Le succès fou de l'exposition "À portée d'Asie", prolongée de 15 jours au musée des Beaux-Arts de Dijon

L'exposition, qui présente plus de 300 objets d'une grande diversité technique et géographique, a remporté un tel succès qu'elle sera prolongée de deux semaines, jusqu'à début février.

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Depuis son ouverture en octobre, l'exposition "À portée d'Asie" a été saluée par la presse spécialisée et par le public. À tel point que le musée des Beaux-Arts a décidé de la prolonger de 15 jours : prévue jusqu'au 22 janvier, elle va finalement durer jusqu'au 5 février inclus. Les 25 prêteurs, de prestigieuses institutions nationales, ont donné leur accord : le musée Guimet, le Louvre, le château de Versailles, musée des Arts décoratifs, le Quai Branly...

Des pièces cachées au public depuis les années 30

La commissaire de l'exposition, Catherine Tran-Bourdonneau, qui est également conservatrice des collections extra-européennes au musée des Beaux-Arts de Dijon, se félicite du succès d'estime de la presse spécialisée et des visiteurs. Mais selon elle, c'est avant tout grâce au soutien initial des musées et institutions qui ont prêté les œuvres : "Leur retour a été immédiat et très enthousiaste, ce qui nous a permis d'avoir des œuvres exceptionnelles."

Mais ce qui semble plaire aux visiteurs, selon Catherine Tran-Bourdonneau, c'est que l'exposition présente "un propos ample et à la fois inédit pour envisager la présence de ces objets asiatiques en France sur près de deux siècles."

"On balaye deux siècles d'histoire avec tout ce renouvellement des imaginaires autour de l'Asie. Il y a aussi un côté "redécouverte" de collections qui sont dans les musées nationaux, qui ne sont pas exposées, souvent en réserve, et des collections de régions."

Catherine Tran-Bourdonneau

commissaire de l'exposition

Et parmi les régions, l'exposition a puisé au plus près : dans les réserves du Musée des Beaux-Arts de Dijon. Ce dernier dispose en effet d'un fonds important, constitué de 1 200 pièces d'art asiatique, non visibles depuis les années 1930. "Avec la seconde Guerre Mondiale, c'est un ensemble d'objets extrême-orientaux qui ont été mis en réserve et qui n'ont jamais été ressortis depuis et qui ont été restaurés pour l'occasion."

Des oeuvres longtemps considérées comme des "chinoiseries"

Catherine Tran-Bourdonneau est convaincue de l'aspect fascinant et attractif que propose l'Asie : "Ça fascine toujours autant, car c'est l'Autre, l'altérité, le lointain, et en même temps c'est une histoire partagée et c'est ce qu'on montre dans cette exposition."

"On a une histoire commune à travers ces objets. Et puis il y a un succès contemporain, aujourd'hui, qui s'explique par le soft power culturel d'un certain nombre de pays asiatiques. La Corée, le Japon, sont extrêmement présents dans la culture populaire occidentale."

Catherine Tran-Bourdonneau

commissaire de l'exposition

L'autre fascination, c'est la possibilité d'exhumer des objets qui n'avaient pas été présentés depuis près d'un siècle : "Il y a toujours cette fascination pour les objets qui sortent des réserves, on redécouvre des pièces. Ces objets, ils ont été réétudiés et restaurés, et à l'occasion de cette étude que l'on peut caractériser de "chantier des collections", on change notre regard sur ces objets. Ils n'ont pas été présentés depuis les années 1930 tout simplement parce qu'ils ont été en partie oubliés mais aussi dépréciés. On avait tendance à considérer qu'il s'agissait de collections certes d'Extrême-Orient, mais, un peu de '"chinoiseries", un peu de "japonaiseries", des objets qui étaient destinés aux Occidentaux, dans la vogue du Japonisme, qui étaient tentés par l'exotisme."

Catherine Tran-Bourdonneau affirme que "tout le travail des conservateurs, à Dijon mais aussi dans les musées en région, c'est d'envisager ces collections autrement ; à cette occasion, on découvre des pièces qui sont de véritables chefs-d’œuvre".

Une oeuvre retrouvée dans les combles du palais des Ducs

Parmi ces chefs-d’œuvres proposés, il y a le paravent chinois en laque de "Coromandel", composé de huit panneaux laqués représentant une scène de palais avec de nombreux personnages - arrivée d’une délégation et festivités en l’honneur du général Guo Ziyi (697-781) des Tang. 

Cette pièce a bénéficié d'une restauration. Elle avait été retrouvée lors des travaux de rénovation du musée des Beaux-Arts, dans les combles du palais des Ducs et des États de Bourgogne. Il provient d'une des collections les plus prestigieuses du XVIIIe siècle à Dijon.

Ce paravent a eu un "destin contrarié" selon Catherine Tran-Bourdonneau : "Il provient de la collection d'un parlementaire dijonnais, Jehannin de Chamblanc (1722-1797) qui a vu ses biens saisis à la Révolution. Mais les œuvres de son cabinet chinois, dont faisait partie ce paravent, n'ont pas été accueillies par le musée de Dijon qui venait d'être créé. Sans doute considérait-on ces pièces comme des 'exotica', ça intéressait plutôt les sciences naturelles."

La collection asiatique de Chamblanc transite donc par un cabinet d'histoire naturelle, avant finalement d'arriver au musée de Dijon en 1834. "À partir de là, elles n'ont probablement jamais été exposées ou alors exposées succinctement", explique la commissaire.

"On peut vraiment penser que ce paravent n'a jamais été présenté depuis une centaine d'années, ce qui explique son état de conservation. Il était certes fragilisé, mais toute la fraîcheur de la laque et du décor polychrome a été préservée, car ce paravent a été maintenu à l'écart de la lumière."

Catherine Tran-Bourdonneau

commissaire de l'exposition



La commissaire de l'exposition a souhaité respecter la présentation du paravent, telle que le collectionneur dijonnais Jeahnnin de Chamblanc l'avait imaginée : elle se fait au mur, le collectionneur dijonnais ayant utilisé les feuilles du paravent "pour les intégrer dans une boiserie, pour en faire un décor exotique dans son cabinet d'étude".

Des collections privées du XIXème

Les collectionneurs privés ont développé un goût pour l'Asie durant deux siècles0. La comtesse Pauline Buisson d'Armandy (1860-1949) en est un exemple : elle avait fait don en 1937 au musée des Beaux-Arts de Dijon de plusieurs centaines de ses objets de collection, dont 120 pièces provenant d'Asie.  

Elle a parcouru le monde avec son époux Eugène, aidé sans doute en cela par son réseau de parenté et d’amitié : le père de la comtesse a été administrateur des messageries fluviales de Cochinchine et le couple comptait parmi ses fréquentations un vice-résident de France en Annam et au Tonkin.

Pauline Buisson d'Armandy était une collectionneuse voyageuse qui a sillonné l'Asie, relate Catherine Tran-Bourdonneau : "Elle a parcouru toutes les parties de l'Asie, jusque dans les années 30. Au Japon, au Tibet, en Thaïlande. C'était jusqu'à maintenant une personnalité que l'on connaissait à peine, on ne connaissait même pas son prénom. Il a fallu faire un certain nombre de recherches pour comprendre son parcours, qui reste encore assez elliptique, mais comprendre quel était son réseau de sociabilité, qui étaient les personnes-ressources en Asie pour faire ce voyage."

La commissaire raconte un véritable jeu de piste pour retracer les connexions de la comtesse, et remonter le fil d'objets exposés aujourd'hui. Certains ont été mélangés, à l'époque, avec d'autres oeuvres issues des arts de l'Islam et de l'Europe. Certains n'ont pas été étudiés, d'autres ont été mal répertoriés. Ainsi, un jeu de cartes à jouer asiatiques, rentrées dans les inventaires du musée de Dijon comme des cartes de médecin. "En réalité, il s'agit d'un jeu de cartes traditionnel dit des 100 poètes, qui est un jeu toujours joué aujourd'hui au Japon, d'une réalisation très raffinée avec des peintures enluminées et une calligraphie merveilleuse", salue Catherine Tran-Bourdonneau.

L'exposition "À portée d'Asie" est visible au musée des Beaux-Arts de Dijon jusqu'au 5 février inclus, dans les espaces dédiés aux expositions temporaires (entrée 9€). Initialement, elle était programée jusqu'au 22 janvier.

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