Le tribunal judiciaire de Dijon vient de rendre son jugement ce vendredi 19 mars 2021 concernant la maison squattée sur le terrain de l'Engrenage, avenue de Langres, à Dijon. Le juge prononce une ordonnance d’expulsion mais accorde aux occupants un délai de 6 mois pour quitter les lieux.
C'est un îlot de verdure au coeur de Dijon, un terrain vague où poussent aussi bien les légumes que les immeubles. Avenue de Langres, un immense terrain, baptisé jardin de l'Engrenage, s'offre aux regards. Depuis 9 mois, un collectif citoyen s'oppose à la construction d'un ensemble immobilier de 307 logements sur ce terrain en occupant le jardin et la maison qui s'y trouve.
Ce vendredi 19 mars 2021, le tribunal judiciaire de Dijon a ordonné l'expulsion du bâtiment. La décision conforte le jugement d'expulsion du terrain rendue le 4 novembre 2020 et toujours en sursis. Toutefois, le juge laisse six mois aux occupants pour quitter les lieux.
"Nous nous attendions à cette décision d'expulsion mais nous sommes agréablement surpris par le délai qui nous est laissé" explique une bénévole de l'association des amis des jardins de l'Engrenage.
Nous allons en profiter pour faire connaître davantage les jardins de l'Engrenage aux riverains et aux Dijonnais.
A la veille du printemps, cette ordonnance laisse un peu de répit aux maraîchers-bénévoles.
Stopper la bétonnisation
Ce projet de construction est mené par l'entreprise Ghitti immobilier, sur une parcelle cédée par la ville de Dijon. Baptisé "Garden State", il devrait s'élever sur 8 niveaux et faire 160m de long en bordure de l'avenue de Langres. Il doit son nom au fait que les jardins familiaux de la rue Edme Verniquet resteront accessibles.
L'association des Amis des jardins de l'Engrenage voudrait préserver l'ensemble de la parcelle d'environ 2 hectares.
Malgré les décisions de justice, les bénévoles ne désespèrent pas de convaincre le maire de Dijon de changer de projet pour le quartier : "Nous allons tendre à nouveau la main au maire, François Rebsamen, pour discuter, lui faire partager notre vision à moyen et long terme de ce projet" explique l'une de membres de l'association.
Le dialogue avait été rompu après l'arrivée de bulldozers et de policiers municipaux le 24 juillet 2020. Ils avaient tenté sans succès d'expulser les occupants et avaient détruit 400m2 de plantations.
Depuis 9 mois, des centaines de personnes passent sur le terrain, le cultivent : "Nous voyons cette période comme un moment pour se poser et inviter les gens à venir, à découvrir le jardin de l'Engrenage et sa terre. On a entendu dire que c'était de la terre de remblais mais c'est une bonne terre végétale. Ici, on peut s'abriter à l'ombre des arbres."
Un îlot de verdure et de fraîcheur
Les Amis du jardin de l'Engrenage souhaitent faire de ce terrain un poumon vert de Dijon.
Selon une étude de climatologie urbaine basée sur le programme de mesures de la température MUSTARDijon, publiée en 2020 par l’ADEME, le centre ville de Dijon peut lors des pics de canicule enregistrer des températures supérieurs de 4°C par rapport à la périphérie, notamment en raison de la densité urbaine.
La mairie de Dijon n'a pas souhaité réagir à cette réaction de justice.
Pour défendre et faire connaître son projet, l'association des Amis du jardin de l'Engrenage organise une fête du Printemps ce dimanche 21 mars 2021.
Les bénévoles invitent ceux qui le souhaitent à découvrir les lieux et participer à des ateliers pour construire un nichoir, planter des semis ou déguster une pizza cuite dans un four artisanal.