Le groupe Auchan a annoncé ce mardi 5 novembre la suppression de 2 389 emplois en France, et la fermeture d'une dizaine de magasins. Si les établissements de Bourgogne-Franche-Comté sont relativement épargnés pour le moment, l'inquiétude plane.
C'est la douche froide pour les employés Auchan. Le distributeur alimentaire a présenté mardi un projet de plan social. Il met en danger 2 389 emplois à travers l'Hexagone, selon l'Agence France Presse. Le groupe emploie environ 54.000 personnes en France. Le plan vise à réduire la voilure suite à des mauvais chiffres du groupe commercial.
"Le commerce a changé, l’entreprise ne s'est pas adaptée"
Cette annonce de plan social est un choc malgré des conditions de travail plus éprouvantes ces dernières années. "Qu’est-ce qui va nous tomber dessus ? On n'a jamais eu un plan de cette envergure. On sait que l’entreprise va mal, on en bave, on fait avec les bras qu’on a. Le commerce a changé, l’entreprise ne s'est pas adaptée", déplore Gladys Deuscher, représentante de section syndicale RSS pour la CFTC, au magasin Auchan de Bessoncourt dans le Territoire de Belfort.
Au sein de son hypermarché d'environ 200 salariés, "4 personnes de la vente d'équipements sont concernées", par les suppressions de postes.
"Mettre en péril les magasins"
À l'hypermarché de Mâcon en Saône-et-Loire, qui emploie environ 200 salariés, ce sont quatre salariés de la vente d'équipements qui sont menacés et "une ou deux personnes de l'encadrement", selon le syndicat Force Ouvrière.
"On va supprimer des emplois et mettre en péril les magasins. C’est dramatique. Les vendeurs de la vente d'équipements étaient passionnés, connaissaient leurs produits et les clients venaient pour être conseillés. Ces personnes ne viendront plus. On était un magasin à taille humaine, un magasin de proximité, il y avait un vrai rôle. On se demande quel est leur objectif", déplore Franck Martinaud, délégué syndical FO Auchan Retail France et au sein de l'hypermarché de Mâcon.
Perte de sens
Le syndicaliste précise que le magasin de Mâcon réalise "de bons chiffres", rendant d'autant plus incompréhensible ces suppressions d'emplois. L'élu a, lui aussi, constaté des signes que le groupe se portait mal avec notamment des changements d'organisation du travail. "Ça a généré une perte de sens au travail, avec gens qui sont partis. Le problème, c'est qu'on forme sans arrêt des gens qui ne restent pas dans l'entreprise avec le turnover. Ça a un coût phénoménal pour l'entreprise", explique Franck Martinaud.
En Bourgogne-Franche-Comté, le groupe Auchan possède plusieurs dizaines de magasins, majoritairement en Bourgogne. Le territoire bourguignon possède 12 magasins. De son côté, la Franche-Comté n'en compte que deux, des hypermarchés à Luxeuil-les-bains (Haute-Saône) et Bessoncourt (Belfort).
Plusieurs magasins vont fermer
Les suppressions touchent tous les secteurs, 915 postes dans les magasins hypermarchés, 784 au sein des sièges, précise l'AFP. Des magasins vont fermer leurs portes. Trois hypermarchés, dans le Puy-de-Dôme, la Moselle et la Meuse, ainsi qu'un supermarché dans le Cantal.
L'enseigne tricolore prévoit aussi la fermeture de six points de vente My Auchan, selon le syndicat Force Ouvrière. L'ensemble de ces fermetures représentent 466 postes supprimés.
Auchan prévoit aussi de fermer, les services de livraisons directes à domicile. Ce sont 224 postes supprimés à prévoir dans ce secteur. Trois entrepôts sont menacés, à Lille, Mions (Lyon) et Chilly Mazarin (Essonne), précise le syndicat Force Ouvrière Auchan dans un communiqué.
Informé par la presse
L'annonce des fermetures a frappé de plein fouet les salariés. Certains ont appris la fermeture de leur magasin par message, au cours d'une assemblée générale avec les sections syndicales CFTC. "J'étais en réunion des collègues de Bar-le-Duc et Woippy. Elles viennent d’apprendre en direct que ça ferme, qu'elles viennent de perdre leur travail. On ne sait pas quoi leur dire", témoigne Gladys Deuscher.
D'autres ont appris la mauvaise nouvelle via les médias. "Quand on voit que la presse est plus informée que nous, il y a un problème. C’est du non-respect", s'insurge Franck Martinaud.
Une nouvelle réunion est prévue autour du 14 novembre pour détailler le plan annoncé par la direction et ouvrir les négociations avec les syndicats.