Le deuxième jour du procès en appel de Jean-Pierre Mura a été consacré essentiellement aux enquêtes de police, celle de l'époque et celle du "cold case", le dossier étant rouvert en 2005 grâce à des éléments nouveaux. C'est donc toute l'enquête qui a été retracée, avec ses erreurs et ses avancées.
Retour sur 26 ans d'enquête ou plutôt sur deux enquêtes. La première s'est déroulée après le meurtre de Christelle Maillery au Creusot le 18 décembre 1986, la deuxième un peu plus tard, lorsque ce "cold case" a été rouvert. Les différents enquêteurs, qui se sont succédé dans ce dossier, se sont aussi succédé à la barre ce vendredi 17 juin, au deuxième jour du procès en appel de Jean-Pierre Mura à la cour d'assises de Dijon.Le 18 décembre 1986, le corps de Christelle Maillery, collégienne de 16 ans, avait été retrouvé peu après sa disparition dans une cave de sa résidence, lardé d'une trentaine de coups de couteau. Un couteau à cran d'arrêt, retrouvé à 105 mètres des lieux du crime et deux mois après les faits, a été au cœur des débats ce vendredi matin.
La défense s'est interrogée sur ce (long) temps auprès du premier directeur de l'enquête, Toussaint Poggiale. L'avocate, Audrey Bittard, demande : "la personne qui a retrouvé le couteau s'est dite attirée par un éclat métallique, il était donc visible ?" Le policier répond "Oui et non, je me rappelle qu'il y avait de la neige après le meurtre, donc le jour de la découverte, sans doute oui". Elle conclut :"est-ce une suggestion ou une affirmation que le couteau est resté plusieurs semaines sous la neige?" Le policer rétorque :"une supposition".
Les techniques d'enquête ont évolué
Après un non-lieu prononcé en 1990 et des scelles détruits, le dossier a été rouvert en 2005, grâce aux éléments issus de l'enquête d'un détective privé mandaté par l'association "Christelle", qui regroupe des familles de victimes. Les enquêteurs de la police judiciaire, qui ont repris l'enquête, ont rappelé que les techniques d'investigations policières ont beaucoup évolué depuis les années 80, notamment sur la précision des procès-verbaux et l'utilisation de l'ADN.
Paul Montmartin, directeur de la police judiciaire explique : "On n'est pas là pour couvrir les éventuelles erreurs des policiers qui sont passés avant. Autre temps, autre police, je veux bien l'admettre. Je pense qu'aujourd'hui on n'aurait plus de délais de traitement aussi longs comme on l'a dans cette affaire."
La piste de Jean-Pierre Mura, 47 ans, schizophrène, est apparue en 2004 après le recueil du témoignage de l'ancien petit-ami de la victime. Ce dernier et des témoins ont rapporté que M. Mura s'était accusé du meurtre au cours d'une soirée en 1993. Les investigations révèleront que M. Mura s'était accusé à plusieurs reprises, ce qu'il conteste.
Durant cette deuxième journée d'audience, l'accusé, Jean-Pierre Mura, est resté impassible, souvent les bras croisés, le regard baissé. Il a rarement été interrogé si ce n'est sur son désir de sortir avec Christelle, une déposition spontanée qu'il avait fait à un policier du Creusot. Sa réponse : "j'étais pas dans mon état normal, je n'avais pas toutes mes facultés, je ne m'en souviens pas. J'ai dit des conneries.".
Il encourt jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu le vendredi 24 juin au plus tard.
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