Le grand réalisateur est venu à Beaune aux côtés de Philippe Azoulay, pour l'avant-première de "Tourner pour vivre". Le documentaire suit Claude Lelouch pendant sept ans, dans la vie comme dans les tournages.
"C’est un fou !" Voilà ce que Claude Lelouch s’est dit en se voyant sur le grand écran. À 84 ans, le réalisateur d’" Un homme et une femme" n’avait pas l’habitude d’être le sujet de toutes les caméras . Ou plutôt de la caméra de Philippe Azoulay, réalisateur et ami du grand cinéaste. Les deux hommes sont venus à Beaune ce mardi 3 mai, aux Ateliers du cinéma construits par Lelouch lui-même, pour l’avant-première du documentaire Tourner pour vivre.
- Reportage de Sophie Hienard et Bamba Gueye. Montage d'Aurélie Chatelin.
"Une histoire épique"
"Je voulais faire un documentaire qui explique la folie qu’il faut pour faire un film, les processus créatifs, mais aussi un film qui embarque les gens dans la tête d’un réalisateur", lance le documentariste. Celui qui s’était embarqué dans une aventure de trois ans, se retrouve à suivre Claude Lelouch pendant sept ans. " Et même neuf", reprend-t-il, " mais les deux dernières étaient filmées de façon moins intenses."
Dans le documentaire, le motif du temps sert ainsi de fil narratif : plus le nombre de jours se réduit, plus le film gagne en puissance. " Il y a tous les ingrédients narratifs pour une histoire épique", justifie Philippe Azoulay. "Il y a la contrainte de temps et la notion d’urgence, et ce désir, ce rêve fou d’aller plus vite."
"Voir la ligne d’arrivée"
Au début de l'histoire, Claude Lelouch s’était embarqué dans une course contre la montre : réaliser trois longs-métrages en trois ans. Une volonté qui peut dénoter quand on a tout réussi, tout prouvé – deux Oscar et une Palme d’Or, tout de même. Puis les projets se sont enchaînés, trois puis quatre puis six films et autant d’idées de scénario qu’il a lui-même rejetées ou reportées… Le grand cinéaste bouillonne. "O n est des sportifs", commence Claude Lelouch . "Un sportif veut toujours aller un peu plus loin, sauter un peu plus haut. On est là pour battre nos propres records. A l’âge que j’ai, je commence à voir la ligne d’arrivée."
Il faut une vie pour comprendre la vie.
Claude Lelouch, réalisateur
L’idée de la fin, du temps qui file à une allure folle, revient à plusieurs reprises dans le documentaire. Et c’est aussi une pensée qui se précise de plus en plus dans la tête de Claude Lelouch. "J’ai fait 50 films, et je suis retourné 50 fois à l’école. Et à chaque fois, j’ai appris", reconnaît le réalisateur. "Il faut une vie pour comprendre la vie. Et le jour où l’on est sur le point de découvrir le grand secret de la vie, alors on vous sort de la partie !" Claude Lelouch sourit, puis regarde l'heure, s'en va avec Philippe Azoulay. Histoire de ne pas être en retard à l'avant-première. Une centaine de minutes d'entretien, mais l'impression qu'il s'agissait de secondes. Le temps passe si vite aux côtés des cinéastes.