Alain Cocq s'entretiendra par téléphone cet après-midi avec des conseillers de l'Élysée. Il demande à “mourir dans la dignité”, en s'administrant un sédatif.
Il l'a décidé, tout s'arrêtera le 4 septembre. Soit Alain Cocq met fin à ses jours en s'administrant un sédatif, soit il arrête de s'hydrater et de s'alimenter. Après avoir interpellé Emmanuel Macron dans une lettre où Alain Cocq demandait à "mourir dans la dignité", le Dijonnais a rendez-vous cet après-midi avec des conseillers de l'Élysée.
"Je prendrai le sédatif moi-même"
Ce mardi 25 août, il s’entretiendra en téléconférence avec Anne-Marie Armenteras (conseillère en charge des solidarités et de la santé) et le Professeur Vincent Morel, en charge du plan national Développement des soins palliatifs et accompagnement de fin de vie entre 2015 et 2018.Alain Cocq demande à ce que le gouvernement autorise un médecin, “à titre compassionnel”, à lui prescrire une dose de barbituriques, un sédatif, sous forme de comprimé à avaler ou liquide à diluer dans un verre d’eau.
Avec ces barbituriques, le coeur d’Alain Cocq s’arrêterait en quelques minutes. “Je le prendrai moi-même. J’ai encore cette capacité et je ne veux pas que ça repose sur quelqu’un d’autre” précise le Dijonnais. “Je ne veux pas imposer à une infirmière de poser la poche de perfusion et qu’elle endosse cette responsabilité.”
Alain Cocq a choisi la date du vendredi 4 septembre. “Si j’ai l’autorisation du gouvernement, un officier de police et un médecin seront à mes côtés quand je prendrai les barbituriques.” Le premier pour vérifier qu’Alain Cocq n’est pas contraint. Le deuxième constatera le décès.
Mais si le gouvernement refuse, alors Alain Cocq arrêtera de s’hydrater, de s’alimenter et de se soigner ce 4 septembre. “Je garderai seulement la morphine et je partirai petit à petit.”
Une mort retransmise en direct sur Facebook
Dès le 4 septembre, Alain Cocq sera en live sur sa page Facebook, sans interruption. “Le son sera coupé mais la lumière toujours allumée”. Une décision surprenante mais le Dijonnais souhaite que “les gens se rendent compte de ce que c’est que la fin de vie, peu importe la façon dont je partirai.”Ce combat contre “l’hypocrisie de la loi Léonetti” a valu à Alain Cocq le soutien de nombreux internautes mais aussi un coup de téléphone de François Lambert, neveu de Vincent Lambert. L'infirmier, devenu tétraplégique est décédé en juillet 2019, après avoir passé dix ans dans un état végétatif. “C’est important pour moi d’avoir le soutien de François” confie Alain Cocq.
Le Dijonnais défend “le droit de mourir sciemment. Quand on plonge les gens dans une sédation profonde, on voit quand même le corps réagir. C’est une forme de souffrance malgré ce qu'ils disent.”
Un vide juridique autour de la fin de vie ?
Alain Cocq est représenté par Sophie Medjeberg, docteure en droit social et droit humanitaire et vice-présidente de l’association Handi mais pas que. Pour elle, “la loi Léonetti est l’inverse de ce que veut dire partir dans la dignité. Le corps médical décide pour vous alors que la Constitution française dit qu’on ne peut pas forcer quelqu’un à se soigner.” Elle sera présente mardi aux côtés de monsieur Cocq. “Je ne comprends pas ce vide juridique autour de la fin de vie. Ca dérange les institutions de voir les gens mourir d’un coup… mais pas petit à petit.”Elle espère qu’Alain Cocq sera entendu mais doute encore que le gouvernement accède à sa demande. “Le suicide assisté est interdit. Sauf que sans cette dose [de sédatif], Alain ne partira pas dans la dignité.”