Initiative peu commune à Dijon. Le bailleur social Grand Dijon Habitat organise une vente à petits prix de plusieurs matériaux issus de l'immeuble Boutaric, dans le quartier des Grésilles. L'avantage est double : vider les lieux avant la destruction du bâtiment tout en recyclant pour ne pas jeter.
64 ans après sa construction, l'immeuble Boutaric, situé dans le quartier des Grésilles, à Dijon, tire sa révérence. Le bâtiment de neuf étages, contenant 147 logements, sera démoli fin 2023. Une page du quartier se tourne, mais certains vestiges des lieux pourraient eux connaître une seconde vie.
C'est le cas de plusieurs centaines de radiateurs en fonte, de chauffe-eaux, de lavabos, robinets...et même de poignées de portes. Vendredi 10 mars, de nombreux matériaux sont ainsi mis à la vente par le bailleur social Grand Dijon Habitat. Exposés au pied du vieil immeuble Boutaric et dans un grand conteneur posé au pied du bâtiment, tous ces objets sont proposés à un prix réduit.
A Boutaric, chaque objet a été soigneusement dévissé avant d'être confié à une association dijonnaise chargée de les remettre en état
Rémy Crevisy,chargé d'opération à Grand Dijon Habitat
50 euros le radiateur, 20 euros la baignoire. L'objectif de ces démarques est clair : donner une seconde vie à ces matériaux, qui peuvent encore servir. "Il faut savoir que le milieu du bâtiment est un énorme producteur de déchets", explique Rémy Crevisy, chargé d'opération à Grand Dijon Habitat. "La démolition de l'immeuble Boutaric produira ainsi à elle seule plus de 11 000 tonnes de déchets".
Par cette opération "recyclage", ou "grande braderie", le bailleur espère donc réduire l'empreinte carbone de l'opération. "Le problème d'une démolition, si on s'y prend de façon standard, c'est que tous les matériaux seront abîmés et on ne pourra pas espérer une revalorisation" poursuit Rémy Crevisy. " A Boutaric, chaque objet a été soigneusement dévissé avant d'être confié à une association dijonnaise chargée de les remettre en état".
Une démarche bienvenue en période d'inflation
C'est Les Valoristes Bourguignons qui a été chargée de cette mission. Depuis des semaines, les membres de l'organisation réparent et nettoient chaque pièce. "C'est une bonne chose pour nous, car cela donne une activité aux personnes en réinsertion que nous faisons travailler", savoure Jean-Pierre Di Stefano, chef de projet au sein de l'association. "C'est bien aussi pour ne pas voir tous ces objets partir à l'enfouissement".
Si sur la forme, l'action a de quoi séduire, a-t-elle pour autant attiré de potentiels clients ? "En cette période d'inflation, c'est sûr que c'est intéressant" avoue Jean-Marc, retraité, venu car il aimerait refaire sa maison. Le septuagénaire se penche sur des robinets, vendus 5 euros pièce. "J'ai réussi à les prendre à deux euros. C'est que je ne suis pas millionnaire moi".
L'événement attire également des professionnels : "Je réhabilite des bâtiments, donc je récupère ici des matériels qui valent une fortune neuf", explique un charpentier dijonnais. "Là j'ai trouvé des différentiels et des disjoncteurs électriques. Ici c'est 10 euros pièces. Dans le commerce, c'est à peu près 60".
La vente se poursuit ce samedi 11 mars et reprend vendredi 17 et samedi 18 mars. Tous les bénéfices seront reversés à l'association Les Valoristes Bourguignons.
Avec Yacine Arbaoui