À la suite de la fermeture brutale du lycée Anne-Marie Javouhey, les parents d'élèves doivent s'organiser pour inscrire leurs enfants dans d'autres établissements du secteur. Un rassemblement a eu lieu ce mardi 11 avril en fin d'après-midi pour que les parents et les élèves expriment leur mécontentement.
Pour les parents d'élèves, c'est aussi un choc, de surcroît avec la difficulté de quitter les zones de ramassage scolaire et de supporter les frais engendrés par une réinscription en cours d'année.
"Personne ne nous répond"
Contactée ce mardi 11 avril, Céline Rozborski est parent d'élève et déléguée de parents, elle nous a fait par du désarroi et de l'abandon dans lesquels se trouvent parents et élèves : "Ce matin j'essayais de joindre la direction, personne ne nous répond, on laisse des messages et on n'a aucune réponse."
Un sentiment d'abandon pour les élèves et les parents, avec pour certaines familles, de réelles difficultés pour maintenir leurs enfants dans la scolarité : "Le grand doute qu'on a, c'est la capacité des lycées qu'on nous propose, vu les filières professionnelles, on n'a pas trop le choix d'aller ailleurs. Déjà on les envoie assez loin, il y a beaucoup d'enfants qui sont déscolarisés parce que les parents n'ont pas les moyens de les emmener en voiture, de repayer des frais de scolarité là-bas."
Depuis vendredi dernier, les parents sont à la manœuvre pour inscrire leurs enfants dans des établissements du secteur, afin d'éviter toute rupture d'enseignement. Une période peu propice, les congés de printemps ne favorisent pas les contacts : "C'est super grave, pendant les vacances, les établissements ferment la deuxième semaine, on a peu de temps pour s'organiser. Il y a quand même trois classes qui passent des examens, on est perdus !"
Parmi les classes terminales, c'est aussi l'appréhension autour du logiciel Parcoursup : "J'ai peur pour l'année prochaine : on ne sait pas si tout va être validé au niveau de Parcoursup, on ne sait pas si la direction a fait son boulot jusqu'au bout !"
Une direction défaillante ?
Céline Rozborski relate les difficultés rencontrées par les parents vis-à-vis de la direction de l'établissement : "La directrice actuelle a été démise de ses fonctions et a été mise en arrêt maladie, c'est ce qu'elle nous a dit par mail. On a tout gardé. Elle nous a prévenus le 24 mars. Son compagnon qui est agent d'entretien a été aussi mis en arrêt maladie. La DREAP (directrice régionale de l'enseignement agricole privé) a repris par intérim la direction du lycée de Chamblanc, elle est basée à Besançon." Cette directrice est rattachée au CNEAP, fédération d’établissements catholiques.
Difficulté supplémentaire, le statut associatif du lycée : "Le lycée est géré par l'Association Anne-Marie Javouhey, c'est très compliqué et c'est pour cela qu'on ne peut taper à aucune porte. Nous, les parents, on a vu changer 5 fois de direction l'année dernière, c'est une catastrophe, on savait que ce n'était pas fiable."
En novembre 2022, les parents d'élèves avaient été avertis de la fermeture de l'établissement à la fin de l'année scolaire, en juin 2023. Une annonce qui laissait le temps aux parents en théorie de s'organiser pour la rentrée 2023, mais les événements ont pris une tournure précipitée dernièrement. Céline Rozborski rappelle que "dans les mails qui nous avaient annoncé la fermeture en juin, c'était bien reconfirmé que ce n'était pas une question de finances, qu'ils avaient les moyens d'aller jusqu'au bout mais que c'était souhaitable que nos enfants aillent ailleurs. Ce sont leurs termes."
"Les problèmes qu'il y a eus, je les ai appris en même temps que les élèves"
Le maire de Chamblanc, Bruno Vandenbroucke, contacté ce mardi 11 avril, a réagi à la fermeture : "Je suis très attristé pour les élèves qui allaient passer le bac. Se voir muter dans un autre lycée en pleine période d'examen, et pour les autres, je me mets à la place des parents, la situation est difficile, compliquée."
Le maire n'était pas au courant des problèmes qui ont mené à la fermeture brutale, il affirme que "les problèmes qu'il y a eus, je les ai appris en même temps que les élèves, et je pense que les professeurs."
Ce que déplore le maire, c'est que cet établissement scolaire, qui n'avait jamais connu de problèmes, a vu ses effectifs baisser au fil des ans : "C'est le seul établissement que nous ayons sur la commune, il s'est créé il y a 80 ans à peu près. On n'a jamais de problèmes, au contraire, la commune vit avec. Les conditions dans lesquelles ça ferme, c'est difficile pour la commune. À ma connaissance, il y a plus de 70 élèves. Effectivement, on a vu le nombre d'élèves fondre d'année en année. Lorsqu'on a appris qu'il y avait un risque de fermeture en fin d'année dernière, nous n'avons pas été vraiment étonnés. Je ne pense pas que c'était une grande surprise en soi cette fermeture."