Guy Roux, l'emblématique entraîneur de l'AJA pendant près d'un demi-siècle (de 1961 à 2005), estime que l'équipe bourguignonne, 9e en Ligue 2 cette saison, a "25% de chances" de remporter sa 5e Coupe de France (après 1994, 96, 2003 et 05) samedi en finale contre Paris Saint-Germain. Entretien.
Guy Roux : "Pour vraiment me rendre compte, je suis allé au match samedi contre Reims, je voulais rendre hommage silencieusement à Laurent Blanc. Les Parisiens n'ont pas livré le match de l'année car j'ai vu tous leurs autres matches à la télévision. Ils ont réussi la synthèse entre la possession du ballon et marquer des buts. Depuis Noël, il y a eu une bonne évolution. Le PSG actuel n'a plus rien à voir avec le PSG d'avant les Qataris même s'il y a eu avant des PSG forts, avec des Brésiliens internationaux, avec lesquels ils ont gagné des titres, la Coupe des Coupes aussi."
Qu'est ce qui vous plaît dans ce Paris moderne ?
GR: "C'est la technique en mouvement de tous les joueurs, même les moins forts. Ce qui me plaît moins chez les Parisiens, c'est quand ils se mettent à ronronner et qu'ils n'en sortent pas. Maintenant ils ne font plus ça. C'est pour ça qu'ils mettent maintenant trois buts en moyenne par match. Avant ils marquaient un but en espérant ne pas en prendre un, et ils en concédaient un. Maintenant ils en inscrivent un, puis deux, puis trois, et s'ils en prennent deux, ils gagnent le match quand même."
Et que pensez-vous de l'AJ Auxerre actuelle ?
GR: "Par rapport aux dernières saisons, elle est en gros progrès. L'ensemble du club a été repris en mains après l'accident industriel de la relégation en 2012. Les dirigeants sont des repreneurs sérieux, ce qui n'est pas toujours le cas partout, avec le financier Emmanuel Limido et le président Guy Cotret, deux hommes très fiables, et donc le club est sauvé. Sur le plan du jeu, petit à petit, ils améliorent l'effectif. Cela ne se fera pas en un jour, je pense même que cela se fera moins vite qu'eux ne le croient, mais ils sont sur le bon chemin".
Quelle est l'importance d'une finale de coupe pour l'AJA ?
GR : "C'est formidable pour Auxerre d'être une sixième fois en finale. Bien sûr, on disparaît tous, les uns après les autres, mais le palmarès d'un club reste, que ce soit le Red Star ou Marseille, Lille après la guerre. Ce sont des palmarès qui restent au club. Cette finale de Coupe de France contre le PSG s'inscrit dans le palmarès de l'AJA. Elle peut se comparer avec celle de 1979 contre Nantes, perdue 4-1 après prolongation. Il y avait aussi une grosse différence: Nantes à l'époque était l'équipe majeure en France et nous jouions en D2. Mais nous avions une équipe forte comme lors de nos quatre victoires en Coupe. Il y avait du mental et des joueurs vedettes. Nous avions éliminé Montpellier (D2), Lille (6e de D1), puis Strasbourg, champion cette année-là."
Vous faites un pronostic ?
GR: "Entre 20% ou 30 % de chances pour Auxerre. Mais déjà 25% ce n'est pas rien, ça se joue. On peut faire beaucoup avec 25% de chances. Se faire plaisir, déjà. Et cela peut même empêcher de dormir quelques Parisiens. Je ne pense pas qu'Auxerre se loupe dans ce match, après tout dépendra de la valeur du PSG samedi."