C'était une soirée historique pour le festival international d'opéra baroque et lyrique de Beaune qui a fêté ses 35 ans samedi 15 juillet 2017. Au programme, un concert exceptionnel de William Christie, suivi d'un buffet baroque confectionné à partir de recettes de cuisine des 17e et 18e siècles.
"Émouvant", "exceptionnel", "historique"... Le festival international d'opéra baroque et romantique de Beaune a fêté dignement, et surtout sans fausse note, son 35e anniversaire samedi 15 juillet 2017.
Bon anniversaire et joyeuses Pâques
Les festivités ont commencé à 21h avec un concert exceptionnel de William Christie accompagné par les musiciens et chanteurs des Arts Florissants. Leur interprétation des "Chants joyeux de Pâques" de Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) a émerveillé les quelque 600 personnes entassées dans la basilique Notre-Dame de Beaune.
L'édifice, un mélange d'architecture romane et gothique, reprenait vie sous de magnifiques projections lumineuses. Tantôt illuminée brique par brique, tantôt ornée d'oiseaux colorés, puis envahie de dragons cracheurs de feu, la basilique elle même semblait célébrer ce jour de fête.
"35 ans... quelle émotion!, Je n'ai pas l'impression qu'autant de temps a passé, c'est toujours une grande aventure", s'émeut Marie-Thérèse Garcin, bénévole au festival depuis sa création en 1982.
Au plus proche de l'Histoire
William Christie, chef d'orchestre historique, vient au festival depuis 1985. Autant dire qu'il a assisté à ses premiers pas... Il n'est donc pas étonnant qu'Anne Blanchard, directrice artistique du festival, ait décidé de célébrer cet anniversaire à ses côtés.
Sans compter que William Christie, aujourd'hui reconnu dans le monde entier, a toujours mis un point d'honneur à interpréter ses opéras au plus proche des originaux, quitte à dénicher ou reproduire à l'identique les instruments musicaux de l'époque baroque.
"C'était un opéra profond, une musique envoûtante tellement elle était chantée avec délicatesse et ferveur", décrit une spectatrice.
Reportage dimanche 17 juillet avec : Alessandro Tampieri, violon solo de l'orchestre Accademia Bizentina
Dimanche 16 juillet, récital d'Andréas Scholl, l'un des contre-ténors les plus appréciés actuellement... Il interprétait des airs de Purcell, Vivaldi, Haendel, à la Basilique Notre-Dame.
Dîner à la table du roi Soleil
Après le concert de William Christie et des Arts Florissants, nous avions rendez-vous dans les jardins des Hospices de Beaune, décorés pour l'occasion en Versailles miniature, pour nous attabler et festoyer à la mode du 17e siècle.
A l'origine de ce buffet, Anne Blanchard, directrice artistique et créatrice du festival d'opéra baroque de Beaune : "c'est ma passion d'historienne qui m'a donné envie de me lancer là-dedans, explique-t-elle, c'est un plaisir de fourrer mon nez dans des traités de cuisine historiques et de travailler avec tous ces gens passionnés dont la plupart sont bénévoles."
Un moyen aussi de pousser l'immersion dans l'époque baroque à son apogée. 140 personnes étaient présentes, des invités mais aussi des spectateurs au concert ayant payé un surplus de 90 euros.
Onze plats confectionnés à partir des recettes tirées des principaux traités de cuisine parus en France aux 17e et 18e siècles, tous plus étonnants pour les papilles les uns que les autres, le tout accompagné des plus grands vins de Bourgogne.
"A la lecture des différentes recettes, on a du mal aujourd'hui à imaginer les associations de goût de l'époque mais lorsqu'on les réalise ça marche, c'est juste différent des idées qu'on a de la cuisine de nos jours, explique Didier Denis, chef du restaurant de l'Hostellerie bourguignonne à Verdun-sur-le-Doubs, cuisinier du buffet baroque. L'intérêt pour nous c'est de ne pas se fixer de barrière et c'est un grand bonheur de voir le sourire que l'on donne aux gens."
La France ouvre au milieu du 17e siècle une nouvelle ère particulièrement faste pour l’histoire de la gastronomie.
En un siècle vont naître les premières manifestations de la grande cuisine moderne qui s'épanouit dans le contexte extrêmement favorable de la cour de Louis XIV à Versailles.
"C'est très particulier!, s'exclame en riant Edith Caillaird, habituée du festival depuis une dizaine d'années. La façon de manger des gentilshommes du 17e siècle était très gôuteuse, beaucoup de saveurs, des mélanges un peu curieux, on a vécu un peu dangereusement à cette table ce soir ! C'était une soirée merveilleuse dont je garderai un excellent souvenir."