Garde d'enfants, école à la maison, mesures sanitaires renforcées : la triple peine des assistantes maternelles 

Pas de répit pour les "nounous". Si les crèches sont fermées, les assistantes maternelles continuent à accueillir les enfants, en plus des leurs pour qui il faut faire "l'école à la maison". Entre couches, biberons, exercices et tâches ménagères les "nounous" enchaînent les heures de travail. 

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Nounou et maintenant "maîtresse". Chez Laëtitia*, nourrice dans le Territoire de Belfort et Noëmie* dans le Jura, l'école à la maison n'est pas sans peine. Il a fallu se réorganiser. "Avant le confinement, je me levais à 7h30 et me couchais à 21h30 voire 22h. Maintenant, je me lève à 6h et me couche à 23h. Les tâches ménagères et les repas, je les faisais pendant la sieste des enfants que je garde. A présent, je les fais avant qu'ils arrivent, et pendant les heures de la sieste, j'endosse le rôle de maitresse pour faire l'école à mes deux enfants âgées de 8 et 4 ans. Vérifier que la poésie a bien été apprise, que les calculs sont corrects, expliquer à la plus petite son collage... Tout cela demande du temps et de l'organisation" résume Laëtitia.       

Noëmie, assistante maternelle de quatre enfants, se lève et se couche aux mêmes heures que d'habitude mais elle a mis en place un planning. "Le matin, je note ce que mes enfants peuvent faire en autonomie. L'après-midi, pendant que les enfants dont j'ai la garde font la sieste, je fais faire aux miens les exercices qui nécessite ma présence auprès d'eux. Je ne peux pas dire à mes enfants de faire leurs devoirs une fois que tout le monde est parti à 20h parce que, ce n'est pas trois heures d'exercice qu'ils ont, c'est beaucoup plus. C'est en fait très compliqué de travailler et de s'occuper des leçons, être disponible pour tout le monde en même temps".

On fait notre possible mais ce n'est pas simple

Laëtitia

Du côté des enfants, ce rythme est aussi compliqué. Les enfants de Laëtitia "une fille en CE2 et une autre en moyenne section ont dû mal à se concentrer avec des jeunes enfants qui eux s'amusent. En plus, je ne suis pas disponible complètement pour les aider et cela leur demande alors plus de temps aussi !" constate Laëtitia. "On n'a pas non plus la même méthode que les maitresse. On fait notre possible mais ce n'est pas simple". 

Pour les enfants de Laëtitia et de Noëmie, leur ressenti est le même... et le même que leur maman. "Un ras le bol général". " Ce matin déjà, mes enfants en avaient assez de l'école à la maison. L'un deux a peur que ça dure longtemps. Même s'ils sont petits, ils ont besoin d'une vie sociale, de voir leurs copains" explique Noëmie.


"Les mesures sanitaires renforcées prennent beaucoup de temps"

Chez les assistantes maternelles agréées, les mesures sanitaires ont été renforcées. Noëmie nettoyait les jouets chaque week-end, dorénavant c'est tous les soirs après le départ des enfants. "On a des consignes qui proviennent du guide ministériel de la petite enfance, qu'on applique mais les mesures sanitaires renforcées prennent  beaucoup de temps" analyse Noëmie. Même grand nettoyage chez Laëtitia " je change les caisses de jouets régulièrement et les nettoie tous les jours ". 

Du nettoyage qui fait perdre beaucoup de temps alors qu'elles n'en ont déjà pas beaucoup. Alors Laëtitia délègue un peu plus au papa. Dégager ne serait-ce qu'un peu de temps pour souffler un peu ou s'atteler à autre chose. "Avant on allait donner les restes aux poules pendant l'heure de midi, maintenant c'est le papa qui s'y colle en rentrant du travail. Et pour nos repas, c'est du vite-fait. Si avant le confinement, on mangeait des lasagnes maison, maintenant c'est des lasagnes surgelées". 

Je suis lassée, épuisée. on n'a plus de vie de famille

Noëmie

Pour Noëmie, c'est le mari qui en pâtit : "je profite moins de lui. Il comprend puisque sa profession l'oblige à être à cheval sur l'hygiène, mais je suis lassée, épuisée. on n'a plus de vie de famille. Mais je ne comprends pas les crèches, les centres aérés sont fermés et nous on est autorisés à accueillir alors qu'on est à risque ? Pourquoi ? L'Etat voudrait faire des économies ? Mais l'Etat n'est pas gêné de nous faire travailler 45/50h par semaine pour faire marcher l'économie ? " s'insurge Noëmie. "Et avec quelle reconnaissance derrière?".

Ce matin, pour ne pas faciliter la vie de ces deux "nounou-maîtresse", le site du CNED et de l'ENT, deux espaces numériques de travail pour étudier et travailler en distanciel, étaient momentanément indisponibles "en raison d'un trop grand nombre de connexion". "Ca m'a fait perdre une journée" conclut Noëmie.

*Les prénoms ont été changés

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