Il y a un an, Voies navigables de France annonçait son intention de fermer un tronçon du canal de Bourgogne, entre Pouilly-en-Auxois et Venarey-les-Laumes, faute de trafic. Aujourd'hui, les touristes fréquentent bien cet axe, mais les commerçants ont toujours peur de voir cette portion disparaitre.
L'air est frais, le soleil est au rendez-vous et la vue est splendide. Jean-Luc Touzard est en vacances, et il a choisi la Bourgogne pour se ressourcer. Au programme cette après-midi, balade en bateau sur le canal de Bourgogne. "En passant à l'office, on a vu des balades organisées sur le canal. Je trouve ça super, le pilote est très féru de l'histoire du canal, et c’est vraiment très intéressant."
Des moments paisibles qui pourraient bientôt disparaître, car le tronçon entre Pouilly-en-Auxois et Venarey-les-Laumes pourrait être coupé dans les prochaines années. Il y a un an, Voies navigables de France (VNF) annonçait son intention de fermer plusieurs portions de canaux dans le pays "dans une logique d’exercice budgétaire et de dépense d’argent publique."
"Sans bateaux, pas de touristes"
Roger Collins vogue sur le canal de Bourgogne depuis bientôt 50 ans. Depuis le début de la saison, 500 passagers ont embarqué sur son bateau. Il craint une fermeture de cette partie du canal. "C’est le premier sur lequel j’ai navigué. C'est un monument historique. Ça fait 200 ans qu’on peut le naviguer. Couper le canal en deux ça n’a pas de sens, même s'il n'y a pas de passage intense sur le canal, on en a besoin. C’est le seul itinéraire fluvial entre le bassin de la Seine et celui du Rhône qui est vraiment fiable."
Même son de cloche du côté de Dominique Bizot, qui tient un restaurant le long du Canal avec son associée. En moyenne, leur établissement fait 50 couverts par jour, et la grande partie provient des plaisanciers et des vacanciers. "On a entendu que ça pouvait fermer oui. Si on ferme une portion, c'est comme une chaîne où on enlève un maillon, s'il n'y a plus de bateaux, il n'y aura plus de touristes. J’espère que ça n'arrivera jamais."
VNF ne peut plus payer seul l'exploitation du canal
Lorsque VNF a annoncé vouloir réduire le niveau de service, voire couper la navigation de plusieurs portions de canaux, les usagers et acteurs autour du tronçon entre Pouilly-en-Auxois et Venarey-les-Laumes se sont immédiatement manifestés. "Nous avons proposé de travailler en commun et définir un ou plusieurs scénarios qui pourraient satisfaire tout le monde. C’est une démarche encore en cours", annonce Antoine Chardonnal, responsable du pôle développement VNF dans la direction territoriale Centre Bourgogne.
Car aujourd'hui, le statu quo n'est pas envisageable, les frais engagés étant trop importants pour VNF. "L'exploitation d’un canal, ce sont des coûts d’investissement, que ce soit l’entretien, pour la moderniser, avec du personnel pour la faire fonctionner. Et VNF n’a plus les moyens d’entretenir et permettre le fonctionnement au même niveau de service qu’actuellement. Si on a un scénario coconstruit et partagé, on peut arriver à avoir un projet qui peut satisfaire tout le monde."