Gaëlle Friscourt est installée à Mirebeau-sur-Bèze en Côte-d'Or. Surcharge de travail, déplacements nombreux... Son quotidien n'attire pas forcément les jeunes médecins. Les 1er et 2 décembre, les généralistes libéraux seront en grève pour réclamer plus de temps, de moyens et une revalorisation du tarif de la consultation.
Gaëlle Friscourt est installée à Mirebeau-sur-Bèze, commune de 2000 habitants en Côte-d'Or. Et 4 médecins, qui ne sont pas en charge uniquement des habitants de la commune, mais aussi d'une bonne partie des patients du secteur.
Visites, tâches administratives, consultations...
La journée commence par des visites à domicile pour le Dr Gaëlle Friscourt, jusqu'à 10 h, puis retour à son cabinet médical. La médecin en profite, une fois au cabinet, pour gérer les dossiers plus administratifs : "dans les temps morts, on fait de l'administratif, on récupère les prises de sang le soir, on rappelle éventuellement les patients et on termine en général tard."
Le docteur Gaëlle Friscourt effectue 2 à 3 visites à domicile quotidiennes. Des visites qui prennent du temps, l'équivalent de 3 consultations en cabinet, un choix délibéré qu'elle a fait en s'installant en zone rurale : "La patientèle n'est pas forcément la même à la campagne qu'en ville, on perd effectivement un peu l'apport humain des personnes rurales, des patients qui nous remercient en nous donnant des légumes du jardin, des œufs, des choses comme ça... C'est des choses qu'on voit moins en ville."
Beaucoup de patients à soigner
Gaëlle Friscourt, lorsqu'elle est de retour au cabinet, enchaîne les consultations et les appels téléphoniques. Elle intègre actuellement dans sa patientèle 1500 noms, et cela ne cesse d'augmenter.
Les raisons de ces sollicitations toujours plus croissantes s'expliquent par le manque de médecins sur le secteur. Entre les départs en retraite non remplacés et le manque de motivation des jeunes, s'installer en campagne pour des jeunes médecins est un choix qui n'attire plus : "Les étudiants en médecine, au moment du choix de spécialité, la médecine générale n'est plus attractive comme elle l'a été auparavant. Ils vont majoritairement se tourner vers d'autres spécialités."
Il arrive fréquemment à Gaëlle Friscourt de rester entre midi et deux au cabinet médical, pour rattraper le temps pris sur des visites ou des consultations qui ont pris plus de temps : "c'est une fois sur deux, un jour sur deux. On est obligés de rattraper un peu l'administratif, ou passer deux trois coups de téléphone, ou alors on a fini tard une visite, on n'a pas le temps de rentrer chez soi."
Une grève, pour attirer l'attention
Le cas du Docteur Friscourt n'est pas isolé, beaucoup d'autres médecins dénoncent cette surcharge de travail, et le mouvement social prévu les 1er et 2 décembre, est un bon moyen pour se faire entendre de la population, du gouvernement, pour aussi proposer des solutions et attirer les jeunes.
Son regard sur les doléances des étudiants en médecine voulant se tourner vers la médecine générale est le suivant : "Il faut à la fois qu'ils puissent gagner autant que si vous avez autre spécialité, qu'ils aient une reconnaissance, et qu'ils aient vraiment un cadre de vie avec un confort d'exercice qui soit important."
Prendre les devants et rendre la profession attractive
Pour le Dr Friscourt, le confort professionnel, c’est le point-clé. Il faut proposer des structures "attractives", sans attendre que la situation ne devienne critique.
Avec son confrère, elle a donc monté un projet de maison de santé à Mirebeau-sur-Bèze : une grande maison médicale de 1500 mètres carrés avec 6 bureaux, pour accueillir des médecins et des professions para-médicales (comme par exemple des infirmières). Il y aura également une salle de réunion et un logement pour un interne.
La solution de la maison médicale, c'est, pour les médecins, de ne plus se retrouver isolés en campagne, selon Gaëlle Friscourt : "On comprend bien, quand on a fait un stage dans un cabinet où il y a déjà plusieurs médecins, où ça se passe bien, on peut être attiré pour s'installer après. Les jeunes, ils ne veulent plus travailler dans leur coin, tout seuls, être isolés. Pour travailler à la campagne, il faut être dans un cabinet de groupe, avec la possibilité de se remplacer de temps en temps quand on prend des vacances, aussi, de pouvoir se partager les samedi matin, pouvoir, si un jour on veut finir plus tôt, qu'on soit certain que nos patients, les urgences, ce soit géré par les autres."
Créer un pôle de professionnels dans un même lieu, cela peut aussi permettre d’embaucher du personnel pour l’accueil, ou pour les tâches administratives. Cela permet ainsi de dégager du temps au médecin pour faire de la médecine !