Il est peut-être le Dijonnais le plus célèbre à travers le monde et les générations : Gustave Eiffel, à l’origine de la tour Eiffel parisienne et de la statue de la Liberté new-yorkaise, s’est éteint le 27 décembre 1923, il y a 99 ans.
Il est le bâtisseur de deux des monuments les plus reconnus au monde : la tour Eiffel et la statue de la Liberté. Près d’un siècle après sa mort, Gustave Eiffel est aujourd’hui une figure, l’un des ingénieurs les plus connus au monde. Et son histoire débute… à Dijon, où il naît en 1832, dans une maison située le long du quai Nicolas Rolin.
Gustave Eiffel effectue sa scolarité à Dijon, de 1843 à 1850, avant d’être admis à l’Ecole centrale de Paris. Il s’oriente ensuite vers la construction ferroviaire, aux côtés de l’ingénieur Charles Nepveu. À 25 ans, Gustave Eiffel se voit confier un premier projet d’ampleur : la construction du pont de Bordeaux, long de plus de 500 mètres. Lors de son élaboration, il expérimente certaines techniques qui le rendront célèbre, notamment la construction des piles de pont à air comprimé, comme le rappelle l’Association des descendants de Gustave Eiffel.
Un ingénieur prolifique
Les années 1870 et 1880 seront les plus prolifiques de la carrière du Dijonnais. Gustave Eiffel est sollicité pour plusieurs projets à l’international, et des constructions qui restent, encore aujourd’hui, des monuments remarquables. Il y a notamment la gare de Pest, dans la capitale de Hongrie, et le pont Maria Pia à Porto, qui surplombe le fleuve Douro.
Autres constructions notables, en France : l’observatoire rond de Nice, le viaduc de Garabit dans le Cantal (Eiffel y brevète son système de piles sans entretoisement, qui servira au montage de la tour Eiffel), ou encore le pont routier de Cubzac en Gironde, qui surplombe le fleuve de la Dordogne sur plus d’un kilomètre.
La statue de la Liberté, presque un hasard
Le nom de Gustave Eiffel est également associé à la mythique statue de la Liberté, à New York. Mais saviez-vous que le Dijonnais a failli ne pas participer à sa construction ?
“La Liberté guidant le peuple” est commandée au sculpteur français Auguste Bartholdi en 1871. L’artiste (également créateur du Lion de Belfort) choisit pour la structure interne de la statue la technique des feuilles de cuivre repoussé. Il s’associe alors à l’architecte Eugène Viollet-le-Duc (lui-même à l’origine de la célèbre flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris et de la basilique de Vézelay dans l’Yonne), qui se charge d’imaginer une façon de stabiliser la statue de la Liberté face aux vents forts qui parcourent la baie de New York.
Mais le projet est bousculé par la mort de Viollet-le-Duc en 1879, à l’âge de 65 ans. C’est là que Gustave Eiffel entre en scène : Auguste Bartholdi fait appel à lui pour reprendre le flambeau et poursuivre la construction. Le Dijonnais se charge de l’ossature interne de la statue, inaugurée en 1881.
La tour Eiffel : la consécration
Cœur emblématique de Paris, symbole de la France aux yeux du monde, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1991, la tour Eiffel restera la réalisation majeure de l’ingénieur dijonnais. La construction de la Dame de fer, qui durera 26 mois, est achevée pour l’Exposition universelle de 1889. Une prouesse technique et architecturale, révolutionnaire pour l’époque. En moins de six mois, deux millions de visiteurs se pressent pour monter au sommet.
L’élévation de la tour nécessite la présence de 250 ouvriers chaque jour. Gustave Eiffel finance lui-même 80% du chantier, et la ville de Paris lui attribue une concession de 20 ans au terme de laquelle le monument deviendra propriété de la capitale.
Le scandale de Panama, la disgrâce publique
Après l’immense réussite de la tour Eiffel, l’ingénieur bourguignon se joint ensuite à la construction des écluses du canal de Panama, portée par Ferdinand de Lesseps. Mais trois ans plus tard, tout s’effondre : la Compagnie nouvelle du canal de Panama se retrouve au cœur d’un vaste scandale politico-financier. Le chantier s’avère bien plus coûteux que prévu, miné par les aléas climatiques (tremblement de terre, débit du fleuve trop élevé) et l’épidémie de fièvre jaune, qui décimera plusieurs milliers d’ouvriers sur place. Une souscription publique, qui permet d’acheter des actions à la Compagnie, est lancée pour renflouer les caisses. Le scandale éclate après les révélations de corruption de plusieurs politiques et notables français, accusés d’avoir soudoyé des médias et des personnalités pour promouvoir la réussite du projet.
Incapable de rentrer dans ses frais, la Compagnie tombe en banqueroute en 1889. 85 000 actionnaires souscripteurs se retrouvent ruinés, impossible pour eux de recouvrer leur mise de départ. Trois ans plus tard, la presse révèle les malversations qui ont conduit à ce désastre. Les membres de la Compagnie, dont Gustave Eiffel, sont jugés pour ces malversations et Eiffel écope de cinq ans de prison. Rejugé en appel, puis en cassation, il finit par être blanchi en 1893, la justice concluant qu’il n’a pas activement pris part à la tromperie.
Il finit sa vie en retrait des affaires
C’en est toutefois trop pour l’ingénieur, qui a vu son nom sali par le scandale. Gustave Eiffel décide de se retirer des affaires. Il se consacre, jusqu’à la fin de sa vie, à la science : météorologie, aérodynamisme, il fait notamment installer un laboratoire météo, un émetteur TSF, ou encore un appareil de mesures radioactives au sommet de la tour Eiffel. Il installe une soufflerie au pied de la tour en 1909, et y travaille sur l’aérodynamisme avec un appareil dit “de chute libre”. Il étudie également les moteurs d’hélices et les projectiles lors de la Première Guerre mondiale.
Gustave Eiffel meurt en 1923, à l’âge de 91 ans. Il repose depuis dans le caveau familial de Levallois-Perret, en région parisienne. Un siècle plus tard, son nom reste associé à certaines des plus grandes prouesses architecturales du monde. À Dijon, sa ville natale, une avenue, un pont (au port du Canal) et un lycée scientifique et technique portent aujourd’hui son nom.
► Pour en savoir plus sur la jeunesse de Gustave Eiffel dans la région dijonnaise, le Clos de Vougeot propose en ce moment une exposition "Eiffel, une enfance en Bourgogne", accessible jusqu'à octobre 2023.