Coronavirus Covid-19 :« Je ne veux pas mourir en prison » l’inquiétude des détenus et des surveillants

Un surveillant de la maison d'arrêt de Dijon est en réanimation au CHU. Dans la grande région, 19 détenus étaient placés en quarantaine vendredi 27 mars en raison du risque Covid-19. Les syndicats et des proches de détenus s’inquiètent. Des libérations anticipées sont attendues.

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Sandrine est inquiète. Son frère, Bruno* a été incarcéré le 6 mars dernier à la maison d’arrêt de Dijon. Il doit y purger une peine de 6 mois pour une affaire de moeurs. Selon sa famille, Bruno est en danger. Âgé de 34 ans, il souffre de polyarthrite et suit un traitement qui affaiblit ses défenses immunitaires. Il serait donc particulièrement exposé à un risque de contamination au Covid-19

« Je ne demande pas qu’il ne purge pas sa peine, mais qu’on le sorte, en attendant la fin de l’épidémie »

« J’ai eu mon frère au téléphone ce matin, explique Sandrine. Il est paniqué et m’a dit « Je ne veux pas mourir en prison ». S’appuyant sur un certificat médical, sa famille a demandé un aménagement de peine. « Ça ne va pas assez vite ! se lamente Sandrine. On n’a pas de date pour la décision. On est dans l’attente. Je ne demande pas qu’il ne purge pas sa peine, mais qu’on le sorte, en attendant la fin de l’épidémie ».

19 détenus en quarantaine

Selon l'administration, 19 détenus étaient placés en quarantaine vendredi matin au sein de l'Inter-région Bourgogne-Franche-Comté-Centre-Val de Loire. Parmi eux, 3 cas confirmés positifs. Les deux premiers sont détenus en Centre-Val de Loire. Le troisième est un homme détenu à la prison de Lons-le-Saunier, dans le Jura. Il est en placé en quarantaine dans le quartier des semi-libertés où il était incarcéré. 

A Dijon, jeudi 26 mars dans la soirée, 6 détenus étaient placés en quarantaine : 2 cas suspects et 4 cas contacts. Des tests ont été pratiqués sur les deux cas suspects. Dans l'après-midi, ce vendredi, ils se sont révélés négatifs au Covid-19 selon les services pénitentiaires. 

Dans la plupart des établissements, comme à Dijon, les détenus mis en quarantaine sont placés dans le quartier des arrivées. Depuis le début du confinement, le nombre de nouvelles incarcération a en effet chuté. 

Un surveillant de la maison d'arrêt de Dijon en réanimation

Mais selon les syndicats, c'est la situation des personnels qui doit inquiéter en priorité. Un surveillant de la maison d'arrêt de Dijon serait actuellement en réanimation au CHU. "Un de nos collègues est placé en coma artificiel et a été intubé pour une suspicion de virus, explique Thierry Cordelette, secrétaire général de l’Ufap à la maison d’arrêt de Dijon. Le résultat des tests n'est pas encore connu "On a aussi bien d'autres personnels qui se sentent fievreux. D'autres sont en arrêt maladie. On sent l'épidémie gagner les personnels pénitentiaire."
 

Des surveillants contraints d'acheter leurs masques

Mais du côté des syndicats de personnels pénitentiaires, il y a urgence. Le syndicat UFAP regrette notamment l’absence de masques et de matériel de protection et dénonce une "chappe de plomb" sur le sujet ​​​​​​.

« Nous sommes obligés d’aller acheter nos propres masques » regrette Thierry Cordelette, secrétaire général de l’Ufap à la maison d’arrêt de Dijon. Ce samedi, il a prévu de distribuer 200 masques en tissus à ses collègues, achetés 3 euros l’unité.

Jusqu'à présent, l'administration pénitentiaire interdisait le port de masques en dehors des ailes où les cas suspects sont placés en quarantaine. « On veut nous interdire de porter des masques pour éviter la psychose chez les détenus, mais notre but c’est justement de protéger les surveillants et les détenus !».

Des surveillants contraints d'acheter leurs masques

Pour les syndicats de personnels pénitentiaires, il y a urgence. Le syndicat UFAP regrette notamment l’absence de masques et de matériel de protection et dénonce une "chappe de plomb" sur le sujet ​​​​​​.

« Nous sommes obligés d’aller acheter nos propres masques » regrette Thierry Cordelette, secrétaire général de l’Ufap à la maison d’arrêt de Dijon. Ce samedi, il a prévu de distribuer 200 masques en tissus à ses collègues, achetés 3 euros l’unité.

Jusqu'à présent, l'administration pénitentiaire interdisait le port de masques en dehors des ailes où les cas suspects sont placés en quarantaine. « On veut nous interdire de porter des masques pour éviter la psychose chez les détenus, mais notre but c’est justement de protéger les surveillants et les détenus !».
 
 

Une situation de plus en plus tendue dans les prisons

Si les établissements pénitentiaires de la région n'ont pas connu d'émeutes importantes comme cela a été le cas dans d'autres régions, les tensions se multiplient selon le syndicat UFAP. Les parloirs, les sorties et la quasi totalité des activités ont été suspendues avec le confinement.

Au centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand (Saône-et-Loire), les détenus ont à 2 reprises refusé de réintégrer leurs cellules. La situation s'est produite une fois à Dijon. "Les conditions de détention se sont durcies" reconnaît le parquet de Dijon.


5000 à 6000 libérations anticipées


Mercredi 25 Mars, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a annoncé des mesures pour faciliter les libérations anticipées pour les détenus arrivant en fin de peine. 5 000 à 6 000 d’entre eux pourraient être concernés. Les ordonnances sont parues le lendemain au journal officiel.
   

Les premières sorties dès ce vendredi soir


A Dijon, les 10 premières décisions positives pour des sorties anticipées ont été délivrées ce vendredi 27 mars fait savoir le parquet. La sortie de 5 détenus était prévue dans la soirée. 5 autres doivent avoir lieu ce samedi 28 mars. Il s’agit de détenus qui arrivaient en fin de peine et qui seront assignés à résidence à leur domicile pour les dernières semaines de peine.

A la maison d'arrêt de Dijon, entre 20 et 30 détenus pourraient être libérés dans les prochains jours en vertu de cette disposition. Au total, 6 ordonnances signées par la Garde des Sceaux mercredi permettent de faciliter les procédures relatives aux demandes de libérations anticipées.

"C'est une priorité importante du Ministère de la Justice" affirme Eric Mathais, procureur de la République de Dijon. Les parquets et le juge d'application des peines travaillent depuis la publication des ordonnances à l'examen des demandes de libération anticipées. "Cela doit se faire dans un bon équilibre entre la lutte contre la surpopulation carcérale et le risque de récidive" explique Eric Mathais.

 
A noter que les personnes condamnées pour terrorisme ou violences intrafamiliale ne peuvent pas bénéficier de ces nouvelles ordonnances. Mais des aménagements pour raisons médicales restent possibles. En raison du confinement, les détenus doivent également disposer d'une adresse ou résider une fois libérés.

 


*Le prénom a été changé. 
 
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