prêt à prendre les armes pour défendre ses idéaux nationalistes.
En garde à vue, les suspects ont reconnu avoir posé sur cette photo avec des armes
qui leur auraient été prêtées. Aucune arme n'a été retrouvée à leurs domiciles,
a précisé M. Parietti.
En revanche, les enquêteurs ont saisi l'ordinateur qui alimentait le site internet,
des cagoules, un buste d'Adolf Hitler, un exemplaire de Mein Kampf, des magazines
et une banderole C18.
Tatouage d'Hitler au mollet
Le leader du groupe, âgé de 33 ans et originaire de Morteau, est un homme réputé
bagarreur et violent, qui compte sept mentions à son casier judiciaire.
Il a créé le groupe "Blood & Honour C18" en France en 2013 et "espérait se faire
adouber par C18 Serbie, qui reconnaît les groupes C18 en Europe", a précisé le
procureur.
L'homme, recouvert de tatouages de la tête aux pieds, a un portrait d'Adolf Hitler
au mollet. Il est connu de la justice depuis 2004 pour des faits de violence.
En 2008, le trentenaire a été condamné à un an de prison pour "violences en raison
de la race" et il a été condamné à deux ans de prison ferme pour avoir violemment
frappé un jeune homme d'origine étrangère, en 2010 à Métabief (Doubs).
Son frère de 28 ans et deux autres hommes âgés de 43 et 24 ans, qui ont rejoint
le groupe début 2013, n'ont en revanche aucune mention notable à leur casier judiciaire.
"On ne sait pas encore ce qu'ils avaient exactement dans la tête", note M. Parietti,
précisant que "l'enquête va continuer pour déterminer l'architecture complète du
groupe, son financement et ses motivations réelles".
D'autres membres présumés du groupuscule "Blood & Honour C18" sont encore recherchés
par les enquêteurs de la gendarmerie.