La ville d’Arnay-le-Duc, en Côte-d’Or, a mis en vente plusieurs bâtiments historiques. Le dernier en date est l'Hospice Saint-Pierre, qui abrite le musée de "La Maison Régionale des Arts de la table". Une décision qui est loin de faire l’unanimité.
"En l’espace de quatre mois, la ville d’Arnay-le-Duc a vendu le château des Princes de Condé et l'ancien hôtel de perception, deux monuments qui font l'objet d'un classement ou d'une protection au titre des monuments historiques.
Et maintenant, la commune veut vendre l'Hospice Saint-Pierre, un bâtiment dont plusieurs éléments sont aussi protégés", s’insurge Hadrien Lacoste, qui possède une maison de famille à Arnay-le-Duc, à une cinquantaine de kilomètres de Dijon.
Cet amoureux du patrimoine a décidé de mettre en ligne une pétition. Objectif : tenter de sauver de la vente cet ancien hospice, qui abrite la Maison Régionale des Arts de la Table, "un lieu culturel incontournable dans la région".
"Ce splendide bâtiment comprend aussi une chapelle avec une sacristie et du mobilier liturgique", précise Hadrien Lacoste, qui est délégué départemental de l’Observatoire du Patrimoine Religieux, une association nationale loi 1901.
AMOUREUX ET PASSIONNÉS DU PATRIMOINE, SIGNEZ ET FAITES SIGNER CETTE PÉTITION !!! Contre la vente de l'Hospice Saint-Pierre d'Arnay-le-Duc (Côte d'Or) par la ville !!! https://t.co/yKzJRxbQPg @vmfpatrimoine @fond_patrimoine @DemeureHistoriq @bernstephane @UPatrimoine
— Hadrien Lacoste (@Hadrien6321) August 28, 2019
Les richesses historiques d'Arnay-le-Duc
Sur la page d’accueil du site internet de la ville, on découvre pourtant que le maire d’Arnay-le-Duc vante une "ville historique" avec "son église du 15e siècle, sa tour de la Motte Forte et son château, ancienne demeure seigneuriale des princes de Condé"."D’autres bâtisses lui confèrent un charme indéniable comme la Maison Bourgogne ou « La Maison Régionale des Arts de la table », musée installé dans les anciens locaux des Hospices Saint-Pierre et qui a pour vocation d’accueillir chaque année une exposition nouvelle retraçant les grandes traditions culinaires, les plaisirs de la table et la gastronomie", ajoute l’élu.
Alors, pourquoi se séparer de ces bâtiments historiques ?
"Le patrimoine c'est très bien, mais il faut l’entretenir. Ces coûts, qui va les prendre en charge ? ce sont les habitants de la ville d'Arnay", rétorque Claude Chave, le maire.
Pourquoi la ville d’Arnay-le-Duc vend ses monuments ?
"Ces bâtiments historiques nécessitent des travaux importants. Cela fait des décennies que des chantiers d’entretien auraient dû être lancés par tranches successives, mais cela n’a pas été fait.
Résultat : aujourd’hui, la ville qui est déjà endettée n’a pas les moyens d’agir. Certains habitants estiment qu’en mettant ces monuments en vente, les contribuables paieront moins d’impôts.
Mais, si on les brade à des particuliers sans projet précis, quels leviers économiques restera-t-il pour les prochains maires ? Car, mis à part le tourisme, sur quoi peut compter vraiment Arnay-le-Duc", s’interroge Hadrien Lacoste.
Ce dernier, qui habite Paris en semaine, assure n’avoir aucune intention de se lancer en politique. "J’essaie de mobiliser les associations patrimoniales et les élus pour que ces bâtiments restent dans le domaine public. Quitte à les transférer à l’intercommunalité si la ville n’a plus les moyens de les entretenir", propose-t-il.
De son côté, Evelyne Deloince, présidente de la Maison Régionale des Arts de la Table, s'inquiète elle aussi. "Qu'est-ce qu'on va faire ? Qu'est-ce qu'on va faire des salariés … On va dire que c'est sa mort."
Le dossier était à l’ordre du jour de la séance du jeudi 12 septembre. L'investisseur qui a fait une proposition d'achat était présent et les débats ont été houleux. Finalement, les élus ont décidé de reporter leur décision à la prochaine réunion du conseil.
Reportage de Camille Vormzer, Damien Rabeisen et Rachel Nectoux avec :
-des habitants
-Evelyne Deloince, présidente de la Maison Régionale des Arts de la Table (MRAT)
-Claude Chave, maire d'Arnay-le-Duc