Pour manifester leur envie de reprendre leur activité, des commerçants font le buzz à Dijon. Des restaurateurs installent des « dijon’ours », consommateurs virtuels, dans leurs vitrines. Un gérante d’onglerie suggère de distribuer du papier toilette pour devenir essentielle.
Les « dijon’ours » passent à table
L’initiative a été lancée par un libraire parisien du quartier des Gobelins fin 2018. Des ours en peluche géants ont été installés aux terrasses, ou sur les balcons, pour faire sourire les passants. Ils ont fait leur retour pendant le premier confinement, présents aux fenêtres lors des applaudissements d’encouragements aux personnels soignants.
Désormais, ils sont utilisés comme clients virtuels. « Ils montrent que les restaurants sont toujours là, qu’ils attendent » explique Catherine Bouillé, de la maison hôtelière à Dijon, qui a lancé l’opération « dijon’ours ». Son magasin de vente de matériel de cuisine aux professionnels et particuliers situé rue de Cracovie est une victime collatérale de la crise sanitaire. « Nous pouvons ouvrir, en tant que commerces de gros, mais nous n’avons que les chefs de restaurants de collectivité comme clients, en plus en ce moment les cantines des écoles sont fermées ».
Les ours Emma et William prennent un café !
Au caffè Gufo, rue de la Chouette, l’un des premiers établissements à avoir joué le jeu, les ours Emma et William sont seuls à table ! L’idée est qu’ils restent présents à la réouverture, aux places qui devront rester libres pour respecter les gestes barrière.
Pour Jean-Baptiste Le Gouge, gérant de ce « salon de café » ouvert en février 2020, la situation reste compliquée, malgré les aides. Les jours de fermeture, il se rend à Paris pour torréfier et choisir de nouveaux fournisseurs. En fin de semaine, jeudi, vendredi, samedi, il propose de la vente à emporter. En ce moment, des produits en provenance du Kenya ou du Pérou, mais il change tous les mois. « Les clients ne viennent pas que pour prendre un café à boire tout de suite. Ils achètent des paquets pour chez eux. Confinés, en télétravail, ils en consomment davantage et veulent du bon. Certains n’utilisent plus leurs machines à dosettes, car ils ne savent pas ce qu’il y a dedans ». En projet, l’achat d’un torréfacteur, si le financement est accepté.
D’autres établissements commencent à accueillir des ours en peluche : la Maison des Cariatides, le Café Gourmand, le Central, la Menuiserie...
Avant d’être « au bout du rouleau »
La gérante de l’onglerie « Coffee Nails » a choisi de remplir sa vitrine de papier toilette au lendemain de la dernière allocution d’Emmanuel Macron, avec cette interrogation : serions-nous essentielles si nous offrions un de ces rouleaux à chaque cliente ? « Je reçois de nombreux soutiens de mes clientes qui apprécient cet humour en ces moments difficiles» confie Laure Rougeux. Sa boutique, où elle vend aussi des accessoires et des vêtements, attire l’œil des curieux, dans la rue Jean-Jacques Rousseau, qui compte beaucoup de commerces fermés.
Des messages en vitrine
Sur la façade du bar « le Mably » fleurissent des messages de soutien. On peut y lire « vous nous manquez », « ces demi-mesures ne servent à rien, on ouvre tout, ou on ferme tout », ou encore « encadrés dans les bars et restaurants, en plein air en terrasse, ou entassés dans les appartements, bienvenue en absurdie »
Rares magasins ouverts
Illustration de cette « absurdie » ou en tout cas de la difficulté à s’y retrouver, la situation de ce magasin de vêtements pour enfants, rue du Bourg, qui annonce être ouvert « uniquement pour les bébés de 0 à 24 mois ». Dans ce cas vous pouvez sonner pour entrer. Pour les articles destinés aux 2-11 ans, il faut réserver sur internet en formule « click and collect ».
A l’inverse, cette gérante de la boutique de linge de maison « Carré Blanc » place Grangier attend les rares clients. « Notre classement en magasin spécialisé nous permet d’ouvrir » explique Christel Darbot. « En novembre, nous avons bien travaillé avant les fêtes, mais là les gens n’ont pas le moral ». Autre difficulté, il y a peu de stock, la fabrication des produits de sa marque tourne au ralenti, faute d’approvisionnement en matière première dans les usines.