Fin de vie : Alain Cocq renonce de nouveau à ses soins

Le dijonnais de 57 ans a annoncé renoncer à ses soins, lors de la 40ème assemblée générale de l'Association pour Mourir dans la Dignité (ADMD). Il a laissé des directives anticipées spécifiques et arrêtera ses soins ce dimanche 11 octobre à 23h59.

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Le dijonnais de 57 ans, atteint d'une maladie incurable, a annoncé samedi 10 octobre au cours de la 40ème assemblée générale de l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité renoncer à ses soins.

Changer la loi sur la fin de vie

Alain Cocq souhaite faire bouger les lignes autour de la fin de vie en France. Il s'est entouré du soutien de plusieurs associations à ce sujet : Handi mais pas Que, l'ADMD, Article 10.org
Il a déposé des consignes particulières concernant "la reprise du protocole d'arrêt de soins initié le 4 septembre 2020"
Il a publié sur sa page Facebook samedi 11 octobre : 
"Je vous informe qu’a compté du lundi 12 je reprend le protocole d’arrêt de soins initié le 04 septembre 2020.
En effet les engagements qui mon amené à ma décision de suspendre ce dit Protocole ne sont pas rempli ; notamment dans la gestion de la douleur.
De par cette présente, je charge l’ADMD, Ultime Liberté, et Article-10.org (François Lambert) de l’ensemble de la communication selon leurs compétences respectives.
Pour toutes communications sur ma pages Facebook, il faut l’adressé à Sophie Medjeberg, ou Nathalie Kurt de Handi-Mais-Pas-Que ( qui reste en charge du volet juridique) ; et elle se chargeront de le diffuser
Ceci faisant force de droit
Fait à Dijon le 08/10/2020
Lue et approuvé"

 

Je vous informe qu’a compté du lundi 12 je reprend le protocole d’arrêt de soins initié le 04 septembre 2020. En effet...

Publiée par Alain Cocq sur Samedi 10 octobre 2020
 
De même, lors d'une interview accordée ce dimanche 11 octobre, Alain Cocq décrit comment il va entamer son protocole d'arrêt de soins :  "je vais continuer à prendre de la morphine, que ce soit par patch ou en orodispersible, mais c'est le seul traitement que je vais prendre. Tous les autres sont arrêtés. En cas de douleur extrême, le seul soin que j'autorise, c'est la mise en sédation profonde. A l'heure actuelle, j'ai rédigé ces directives en pleine conscience. Au moment où les services d'urgence interviendront, s'ils ont à intervenir, je serai en conscience réduite, donc seul mon écrit aura valeur de droit."

L'avocat François Lambert et l'association "article 10.org"

François Lambert milite pour légaliser la fin de vie en France.
Il est le neveu de Vincent Lambert. Sous l’impulsion de “l’affaire Vincent Lambert”, et pour venir au secours de son oncle, il entreprend ses études de droit et devient avocat en 2020. Débutée en mai 2013, l’affaire s’achèvera dans un grand bruit médiatique avec le décès de Vincent en juillet 2019.
Le site Article-10.org poursuit "alors que des médecins, des magistrats et une partie de la famille en ont orchestré les nombreux rebondissements, François Lambert relate le parcours de plus de trente décisions de justice, dans son ouvrage “Pour qu’il soit le dernier”,  Editions Robert Laffont, publié en mars 2020. 
Après après un passage à l’association Le Choix en 2019, qu’il quittera quelques mois plus tard, avec les derniers membres fondateurs, il décide avec Nathalie Debernardi de fonder l’association “Article 10” "


François Lambert a contacté Alain Cocq à la mi-Août. Une prise de contact voulue car François Lambert appréciait la démarche d'Alain Cocq :"c'est assez récent, mais on a beaucoup parlé, par contre. Je trouve que sa demande était assez légitime (auprès du président de la République ndlr), son parcours est assez passionnant, tout ce qu'il a fait avant est assez impressionnant. On ne peut pas dire que c'est quelqu'un qui se laisse aller, qui se laisse influencer, qui n'est pas indépendant.
On ne peut pas non plus dire que c'est quelqu'un qui n'aurait pas envie de vivre. C'est assez flagrant, vu tout ce qu'il a fait, toute l'énergie que cela lui a demandé pour faire tout ce qu'il a fait. La maladie dégénérative dont il est atteint, on se sait absolument pas ce qu'il se passe, et dans ces cas-là, c'est d'écouter humainement Alain Cocq lui-même, et pas d'autres personnes."


François Lambert trouve qu'Alain Cocq, dans sa démarche pour faire reconnaître le droit à mourir dans la dignité, est "quelqu'un d'extrêmement intelligent dans sa façon de le faire, de très réfléchi, d'extrêmement prudent. Il me semble qu'il ne laisse rien au hasard, et particulièrement avec les gens qui l'entourent.
Il essaie de mettre tout le monde à l'aise, justement pour dire que c'est sa décision, et que ça n'est pas la leur, quitte à recadrer certains, parfois. Il essaie d'être extrêmement constructif aussi, il essaie de ne pas privilégier une personne plus que d'autres, parce que l'aide active à mourir, on dit dans les sondages que 90% des français y sont favorables. Il n'y a pas un sujet où 90% des français sont d'accord. Dire qu'ils y sont favorables, c'est que dans le principe, ils y sont favorables, on ne sait pas jusqu'où, on ne sait pas comment... Il y a plein de sensibilités différentes. Et lui, son but, c'est de ne pas représenter une sensibilité plutôt qu'une autre, c'est d'essayer de faire en sorte que tout le monde travaille ensemble, parce que, clairement, il y a un ennemi commun. Et c'est ça qu'il essaie de faire, il a une cause à défendre, et il fait très attention à la défendre correctement."


L'interview de François Lambert, par Mathieu Morel



Le reportage de Marie Jolly et Rodolphe Augier
Intervenants :
  • Alain Cocq
  • François Lambert, avocat

 
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