Depuis 2002, la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) de Bourgogne et de Franche-Comté observent l'évolution des effectifs des oiseaux. Entre 2002 et 2019, 38% des espèces retenues sont en diminution significative, 34% sont stables et 28% sont en augmentation.
Ces observations réalisées dans nos régions entre 2002 et 2019, encadrées par une procédure statistique très précise, sont transmises au Museum National d'Histoire Naturelle dans le cadre du programme STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs). Le MNHN, la LPO et l'Office Français de la Biodiversité tirent de nouveau la sonnette d'alarme, parlant d'un déclin à "un niveau proche de la catastrophe écologique". En France, sur 123 espèces d'oiseaux observées régulièrement entre 1989 et 2019, 43 espèces sont en déclin, une quarantaine sont stable et trente-deux en expansion.
Des oiseaux familiers des villes, comme les hirondelles ou les moineaux friquet sont "en fort déclin", selon un communiqué de la MNHN, la LPO et l'OFB. En cause: "l'artificialisation toujours plus forte", la pollution et les rénovations de bâtiments qui les privent de cavités où nicher. Plus globalement "cette faune si familière est en fort déclin : -28% d'oiseaux en moins depuis 1989".
D'une manière générale, les résultats de ce programme STOC, montre que les tendances en France et dans nos régions sont similaires. Des évolutions qui se remarquent dans l'ensemble de l'Europe de l'Ouest.
Dans son bilan 2019, la LPO de Bourgogne-Franche-Comté, remarque "des différences notables chez 7 espèces pour lesquelles le sens de la tendance change quand on passe à l’échelle nationale. Le Bruant zizi, l’Hirondelle de fenêtre, la Grive musicienne et le Moineau domestique sont en augmentation en Bourgogne-Franche-Comté, mais en déclin au niveau national. Toutefois, le déclin au niveau national est très faible (entre -5 % et 17 -7 % depuis 2001) pour le Bruant zizi et la Grive musicienne, qui pourraient donc tout aussi bien être considérés comme stables. Le Pic noir, l’Hypolaïs polyglotte et le Geai des chênes sont en diminution en Bourgogne mais en augmentation au niveau national. Notons que l’Hypolaïs polyglotte était en augmentation continue dans la région jusqu’à 2011. Quant aux deux autres espèces, les tendances sont fortement influencées par des pics d’abondance très ponctuels qui ont pu biaiser les calculs".
Des observations méthodiques
Mais comment parvient-on à ses résultats ? C'est grâce à la passion d'hommes et des femmes qui connaissent bien et surtout aiment les oiseaux que les comptages d'oiseaux sont possibles. Dans nos deux régions en 2019, 103 observateurs ont recensé 36220 oiseaux appartenant à 149 espèces dénombrés. Mais pour que les résultats soient statistiquement fiables, seules les espèces suffisament fréquentes sont retenues soit 74 espèces.
Bernard Marconot est l'un des 103 observateurs bénévoles. Actuellement, secrétaire de la LPO pour la Bourgogne-Franche-Comté, cet ornithologue participe à cette étude depuis 20 ans. La méthode statistique est particulièrement étudiée pour être la plus proche de la réalité. Les volontaires comme Bernard Marconot font des observations selon une règle trés précise. Trois fois par an, en mars, en avril, en mai, il se poste au même endroit et si possible à la même heure. Pendant 5 minutes, il écoute les chants des oiseaux et les regarde et, surtout, il note tout ! Il fait cette observation à dix endroits différents dans un carré de 2 km sur 2 km.
Bernard Marconot observe les oiseaux dans deux carrés, l'un à Chenebier, en Haute-Saône, l'autre au bord du lac Malsaucy dans le Territoire-de-Belfort.
Un observateur tout seul ne peut pas tirer de conclusions. C'est la masse des informations qui donnent les tendances. Ces études démontrent la nécessité d'avoir un recul d'au moins dix ans pour avoir vraiment une tendance
Quelles tendances se dégagent aprés avoir collecté des informations sur 160 carrés de 2 km sur 2 en Bourgogne et Franche-Comté ?
Les deux espèces qui accusent le plus fort déclin en région Bourgogne-Franche-Comté depuis 2002 sont les mêmes qu’en 2018 : le Serin cini (-66 %) et la Tourterelle des bois (-64 %). Leur vitesse de déclin est rapide puisqu’ils accusent respectivement une baisse annuelle de 6,1 % et 5,8 %.
Voici les autres espèces en déclin en Bourgogne et en Franche-Comté :
Martinet noir, Bruant jaune, Verdier d’Europe, Bruant proyer, Pipit des arbres, Chardonneret élégant, Roitelet huppé, Fauvette des jardins, Bergeronnette printanière, Coucou gris et Sittelle torchepot.
Des espèces sont en augmentation en Bourgogne et en Franche-Comté :
-Roitelet à triple bandeau, Pigeon biset, Rougequeue à front blanc, Grosbec casse-noyaux, Etourneau sansonnet, Pigeon ramier, Fauvette à tête noire et Moineau domestique.
Les chercheurs mettent en garde contre la "fausse bonne nouvelle" de l'augmentation de populations de certaines espèces plus adaptables, comme le pigeon ramier ou la mésange bleue: elle "révèle en fait une uniformisation de la faune sauvage".
Pour lutter contre leur déclin, plusieurs choses ont fait leur preuve comme les réserves naturelles ou "des aides financières conditionnées qui doivent être développées dans le projet de la nouvelle Politique agricole commune". Sur les site internet de la LPO BFC et l'ancien site de la LPO de Franche-Comté, de nombreuses actions de la LPO sont présentées, elles sont menées en partenariat avec d'autres associations ou des entreprises. Par exemple dans le pays de Montbéliard et dans le Jura , des vergers sont plantés pour favoriser la présence de la chevêche d'Athena.
La LPO, le MNHN et l'OFB demandent aussi "l'arrêt de l'utilisation massive et déraisonnée des pesticides, un soutien efficace à l'agro-écologie, une réduction de l'artificialisation des sols (...), un soutien à la stratégie nationale des aires protégées".