80 ans de la Libération de Dijon : l'histoire de "l'État Libre de la rue Berbisey", une ville dans la ville fondée sous l'occupation

Dans le cadre des célébrations du 80e anniversaire de la Libération de Dijon, la rue Berbisey sera le théâtre d'une série d’animations musicales ce mercredi 11 septembre. À l’origine des festivités, une association d'habitants souhaite raviver le statut de "commune libre" du quartier. Un concept avant tout symbolique, né durant l'occupation.

C'est un État dans l'État. Une ville dans la ville, avec sa propre mairie. De nombreux Dijonnais connaissent la rue Berbisey, mais pas forcément son histoire. Au sud de la Cité des ducs, dans le centre historique, la Commune Libre Berbisey jouit d'une réputation à part, héritée de l'occupation. 

"Sans craindre ici le loup, l'agneau se désaltère"

En 1940 en effet, des habitants montent un réseau de résistance rue Berbisey. Les riverains viennent en aide aux veuves de soldats morts au combat, en leur fournissant logement et alimentation. Résistants, blessés de guerre et personnes âgées y trouvent du soutien. Une association est créée au café de l'Univers, avec pour devise : "Sans craindre ici le loup, l’agneau se désaltère".

 

Ce document de 1947 instaure les statuts initiaux de la Nouvelle Commune Libre : "L'ancien Etat Libre de la rue Berbisey fondé pendant l'occupation et dont les membres ne voulaient pas obéir aux ordres de Vichy et devaient venir en aide à la Résistance a pris le nom de Commune Libre de la rue Berbisey à la Libération de Dijon, et a oranisé aussitôt des fêtes de bienfaisance au profit des victimes de la guerre et des blessés", peut-on lire.

La Commune Libre est officiellement crée le 1er mars 1947. Son siège social est implanté au 47, café de l'Univers. Aujourd'hui, le patron du bar a vendu, mais l'Univers est toujours ouvert, et fait partie des plus vieux troquets de Dijon.

Le document original précise les règles d'administration de la Commune Libre, qui élit son propre maire ! "Un conseil municipal élit le Maire et les deux adjoints, le secrétaire général et le percepteur qui est chargé des finances. La police est assurée par le garde champêtre."

L'esprit de solidarité comme valeur cardinale

80 ans après sa création, les membres de la Nouvelle Commune Libre de Berbisey se donnent pour mission de faire preuve de solidarité au quotidien. "Personne ne craint l’autre. On vit ensemble et dans la mixité. Différentes catégories sociales cohabitent mais on forme un tout", explique Stéphane Chevalier, président.

Ce conseiller municipal et employé d'une entreprise de logistique a repris les rênes de l'association au printemps 2024. Il s'est entouré d'une équipe de 25 bénévoles actifs, résidants dans les environs. Avec pour objectif de raviver une mentalité qui s'est effacée au fil des années.

Très souvent on se croise, on se salue, on partage notre rue mais on ne vit pas ensemble. L'idée de la Commune Libre, c'est de se rencontrer entre habitants et d'avoir la volonté d'aider son prochain.

Stéphane Chevalier

président de la Nouvelle Commune Libre Berbisey

Un statut surtout symbolique

La structure revendique-t-elle une forme d'indépendance par rapport à la municipalité ? Pas vraiment. À en croire son président, il s'agit surtout d'un statut symbolique : "On ne fait pas le travail de la mairie. On ne prélève pas d'impôt, on ne gère pas de service public, on n’administre pas non plus les commerces. Nous n'avons pas vocation à se situer en marge de la société".

Après un tournoi de pétanque organisé le 14 juillet dernier au square des Apothicaires, l'association prépare un évènement encore plus ambitieux : cinq heures d'animations musicales variées sont programmées ce mercredi 11 septembre, à partir de 18 heures. Accordéon, danses folkloriques, jazz, fanfare... Des styles variés vont se succéder toute la soirée dans une ambiance festive et populaire : "cette diversité musicale est à l'image du quartier, on invite tout le monde à venir d'où qu'il vienne", s'enthousiasme Stéphane Chevalier.

Parmi les projets de la Nouvelle Commune Libre : l'organisation d'un concours de cartes cet hiver, puis au printemps, la création d'un marché aux fleurs. Rien n'est encore arrêté mais la fête des voisins sera très certainement une occasion supplémentaire de dynamiser le quartier. 

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