Dès 2018, l'Etat supprimera une part des soutiens financiers versés aux agriculteurs qui souhaitent s'engager dans la voie d'une agriculture biologique a annoncé le ministre de l'Agriculture le 20 septembre 2017. A Blacy, dans l'Yonne, cette décision suscite l'incompréhension.
Le 20 septembre 2017, Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture, annonçait que l'État ne participerait plus aux aides au maintien à l'agriculture biologique dès 2018. Ces aides financières étaient accordées aux agriculteurs après trois ans de conversion à l'agriculture biologique comme reconnaissance de leurs efforts pour s'engager dans une agriculture plus raisonnable.
Les crises agricoles et l'appétit des consommateurs ont suscité un flot de conversions en agriculture biologique ces dernières années. En Bourgogne-Franche-Comté, elles ont augmenté de 25%. Aujourd'hui, plus de 300 producteurs bio sont ainsi installés dans l'Yonne.
Pour Philippe Camburet, agriculteur bio, la suppression de l'aide au maintien pourrait avoir des conséquences dramatiques. "Certains producteurs vont être obligés de revenir à un système conventionnel, d'autres vont diminuer leur surface d'exploitation et certains seront obligés de cesser leur activité", déplore t-il.
Deux personnes privées de salaire
Parmi eux, Philippe Collin. Cet agriculteur s'est converti au bio en 1998. Son exploitation, qui embauche dix personnes, produit des céréales et du lait. "Sans l'aide au maintien, deux personnes n'auront plus de rémunération. Pourtant, tout le monde travaille dans cette ferme", explique t-il. Jusqu'alors les subventions de l'Etat s'élevaient chaque année à 160 euros par hectare ce qui permettait à Philippe Collin de se maintenir en agriculture biologique."Les Régions ne pourront pas se substituer à l'Etat."
Depuis la nouvelle politique agricole commune (Pac), mise en place en 2015, les aides sont gérées conjointement par l'État et les Régions. Stéphane Travert précise ainsi que les Régions "pourront continuer de financer des aides au maintien sur de nouveaux contrats, mais elles devront le faire en responsabilité et sans mobiliser les crédits du ministère". Autrement dit, il sera au bon vouloir des Régions, dont les crédits sont en baisse, de maintenir les aides en puisant dans leurs deniers.
La Région Bourgogne-Franche-Comté compte-t-elle poursuivre les aides ? La réponse est non pour Gilles Demersseman, conseiller régional délégué à l'agriculture. "les Régions ne vont pas inventer des enveloppes qui ne leur sont plus transmises. On apprend de façon successive la suppression de l'aide au maintien et la diminution des financements au régions", explique-t-il. "Les Régions ne pourront pas se substituer à l'Etat."