Les infectiologues de l'Hôpital Nord-Franche-Comté à Trévenans ont administré le Tocilizumab, un traitement contre la polyarthrite, à des patients atteints de formes graves du Covid-19. Les premiers résultats de leur étude viennent d'être publiés.
C'est un traitement jugé prometteur dans la lutte contre le nouveau Covid par les médecins de l'Hôpital Nord-Franche-Comté à Trévenans : le Tocilizumab, un médicament contre la polyarthrite rhumatoïde. Depuis le 1er avril, les infectiologues l'ont administré à des patients atteints de formes graves du virus et admis en réanimation.
"Après cinq semaines d’utilisation les premiers résultats ont été publiés, annonce l'hôpital dans un communiqué. Il a été démontré que le décès et/ou le passage en réanimation a diminué de façon considérable dans les formes de détresse respiratoire aigüe, passant de 72% avant Tocilizumab à 25% depuis l’usage de ce dernier. Le taux de décès a chuté de 48% à 25% et celui de transfert en réanimation de 44% à 0%. Limiter les entrées en réanimation et diminuer la mortalité dans le Covid-19 est un enjeu de santé publique de portée nationale et internationale" explique le communiqué.
Une deuxième publication sur les critères pour mieux cibler les patients susceptibles de bien répondre au traitement devrait paraître prochainement. Plus de 30 patients ont pour l'instant reçu du Tocilizumab à l'HNFC.
Un traitement au centre d'essais internationaux
Mais même si ces résultats sont encourageants, d'après l'hôpital, "ces données restent à confirmer sur le plan national par la publication de l’essai randomisé contrôlé multicentrique CORIMUNO-TOCI et par des essais internationaux en cours".
Le 27 avril, les hôpitaux de Paris (AP-HP) qui participent au programme de recherches international CORIMUNO avaient eux aussi communiqué pour annoncer que le Tocilizumab avait montré son efficacité chez les patients dans un état grave. Les auteurs de l'étude n'avaient pas montré de chiffres et leurs résultats n'avaient pas encore été publiés dans une revue scientifique.
Une communication trop précoce d'après des experts
Cette communication a entraîné quelques jours plus tard la démission collective du comité de surveillance des essais. Une démission révélée par le Canard enchaîné : "Pour ces experts, non seulement il était trop tôt pour tirer des conclusions et annoncer des résultats positifs, mais la conduite de cette étude est entachée de nombreux dysfonctionnements tels que des changements de critères en cours de route", écrit l'hebdomadaire, en citant un mail adressé le 27 avril par ces experts indépendants au directeur général de l'AP-HP, Martin Hirsch.
L'AP-HP a fait valoir que cette communication précoce avait été décidée "pour des raisons de santé publique", en raison du contexte de crise pandémique.