Il y a 150 ans, la troisième bataille de Dijon se déroulait au nord-ouest de la ville. Les Prussiens arrivaient par les routes de Troyes, de Paris (le long de la vallée de l'Ouche), et de Langres. Retour sur les combats, des 21, 22 et 23 janvier 1871.
L'avenue du drapeau, la rue du 23 Janvier, le clos de Pouilly... perpétuent, entre autres endroits, le souvenir de la troisième bataille de Dijon.
Une bataille qui a duré trois jours pendant lesquels de rudes combats ont eu lieu à Plombières, Daix, Hauteville, Talant, Messigny-les-Ventoux, Fontaine-les-Dijon, puis plus près de Dijon, au château de Pouilly, et à l'usine Bargy (qui n'existe plus aujourd'hui mais dont on peut situer l'emplacement entre la rue de la Charmette et l'avenue de Langres).
Etat des lieux avant la bataille
Dijon a été occupée par les Prussiens pendant près de deux mois, du 31 octobre au 27 décembre 1870. Le 30 décembre, les troupes françaises du général Cremer entrent dans la ville et la quittent le 4 janvier 1871 pour flanquer l'Armée de l'est du général Bourbaki.
Le 7 janvier, Garibaldi arrive à Dijon, pour défendre la ville. Il dispose d'environ 20 000 hommes de l'Armée des Vosges. Une armée constituée de francs tireurs et de volontaires étrangers. S'y ajoutent 20 000 mobilisés, sous les ordres du général Pélissier.
De leur côté, les Prussiens, au nord de la Côte-d'Or, progressent vers l'est pour attaquer les troupes de Bourbaki. Mais ils se méfient de la présence de Garibaldi. Avec 40 000 hommes à Dijon, il pourrait entraver leur plan s'il décidait de se porter à l'aide de Bourbaki. Afin de l'en empêcher, les Prussiens dirigent quatre de leurs régiments en direction de Dijon.
Trois jours de combats aux portes de Dijon
Le 21 Janvier les Prussiens arrivent près de Dijon. Les premiers combats ont lieu à Prenois, Val-Suzon, Plombières, Messigny-les-Vantoux. Puis à Daix, à Hauteville-lès-Dijon où le général Bossak-Hauké (commandant la 1ère brigade de l'armée des Vosges) est tué. Aujourd'hui, on peut voir près du fort d'Hauteville, un monument à sa mémoire.
Les combats se poursuivent le 22 janvier à Talant (où ils sont particulièrement meurtriers) et à Fontaine-les-Dijon. On se bat aussi sur le plateau de Daix.
Le 23 janvier, les Prussiens lancent une violente attaque du côté du Château de Pouilly. Les Garibaldiens ripostent. Ils prennent position dans un bâtiment, l'usine Bargy, situé le long de la route de Langres. Ils attendent et ouvrent le feu à l'approche des Prussiens. C'est un régiment poméranien. On tire à bout portant dans les deux camps. C'est un massacre.
Lorsque la fusillade cesse, les derniers combattants poméraniens s'enfuient. Un franc tireur d'origine savoyarde, Vincent Curtat s'empare du drapeau abandonné sur place: celui du 61e régiment Poméranien. C'est une des rares victoires de l'année 1871.
L'armistice est signée le 26 janvier, mais elle exclue les départements du Doubs, du Jura, et de la Côte-d'Or.
Dijon sera à nouveau occupée par les Prussiens du 1er février au 28 octobre 1871.
Résumé : C. Jouret - A. Cappra - N. Tupinier - R. Nectoux - E. Picaut
Intervenants : Patrick Serre, historien amateur spécialiste de la guerre de 1870-1871 / Pierre-Jean Wallon : Association des Ami.e.s du Château de Pouilly
Quelques lieux de mémoire
L'avenue du Drapeau perpétue le souvenir de la prise du drapeau du 61e régiment poméranien. Une stèle, que l'on peut voir à l'entrée du parc du Clos de Pouilly, rappelle le déroulement des faits et rend hommage à Garibaldi, et aux combattants de l'Armée des Vosges.
D'autres monuments auxquels on ne prête aujourd'hui plus beaucoup d'attention, existent dans et autour de Dijon.
Rue de la Charmette, face à l'église Saint Jean de Bosco, un monument a été édifié pour le souvenir des soldats prussiens tués ici.
A Fontaine-les-Dijon, près de l'église Saint-Bernard, un monument inauguré en 1876, rend hommage aux soldats morts pour la défense du pays au cours de ces 3 jours de combats.
A Messigny-les-Vantoux, à côté de l'église, la statue d'un soldat de 1870 rappelle le sacrifice de ses frères d'armes.
A Dijon, pendant longtemps une statue de Garibaldi a existé rue Jean-Jacques Rousseau. Elle a disparu, fondue en 1942, remplacée depuis par un buste, fixé en hauteur, sur la place qui porte son nom.