Cinq chercheurs de l'Inra Dijon viennent de publier un atlas des bactéries du sol. C'est une première dans le monde ! Aucun autre pays n'a ainsi cartographié à l'échelle de tout son territoire la présence ces organismes microscopiques et foisonnants.
Elles sont des milliards à vivre sous nos pieds et sont indispensables à la vie. Une équipe de scientifiques dijonnais a publié un "atlas français des bactéries du sol", une première mondiale à l'échelle d'un pays, selon ses auteurs.
"Il y a un milliard de bactéries dans un gramme de sol et un million d'espèces différentes", précise Lionel Ranjard, directeur de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Dijon et coordinateur des travaux de l'équipe de cinq spécialistes de l'écologie microbienne, auteurs de l'ouvrage.
Publié en décembre par les éditions Biotope et les Publications scientifiques du Muséum national d'histoire naturelle, cet atlas est un inventaire des communautés bactériennes des sols du pays. "Ce n'est pas uniquement un atlas, on décrit le rôle de ces bactéries", détaille Lionel Ranjard. "Ce sont les seuls organismes, avec les champignons, à transformer la matière organique en matière minérale : c'est de la fertilité naturelle."
Ces micro-organismes sont aussi fondamentaux pour la dépollution, la régulation des pathogènes ou encore facilitent le cycle de l'eau. "Si l'on enlève les bactéries de la planète, toute vie disparaît", résume-t-il.
Séquençage ADN
Cette équipe de chercheurs s'est appuyée sur le réseau d'observation des sols. Chaque département a fourni des échantillons, 2 200 en tout. Ils ont été analysés par les techniques les plus avancées de séquençage de l'ADN.Le travail de ces chercheurs, initié il y a 15 ans, dément l'hypothèse selon laquelle les sols sont morts en France. Mais un tiers d'entre eux sont fragilisés ou dégradés. Cet ouvrage a donc été pensé pour partager cette connaissance scientifique avec les agriculteurs, les aménageurs urbains et tous les décideurs.
Cet atlas se destine aussi à tous les utilisateurs des sols, aux chercheurs, aux étudiants, voire même aux lycéens ou au grand public. Aujourd'hui centré sur la France métropolitaine, il pourrait intégrer prochainement les sols ultramarins.
De nouveaux prélèvements, actuellement en cours, permettront dans quelques années de voir l'évolution des populations de bactéries dans les sols français.