Témoignages - Violences à Dijon : les habitants des Grésilles partagés entre colère et indignation

L'émotion est grande aux Grésilles après ces trois nuits de violences. Ce lundi 15 juin, des habitants affichent leur colère face à ce qu'ils nomment "des miliciens" mais aussi face à l'attitude du préfet et des forces de l'ordre, trop passives selon eux.

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Ces trois nuits de violence ont été vécues comme un traumatisme par les habitants du quartier. Pour beaucoup, ce lundi, ce sont les sentiments d'indignation et de colère qui prédominent. 

"C'est beaucoup de colère et d'injustice", dénonce l'un des habitants interrogé cet après-midi. "C'est de l'injustice flagrante car comment vous pouvez considérer qu'une bande de 150 personnes puissent agir ainsi et qu'il n'y ait aucune interpellation. Et que cela fait trois jours que cela dure ! On a failli avoir un mort, un blessé par balles, un accident grave... et ils faisaient quoi la police ?"

Si les rôles étaient inversés, on aurait déjà des problèmes avec la police". Un habitant des Grésilles

L'indignation monte après ce week-end de violences urbaines. Plusieurs "anciens" ne comprennent pas l'attitude de la police et l'impunité dont auraient pu bénéficier les membres de la communauté tchétchène, coupables selon eux de violences dans le quartier. Ils dénoncent la passivité et l'attitude des forces de l'ordre.

Certains n'hésitent pas à parler "d'alliance" entre la police et la communauté tchétchène. "Il y a deux poids, deux mesures. Si les rôles étaient inversés, on aurait déjà des problèmes avec la police," témoigne l'un d'entre eux. "On paie nos impôts, on a le droit d'être protégés".

Un autre de rajouter : " La police, on n'a rien contre. Au contraire". 

"Ils attendent qu'il y ait du sang ? Quand on ne bouge pas comme ça, c'est qu'on a l'ordre de ne pas intervenir. C'est quoi le but ?" s'interroge l'un des habitants, très remonté contre l'autorité préfectorale. "Laissez-les se débrouiller entre eux ? Et après, on nous bassine avec l'état de droit. La police, on n'a rien contre. Au contraire. Elle est là pour assurer la sureté nationale. Donc, à un moment, il faut respecter son contrat." 

Un sentiment d'abandon de l'Etat

Après ces trois nuits mouvementées, entre incrédulité et sidération, certains habitants nous ont fait part du sentiment d'abandon de l'Etat, parfois avec des mots forts. "L'Etat nous a délaissés", témoigne de manière anonyme un jeune du quartier. "Pendant trois jours, ils ont été protégés par la police et ça c'est du jamais vu."

"Quand on nous laisse dans une zone comme ça. Là, c'est du non droit", dénonce un autre habitant. "On a à faire à des mercenaires. Ils arrivent à venir là, protégés et à vouloir mettre un coup de pression à la population du quartier. Mais on va où ?"

L'appel au calme 

Après ces violences se pose la question de l'après. Une centaine de gendarmes vont être déployés en renfort dès ce lundi soir dans le centre-ville de Dijon et dans le quartier des Grésilles mais certains se posent la question de savoir si ce n'est-ce pas trop tard ? Beaucoup d'habitants ont très mal vécu ces trois jours. Certains parlent de traumatisme.

Mais si les Tchétchènes ont l'intention de revenir, ils pourraient cette fois faire face à une révolte organisée dans le quartier. Certains élus et habitants appellent au calme. 

J'appelle à du calme, un retour à la normale. Hamad El Hassouni, adjoint à la ville. 

Hamid El Hassouni est adjoint à la ville de Dijon. Cet élu du quartier des Grésilles juge lui aussi l'action préfectorale défaillante et redoute que cela laisse des traces. "Il ne faut pas envisager le pire des scénarios. Moi, j'appelle à du calme, un retour à la normale. Mais pour retrouver une situation normale, il faut que la sécurité soit garantie pour tous les habitants, y compris les habitants du quartier des Grésilles."

Dans un message publié sur sur compte facebook ce matin, il n'a pas caché sa colère et n'a pas hésité à remettre en cause l'action du préfet. 

 

Reportage de Maryline Barate et Tiphaine Pfeiffer

 

Les réactions politiques
A moins de deux semaines du second tour des municipales, les événements des nuits dernières n’ont pas manqué de faire réagir les candidats têtes de listes.

Pour le maire sortant François Rebsamen (PS) : "Ce n’est pas un problème "dijonno dijonnais", c’est un problème de la République", laissant entendre qu’il renvoie toute responsabilité sur les services de l’Etat.

Son adversaire de droite Emmanuel Bichot (LR) trouve une toute autre explication : "Pendant le confinement, beaucoup de choses se sont passées dans les immeubles dans les cages d’escalier. Aujourd’hui, tout ça ressort avec force".

Quant à la candidate écologiste Stéphanie Modde (EELV), pour elle, "dans une ville de la taille de Dijon, où on a très souvent une criminalité dite « de province », c’est extrêmement choquant".

Quelles que soient les positions des uns et des autres, ces événements viennent de rentrer pleinement dans la campagne des municipales.
 
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