Les arts de la rue vont parcourir les villes de France du 15 au 29 octobre avec une Marianne géante pour "entrer en résistance contre un climat anxiogène et sécuritaire" qui réduit la liberté de leurs manifestations depuis les attentats.
"Nous poussons un cri d'alarme pour 2017 parce que nous craignons que l'état d'urgence amène à des surcoûts, réduise les manifestations et fragilise le secteur", a expliqué à l'AFP Lucille Rimbert, présidente de la Fédération nationale des arts de la rue. Déjà en 2016, plusieurs manifestations de rue ont été confinées à des espaces fermés, comme la parade de la biennale de la Danse de Lyon, organisée au stade Gerland. A Libourne, la déambulation de la compagnie "Les batteurs de pavé" a été annulée et les manifestations réduites à des cours au lieu de l'espace public."Partout, on met des barrières ou on privatise l'espace public pour les spectacles, ce qui est contraire à l'esprit de nos manifestations, publiques et gratuites", ajoute Lucille Rambert. "A Aurillac, la préfecture demande déjà à l'organisateur de fournir un plan de sécurité pour l'édition d'août prochain", indique-t-elle. "Beaucoup de programmateurs hésitent à s'engager sur des spectacles déambulatoires ou de grandes formes, du fait des mesures de sécurité exigées." Elle remarque que les exigences sont "très disparates", allant de la liberté de circulation pour la Nuit Blanche à Paris à un barriérage total, au changement de toutes les poubelles ou encore le survol par hélicoptère (Libourne).
Des préconisations attendues début 2017
Le 21 juillet 2016, lors du festival Chalon dans la Rue en Bourgogne, le maire de la ville Gilles Platret (LR), lui, avait snobé la visite de la ministre de la Culture, Audrey Azoulay, considérant au contraire que les conditions de sécurité des événements estivaux étaient insuffisantes : "cette visite, préparée depuis 24 heures dans la précipitation la plus totale, a pour but de faire croire à l'opinion publique que le gouvernement est irréprochable pour assurer toute la sécurité nécessaire sur les grands rassemblements de l'été. On voit bien qu'il s'agit d'allumer un contrefeu médiatique pour mieux faire oublier Nice", avait écrit le maire de Chalon-sur-Saône dans un communiqué.
Une mission conduite par le préfet Hubert Weigel, déjà en charge de la sécurité des festivals et de celle de la COP 21, doit rendre en début d'année des préconisations sur la sécurité dans les espaces publics pour l'été 2017. "C'est aussi un choix politique", souligne Lucile Rimbert, qui appelle à "maintenir la convivialité dans l'espace public". La journée internationale des arts de la rue, traditionnellement organisée pour le changement d'heure pour "l'unique journée de 25 h de l'année" s'étalera sur 8 journées du 15 au 29 octobre et passera par Bessines, Luxey et La Rochelle (Nouvelle Aquitaine), Lyon, Rennes, Baule (Centre Val-de-Loire), Sète (Occitanie) et Paris (29 octobre).
Plus de 1.200 compagnies se revendiquent des arts de la rue en France, avec quelque 3.000 spectacles en diffusion chaque année et plusieurs gros festivals (Chalon, Aurillac, Sotteville-lès-Rouen).