Dons de masques de la communauté chinoise : une générosité bien orchestrée

En pleine pénurie de masques de protection contre le coronavirus, les dons de la communauté chinoise en France se multiplient. Une très généreuse mobilisation pour en faire venir des milliers de Chine et les donner, afin d'équiper les soignants. 

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Un don de 20 000 masques à la ville de Dijon le 15 avril dernier, 2000 masques offerts au CHU de Besançon, 2000 encore à l'Hôpital Nord Franche-Comté...  30 000 masques et 3 respirateurs livrés au CHRU de Nancy...  La générosité des associations chinoises impressionne. La filière réussit là où les voies administratives ont le plus grand mal.    

Il n'y pas que les associations qui offrent des masques. Des villes jumelées et des universités chinoises qui ont un partenariat avec des universités françaises, fournissent aussi de milliers de masques. C'est le cas par exemple des villes de Zhengzhou, Xi'an, et Mianyang qui ont fait un don de 90 000 masques au CHU d'Amiens, ou encore de la ville de Shenzhen qui a envoyé 30 000 masques et 1000 tests de dépistage à la ville d'Avignon.

Cet afflux de masques et de matériel médical en provenance de Chine, foyer de la pandémie, est salutaire. Déjà en février alors que les cas de Covid-19 étaient encore peu nombreux en France, trouver un masque tenait déjà un peu de la quête du saint-Graal.  Les masques chirurgicaux et FFP2 réquisitionnés pour le stock d'Etat et réservés aux professionnels de santé étaient délivrés au compte-goutte.
 


Des masques en veux-tu? en voilà...  

Pour satisfaire la demande mondiale, la Chine a fait redémarrer ses usines et relancé ses capacités de productions de masques et autres matériels de protection. Un effort remarquable qui permet aujourd'hui au pays de se présenter comme le fournisseur indispensable volant au secours du monde entier.

En France, pour faire face à la pénurie, de nombreuses entreprises françaises se sont reconverties dans la fabrication de matériel et de masques. Loin d'être suffisant, actuellement, pour répondre aux besoins.

La Chine sur laquelle tous les feux de l'actualité ont été braqués alors qu'elle abritait plusieurs foyers épidémiques, trouve maintenant l'occasion de soigner son image. Pour cela, elle bénéficie notamment des actes de générosité des associations, des villes ou de bienfaiteurs chinois. A chaque fois, leurs dons sont accueillis avec reconnaissance, des remerciements, des sourires. Et pour la postérité une photo fixe l'instant avec une banderole ou un drapeau chinois planté dans le décor.
  

Un gage d'amitié franco-chinoise...

L'association des Chinois de Dijon qui compte une cinquantaine de membres, auxquels s'ajoutent les étudiants Chinois de l'Université de Bourgogne, a réuni la somme de 15 000 euros qui a permis l'achat de 20 000 masques. 

"On a craint que les masques ne soient réquisitionnés à leur arrivée" - Zhong Shen Hu


Dans le quart nord-est plusieurs association chinoises de Nancy, Strasbourg, Besançon, et Dijon ont passé une commande groupée de 130 000 masques.
 


Chacune d'entre elles, a organisé une collecte. Leurs adhérents ont participé et elles ont aussi fait appel aux clubs de service : Lions, Kiwanis, Rotary, Soroptimist, Zonta. 

"Le plus compliqué, ça a été la logistique" confie Jacques Hu. Le fils du président de l'association des Chinois de Dijon, Zhong Shen Hu, explique que pour organiser la commande, c'est tout un réseau d'entraide qui a fonctionné. " Des associations parisiennes nous ont aidés" dit-il. "On a craint que les masques ne soient réquisitionnés à leur arrivée sur le territoire français, mais ça n'a pas été le cas".


...et une envie de reconnaissance

Ces 20 000 masques ont été donnés à la ville de Dijon qui se charge de la distribution aux EHPAD, médecins, infirmiers, etc...

20 000 masques par les temps qui courrent c'est très précieux, même si la ville a fait de son côté une commande d'un million de masques pour l'ensemble de Dijon Métropole. 

"Pour nous, c'était un devoir de citoyen" dit Jacques Hu, "un devoir de fraternité" ajoute-t-il aussitôt.

"Mes parents sont arrivés en France il y a 40 ans. Ils ont beaucoup travaillé pour ouvrir des restaurants ( le "Village de Pékin", le "Panda de Chine") et faire fructifier leurs affaires. C'était difficile pour eux, car ils ne parlaient pas la langue, ils devaient apprendre et s'intégrer. Et ils l'ont fait."
 

"Ce don de masques, on aimerait que les gens s'en souviennent ensuite" - Zhong Shen Hu

"Avec mes frères et soeurs, poursuit Jacques Hu, nous sommes des citoyens français à part entière. Nous sommes nés en France. Nous avons fait nos études en France. Nous ne connaissons pas d'autre pays. Notre pays c'est la France. Nous l'aimons et nous voulons être acceptés comme des citoyens lambda alors que parfois il nous arrive de subir de la discrimination. Dans la jeune génération, il y a encore des restaurateurs mais aussi des professeurs, des ingénieurs, des gens qui travaillent dans des grands groupes, et des polytechniciens." 

"Ce don de masques, on aimerait que les gens s'en souviennent ensuite. Pour nous, c'est une façon de dire merci à la ville de Dijon pour l'accueil et l'intégration de la communauté Chinoise" 

Autre initative, du même genre à Chalon-sur-Saône. Des entrepreneurs se sont groupés pour acheter des masques à l'initiative du restaurateur Asia Traiteur. 
"Je voulais faire quelque chose et je suis allé voir quatre amis entrepreneurs pour leur demander de faire un don afin d’acheter des masques », a indiqué Loc Duong, patron d’ Asia traiteur, à nos confrères d'Infos-Chalons. 
 


Le propriétaire de l'AJA offre 100 000 masques

James Zhou, l'actionnaire majoritaire de l'AJ Auxerre, un homme d'affaires milliardaire, a offert 100 000 masques et du matériel médical à sa ville d'adoption. Une annonce faite le 2 avril sur les réseaux sociaux.

Francis Graille, le Président de l' AJ Auxerre, raconte : "James Zhou se sent totalement intégré à Auxerre. Il apprécie l'accueil qui lui a été fait, c'était l'occasion pour lui de renvoyer l'ascenseur et de prouver son attachement à cette ville".

James Zhou possède une trentaine d'usines spécialisées dans la production de cannettes alu. Toutes ont été mises à l'arrêt à cause de l'épidémie.

Quand la France a été touchée, l'industriel s'est tout de suite senti concerné. " En Chine, il savait où s'adresser pour obtenir des masques et du matériel médical " explique Francis Graille. " Il voulait les faire livrer avec son jet privé à l'aéroport de Branches, mais ça n'a pas été possible". Tout est arrivé à l'aéroport de frêt de Vatry, dans laMarne.

 James Zhou a pris les frais logistiques à sa charge. L'AJ Auxerre s'est acquittée des frais de douanes..  

Des intermédiaires chinois devenus indispensables 

Après avoir déjà réceptionné une commande de 270 000 masques, le Conseil départemental de l'Yonne a souhaité en commander à nouveau 300 000.  Mission presque impossible, alors que la région Bourgogne Franche-Comté a vu par deux fois sa commande lui échapper, réquisitionnée par l'Etat.  

Obtenir des masques a été plus facile, plus rapide, pour l'AJ Auxerre. Une voie royale pour ne pas dire impériale. Dans ces conditions, pourquoi ne pas passer par cet intermédiaire pour le département ? 

Le président du Conseil départemental, Patrick Gendraud (LR), est aussi un fervent et fidèle supporter du club Auxerrois et ami avec James Zhou. Les deux hommes se connaissent bien. L'élu lui a expliqué ces problèmes d'approvisionnement.

Quand je lui en ai parlé, il a proposé d'en envoyer 100 000 tout de suite, et d'en faire cadeau au Conseil Départemental - Patrick Gendraud

L'homme d'affaires a réagi tout de suite en décidant de faire cadeau de 100 000 masques. La livraison est attendue dans les prochains jours. 

200 000 masques payés sur les deniers du département, arriveront plus tard.

A l'instar de l'AJ Auxerre, il y a quelques jours l'Olympique Lyonnais a lui aussi bénéficié d'un don de 10 000 masques de la part de ses partenaires Chinois : un fond d'investissement partenaire de l'OL et l’Association de football du Chengdu.  
 
En Bourgogne, fin mars déjà, l'EHPAD de Saint-Julien (Côte-d'Or) avait lancé un appel sur les réseaux sociaux face au manque de matériel. C'est en partie grâce à un particulier, via un parlementaire de la région, que l'établissement a pu recevoir des masques.
 

 
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