Alain Suguenot, maire LR de Beaune (Côte-d'Or), a été mis en examen tout comme sa femme et sa fille mercredi 5 décembre 2018. Ils sont soupçonnés de détournements de fonds publics et blanchiment.
Le maire Les Républicains de Beaune, ainsi que sa femme et sa fille, ont été mis en examen mercredi 5 décembre dans le cadre d'une enquête sur des détournements de fonds publics présumés.
Alain Suguenot est mis en examen pour "détournements de fonds publics par dépositaire de l'autorité publique et blanchiment", selon un communiqué du procureur de la République de Dijon Éric Mathais. Sa femme et sa fille le sont pour "recels habituels de détournements de fonds publics et blanchiment".
La justice s'intéresse à la période où Alain Suguenot était député de la cinquième circonscription de Côte-d'Or et où sa femme et sa fille étaient ses attachées parlementaires.
"À ce stade de l'information [judiciaire], le magistrat instructeur a considéré qu'il existait des indices graves ou concordants à l'encontre de Monsieur Alain Suguenot d'avoir perçu des indemnités de représentation et des indemnités destinées à rémunérer des attachés parlementaires et de les avoir détourné et utilisé à des fins personnelles, notamment en en faisant profiter son entourage familial, et d'avoir, par des montages financiers complexes, cherché à dissimuler l'origine des fonds détournés", précise le communiqué du parquet.
Communiqués de presse de @ProcureurDijon instruction judiciaire concernant le maire de Beaune. pic.twitter.com/v3ldS8iJQF
— Eric MATHAIS procureur de Dijon (@ProcureurDijon) 5 décembre 2018
Quatre personnes, dont Alain Suguenot, avaient été placées en garde à vue mardi et une cinquième mercredi par la section économique et financière de la police judiciaire de Dijon. Les deux autres gardes à vue "ont été levées sans mise en examen", selon le parquet.
Les investigations, menées dans le cadre d'une information judiciaire ouverte contre X depuis le 24 octobre 2017, se poursuivent et devront "déterminer si ces infractions peuvent effectivement être reprochées aux mis en cause".
"Une machination"
Alain Suguenot a réagi à sa mise en examen dans un communiqué transmis à France 3 Bourgogne. Il nie les faits et évoque une machination. "Je veux défendre mon honneur et celui de ma famille", indique-t-il. Il veut faire appel de sa mise en examen.Le procureur de la République de Dijon précise qu'"une mesure de contrôle judiciaire a été décidée à l'encontre des mis en examen, par le juge d'instruction, comportant les obligations suivantes :
- pour Monsieur Suguenot : interdiction d'entrer en contact avec ses anciens attachés parlementaires, interdiction de se rendre à l'Assemblée nationale et versement d'un cautionnement de 250 000 € dans un délai de 2 mois.
- pour son épouse et leur fille : interdiction d'entrer en contact avec les anciens attachés parlementaires d'Alain Suguenot et interdiction de se rendre à l'Assemblée nationale"
Une nouvelle affaire Fillon ?
Les enquêteurs tentent de faire la lumière sur le patrimoine du couple qui possède plusieurs châteaux en France. Lors de leur garde à vue, l’interrogatoire a porté notamment sur la provenance des fonds.On parle déjà d’une nouvelle affaire Fillon. L'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy a été mis en examen le 14 mars 2017, notamment pour "détournement de fonds publics" et "complicité et recel d'abus de bien sociaux". Au cœur du dossier, les soupçons d'emplois fictifs de son épouse Penelope et de ses enfants quand ils étaient ses assistants parlementaires.
Alain Suguenot a fait quatre mandats de député : de 1993 à 1997 puis de 2002 à 2017 au sein du groupe RPR, puis UMP, puis LR. En février 2017, Alain Suguenot employait trois attachés parlementaires, dont sa fille Marion et sa femme Isabelle, comme l'indiquent des documents rendus publics par l'Assemblée nationale suite à l'affaire Fillon et maintenus en ligne par l'association Regards Citoyens.
Depuis septembre 2017, l'emploi par un parlementaire d'un membre de sa famille est interdit par la loi.