INTERVIEW. Les trajets sur autoroute vous ennuient ? Vous rêvez de ne plus avoir les yeux sur la route et les mains sur le volant pendant des heures ? Quatre trentenaires dijonnais espèrent exaucer vos vœux avec leur projet Symone.
Nous sommes en juin 2016. Des amis rentrent à Dijon après un week-end passé à Marseille. Ils font le trajet en voiture en empruntant l'autoroute. Mais il n'est pas de tout repos : six heures de route et une heure de bouchons, une panne de moteur, la fatigue et le stress qui s'accumulent.
Ils réfléchissent alors à un moyen de rendre les trajets sur autoroute moins fastidieux. C'est comme ça qu'est né le projet Symone. Romain Coispine, l'un des quatre à l'origine du projet nous explique en détail Symone.
► En quoi consiste le projet Symone ?
Romain Coispine : Nous souhaitons mettre à disposition sur les aires d'autoroute des plates-formes, des plateaux autonomes, individuels et à motorisation écologique.Vous montez avec votre voiture sur cette plate-forme qui vous attend sur une aire d'autoroute. Ensuite, elle va vous déposer à l'aire de repos la plus proche de votre destination.
Pendant tout le trajet autoroutier, vous êtes libre de faire ce que vous voulez. Travailler, vous reposer, passer du bon temps en famille.
C'est un concept assez simple, un peu fou. Il prend à revers un peu tout ce qu'on peut imaginer en ce moment sur le véhicule autonome. Mais on va voir où ça va nous mener.
► Votre projet en est encore à un stade très préliminaire. Il va vous falloir du temps pour le développer. N'avez-vous pas peur de vous faire doubler par les grands groupes ?
Les grands groupes vont nous aider à démocratiser l'utilisation de technologies dont les utilisateurs ont peut-être un peu peur au début. Ils vont aussi débloquer toute la législation pour que l'on soit plus libre de tester n'importe quel prototype de véhicule autonome sur les routes.
Au début, la voiture autonome sera chère (...) il y a de la place pour ce genre de projet
La voiture autonome va finir par se développer et les technologies vont être prêtes dans quelques années. C'est cette technologie qu'on intégrera dans notre plateforme Symone.
Mais au début la voiture autonome sera chère, ce sera sur les modèles neufs. La démocratisation du véhicule autonome va un peu tarder.
On n'est pas tous prêts à mettre des milliers d'euros en plus pour une option d'autonomie. Le renouvellement du parc automobile ne se fait pas aussi rapidement que ça. Donc il y a de la place pour ce genre de projet.
► Installer des plates-formes autonomes sur toutes les aires d'autoroute de France va demander un investissement colossal. Votre développement ne va-t-il pas être très difficile ?
Cela va dépendre de notre accompagnement pour le déploiement de Symone, selon le budget que l'on aura et les différentes études de notre preuve de concept et de notre business model. Ça va se faire au fur à mesure.
Il n'y aura pas de grosses dépenses d'infrastructure, elles sont déjà existantes.
Mais il n'y aura pas de grosses dépenses d'infrastructure, elles sont déjà existantes. Il faudra juste des chargeurs électriques ou des piles à hydrogène.
On pense que c'est un nouveau concept qui pourra facilement se déployer sans gros investissements comparé à d'autres projets qui peuvent arriver dans les prochaines années, comme l'HyperLoop.
► Qui est l'équipe à l'origine du projet ?
On est quatre fondateurs, tous originaires de Dijon. Ça fait deux ans qu'on réfléchit à ce projet et qu'on y travaille. Maintenant, depuis un mois on le présente au grand public pour avoir plus de retours, essayer de fédérer une communauté et valider la preuve de concept.
Une fois qu'on verra qu'un maximum d'utilisateurs seraient tentés d'utiliser notre solution, on fera appel à des financements ou à des incubateurs pour se développer.
► Vous développez ce projet sur votre temps libre pour l'instant ?
Oui exactement. Tous les quatre, on est actuellement en poste dans divers secteurs. Je suis par exemple directeur de production. Mais nous avons aussi un responsable commercial, un responsable de formation professionnelle et un ingénieur en innovation et design sur l'automobile.
Donc quatre profils assez variés et complémentaires qui vont nous permettre d'avancer le plus loin possible. Mais pour un projet aussi ambitieux il va falloir bien sûr se faire accompagner pour se développer.
Quand on sentira le feu vert des investisseurs, on pourra se dégager du temps et oser franchir le pas pour basculer complètement à 100% sur ce projet.