Les viticulteurs bourguignons, champenois, alsaciens et de Centre-Loire sont déçus par le plan de soutien à la viticulture qui leur alloue 250 millions d'euros. " Dérisoire, au regard du poids de ces appelations dans l'économie nationale". Ils appellent le nouveau gouvernement à un "sursaut".
Le malaise ne fait que s'accroître dans le secteur de la viticulture en Bourgogne. Déjà touchés par les mesures de rétorsion décidées par les Etats-Unis au niveau des taxes douanières, en novembre 2019, les producteurs de vins bourguignons voient leurs difficultés s'aggraver avec la crise sanitaire du coronavirus.
La Bourgogne, la Champagne, l'Alsace et le Centre-Loire vivent la même situation. Ensemble, les représentants de ces appellations ont publié un communiqué dans lequels ils appellent le gouvernement à un "sursaut".
"Au regard des 465 milliards d'euros injectés par les pouvoirs publics en soutien à l'économie dont 15 milliards d'euros pour le secteur aéronautique et 8 milliards d'euros pour le secteur automobile, les 250 millions d'euros du plan gouvernemental en soutien à la viticulture paraissent dérisoires".
"On est les grands oubliés des aides gouvernementales"
Thiébault Huber, le président de la Confédération des Appelations et des Vignerons de Bourgogne (CAVB) a le sentiment de n'être pas écouté. "Ça fait un moment qu'on alerte un peu tout le monde sur le fait que la situation est compliquée. On ne peut pas mettre nos salariés au chômage partiel puisqu'on a besoin d'eux dans les vignes. La nature n'est pas confinée, il faut continuer à travailler".La viticulture en Bourgogne génère 45 000 à 50 000 emplois auxquels il faut ajouter 40 000 personnes qui viennent travailler pour les vendanges. "On fait vivre les cartonniers, les tonneliers, on soutient énormément l'économie locale" dit Thiébault Huber.
"On soutient l'économie française puisqu'on représente énormément d'emplois, ce sont des milliards de chiffre d'affaires dans la balance commerciale, on exporte beaucoup. L'année dernière, la Bourgogne a fait 1 milliard d'euros de chiffres d'affaires à l'export. La filière vin en général, représente entre 10 et 12 millions d'euros de rentrées de devises pour l'Etat, mais nous ne sommes pas pris en compte."
"C'est l'image de la France qu'on véhicule, et nous sommes les grands oubliés du plan d'aide gouvernemental aux secteurs mis en difficulté par la crise sanitaire".
"On n'a droit à aucune aide d'exonération, ou de prise en charge d'une partie des cotisations salariales. On ne nous écoute pas".
Une situation inquiétante
Lors de la dernière assemblée générale de l'ensemble des producteurs de vin de Bourgogne, les chiffres annoncés n'étaient pas bons. "On a un recul sur les cinq premiers mois de l'année de 30% en volume, de 20% en valeur", affirme Thiébaut Huber.A cela s'ajoute de grosses inquiétudes concernant les vendanges, en raison de la crise sanitaire.
"On a des marchés qui se referment, comme le Japon". ajoute Thiébault Huber. Le président de la Confédération des Appelations et des Vignerons de Bourgogne voit la situation se dégrader et des maisons fragilisées. "On a maintenant des données qui permettent de mesurer pleinement la crise liée au Covid".
" Jusqu'à présent, dit-il, on avait tous de la trésorerie pour tenir. On a utilisé les mesures mises en place (prêts garantis par l'Etat, reports d'annuités et d'échéances) mais à partir du mois d'Octobre, il va falloir faire face à nos annuités à temps complet et si la conjoncture se dégrade ça va être catastrophique".
Le communiqué des représentants des appelations de Bourgogne, Champagne, Alsace, et Centre-Loire a été envoyé aux parlementaires, aux ministères et à l'Elysée. Ils espèrent obtenir un rendez-vous à Paris. Ils se disent prêts à aller rencontrer le chef de l'Etat ou le premier ministre pour se faire entendre.