En Bourgogne, les Repair Cafés ont la cote. A Joigny (Yonne) ou à Mâcon (Saône-et-Loire), ces ateliers réunissent des bricoleurs bénévoles, qui réparent vos objets et appareils électro-ménagers gratuitement.
Une quinzaine de bénévoles s’installent dans le hall vitré d'une grande surface de bricolage et d'équipement. Ce jeudi 13 janvier, dans la zone industrielle au sud de Mâcon (Saône-et-Loire), c’est le premier rendez-vous de l’année des réparateurs de l’association Repair Café Val de Saône. Toute la journée, munis de leurs boîtes à outils, ils redonnent vie à des grille-pains, des vélos, des aspirateurs et toute autre sorte d’appareils du quotidien. "Depuis septembre 2020 [date du premier Repair Café à Mâcon, ndlr], nous avons réparé 1,3 tonne de matériel appartenant à 380 personnes. Tout ça a donc échappé à la déchetterie", se réjouit Martine Dumas, fondatrice et présidente de l’association.
"Tout ce qui tombe en panne, on le répare"
Voilà le concept du Repair Café. Une fois par mois, un groupe de bénévoles organisent un atelier de réparation à destination des habitants d’un quartier, ou d’une ville. Le tout dans un esprit convivial, autour d’un café. L’idée est née à Amsterdam (Pays-Bas) à la fin des années 2000 et a rapidement séduit les Français, notamment les Bourguignons.
Depuis plusieurs mois, ces ateliers fleurissent dans la région. Comme à Mâcon. Il faut dire que le concept s’inscrit dans l’ère du temps. "Les gens prennent conscience qu’il faut faire quelque chose pour l’environnement, commente Martine Dumas. Ces ateliers représentent une solution à la portée de tous. Ici, tout ce qui tombe en panne à la maison, on le répare. On ne jette pas !" Et c’est gratuit.
C’est justement pour des raisons économiques que Delphine Thuret, habitante de Sologny, petite commune au nord-ouest de Mâcon, s’est rendue à l’un de ces Repair Cafés, organisé à la MJC Héritan et où le prochain se tiendra le 27 janvier 2022. "Mon sèche-linge est tombé en panne en septembre dernier. Je cherchais une solution pour le réparer à moindre frais", raconte-t-elle.
Sur place, les bénévoles lui ont indiqué la pièce à commander et le mois suivant, elle a pu remettre sa machine en état de marche grâce à leur aide. "On l’a fait ensemble, c’est participatif. D’ailleurs, depuis j’ai eu à nouveau le même problème et j’ai pu réparer mon sèche-linge toute seule à la maison !", se félicite Delphine Thuret.
Dans l’Yonne aussi, le concept a du succès. À Auxerre, l’association locale de Repair Café a dépassé la barre des 50 éditions fin 2021. Alors qu’à Joigny, le premier atelier ne remonte qu'au début de l'année 2020. Manon Missault, 29 ans, est l’une des bénévoles. Ancienne soignante, elle est aujourd’hui agricultrice et une fois par mois, elle vient prêter main forte aux usagers qui ont besoin d’aide pour redonner un coup de neuf à leurs appareils. "Ce n'est pas si compliqué. On regarde des tutos sur internet, on se débrouille. Tout le monde peut le faire", insiste la bénévole. À chaque édition, elle et ses collègues réparent entre 40 et 60 objets et machines avec un taux de réussite supérieur à 50 %.
350 Repair Cafés en France
"L'obsolescence programmée, ce n’est plus 30 ans. L’électro-ménager coûte cher, on ne peut pas le remplacer dès qu’il y a une panne", constate Béatrice Kerfa, directrice de l’Office de tourisme de Joigny, co-organisateur de ces rendez-vous. Et d’ajouter : "Les Repair Cafés s’inscrivent dans une démarche durable et responsable." Des valeurs qui correspondent au mode de vie de Manon Missault et qui l’ont motivée à se porter volontaire. "J’essaie de réduire au maximum mes déchets", confie la jeune bénévole.
En France, il existe 350 Repair Cafés où, comme Manon Missault, des bricoleurs bénévoles proposent leurs services, gratuitement, une à deux fois par mois. C'est le cas à Mâcon, Joigny, Auxerre, Sens, Semur-en-Auxois, Luzy… "On envisage de délocaliser certains de nos ateliers dans les communes avoisinantes, ajoute Martine Dumas à Mâcon. Pour faire connaître le concept ! » Car c’est avant tout grâce au bouche-à-oreille que les associations font leur publicité. "J’en ai parlé à mes parents, confie Delphine Thuret. Leur lave-vaisselle ne fonctionne plus."