Ce mercredi 25 août, le tribunal administratif de Dijon (Côte-d'Or) a confirmé la suspension de Patrick Ducrot. Ce professeur de maths de Blanzy (Saône-et-Loire) fait l'objet d'une sanction de l'Education nationale à cause de la diffusion en cours d'une vidéo où il fourre une dinde.
Une parodie qui tourne mal. Début 2019, une vidéo de Patrick Ducrot, professeur de mathématiques du lycée Claudie-Haigneré de Blanzy (Saône-et-Loire), est rendue publique. Dans celle-ci, l’enseignant se filme en train de fourrer une dinde avec sa main, reproduisant une scène mythique de la série anglaise Mr. Bean, avant de mimer un acte sexuel avec l'animal mort. Des images tournées en décembre 2017 qu'il avait diffusées à deux de ses classes dans le cadre de cours de montage en 2018 et 2019.
La séquence lui vaut le courroux de son proviseur, alerté par trois étudiantes, qui envoie un rapport à l’Éducation nationale. Suspendu une première fois, il obtient l'annulation de la sanction initiale. Mais Patrick Ducrot écope en juillet 2021 d’une seconde suspension d’activité de 12 mois, dont 9 avec sursis. Ce mercredi 25 août, le tribunal administratif de Dijon a confirmé cette décision.
Le rappel des faits
Dans le détail, à la suite de la parution de la vidéo, Patrick Ducrot est l’objet d’une procédure disciplinaire et passe en commission le 13 novembre 2020. "J’ai pu contrer le rapport, mais c’est comme si je n’avais rien fait. J’ai donc été sanctionné", raconte l’enseignant en mathématiques.
L’Éducation nationale le suspend une première fois pour 18 mois, dont 6 avec sursis. Officiellement pour "de nombreux dysfonctionnements dans le déroulement de ses cours, les différences flagrantes dans l’évaluation des élèves, les rapports conflictuels avec sa hiérarchie, la tenue de propos violents et inappropriés ainsi que la diffusion d’une vidéo lors d’un cours". La décision lui est notifiée le 15 mars 2021.
En réaction, Patrick Ducrot décide de saisir le tribunal administratif de Dijon le 31 mars dernier. "J’ai fait un référé. Le tribunal a suspendu cette sanction pour disproportion flagrante et j’ai pu reprendre mes activités à partir du 1er avril", explique l’enseignant.
Une seconde suspension par l’Éducation nationale
Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Le 15 avril, l’Éducation nationale demande au Conseil d’État de casser la décision du tribunal administratif de Dijon. Sans obtenir gain de cause. Le 13 juillet, la suspension de sanction est ainsi validée.
Pour autant, le 29 juillet, l’Éducation nationale sanctionne une deuxième fois le professeur et le suspend 12 mois dont 9 avec sursis à partir du 6 août. Comme en mars dernier, Patrick Ducrot conteste la décision et saisit alors le tribunal administratif de Dijon qui traite du dossier ce mercredi 25 août depuis 10h00.
"L’enjeu, c’est de dire que l’on ne peut pas infliger deux sanctions pour le même fait. C’est là-dessus qu’on se bat", expliquait l'enseignant avant l’audience de ce mardi. Car malgré l’annulation de la sanction, celle-ci a eu des effets avec notamment la suspension de 15 jours de salaire. Ce que conteste l’Éducation nationale pour qui la première décision n’a eu aucun effet juridique.
La question posée a été parfaitement comprise. La première sanction a déjà porté des effets. À partir de ce moment-là, la deuxième n’est pas possible. C’est avec confiance qu’on attend la décision.
Ce mercredi matin, Patrick Ducrot a donc été à nouveau entendu par la justice dans cette affaire. À la fin de l’audience, le professeur de 62 ans a exprimé sa satisfaction : "J’ai trouvé que le juge était respectueux des droits des uns et des autres. Il a bien écouté ma version des faits". Mais ce mercredi après-midi, la suspension de l’enseignant, syndiqué à la CGT et soutenu par un comité de près de 60 personnes, a été confirmée par le tribunal admnistratif.
Patrick Ducrot explique vouloir se pourvoir en cassation. Lui et ses soutiens dénoncent également le manque de loyauté de l'Éducation nationale et la discrimination subie par Patrick Ducrot en raison de ses orientations politiques. "Je veux absolument un jugement sur le fond", réclame le professeur. Ces débats pourraient avoir lieu au début de l'année 2022.