Ce jeudi, le rectorat de Dijon organisait un séminaire sur la question du genre et de l'orientation sexuelle à l'école. Une problèmatique centrale. Les établissements scolaires sont actuellement les lieux où les agressions LGBTphobes sont les plus fréquentes.
"Une fois, en marchant tranquillement dans la rue, une personne est passée à côté de moi en voiture, a klaxonné, baissé sa vitre, a commencé à m’incendier puis est repartie. C’était des insultes classiques comme ‘pédé’", raconte Lucas Tillocher. Si le jeune homme de 19 ans, étudiant en deuxième année d’administration économique et sociale au Creusot (Saône-et-Loire) vit librement son homosexualité, il lui arrive de subir de temps en temps certaines insultes et violences verbales en raison de son orientation.
Lucas Tillocher, ancien élu CAVL, et @NathalieAlber15 ouvrent le séminaire sur les enjeux relatifs au genre et à
— Académie de Dijon (@AcademieDijon) January 21, 2021
l’orientation sexuelle à l’École, organisé à destination des équipes éducatives et des représentants lycéens. L'académie de Dijon engagée contre les #LGBTphobies ! pic.twitter.com/leNFnPY5vv
En France, l’école est le lieu où les agressions LGBTphobes sont les plus fréquentes. Selon un sondage de l’Institut français d’opinion publique (IFOP) de juin 2018, 26% des personnes homosexuelles affirment avoir subi des injures et menaces verbales dans leurs établissements scolaires.
Alors pour lutter contre ce fléau et former les personnels éducatifs à une meilleure prise en charge de la question du genre et de l’orientation sexuelle, un séminaire était organisé ce jeudi, entre 8h30 et 16h00, par le rectorat de Dijon.
300 participants au total
Les 300 participants, professeurs, membres de l’Éducation nationale et élèves ont assisté à différentes interventions, participé à des échanges et suivi des ateliers thématiques pour réfléchir à ce sujet central. En France, 22% des 18-30 ans ne se sentent ni homme ni femme selon une enquête de l’IFOP, publiée fin novembre.
C’est blessant parce que ce n’est pas un sujet qui devrait être propice aux insultes. C’est une part de l’identité individuelle et ça ne devrait pas permettre aux personnes de nous attaquer sur ce que l’on est.
"L’école, c’est la société en modèle réduit. Donc il y a autant de phobies qu’ailleurs, si ce n’est que les auteurs sont plus jeunes. Il y a peut-être une difficulté à leur faire prendre conscience qu’ils véhiculent des LGBTphobies et que les victimes vont subir des conséquences importantes", avance Elisabeth Ronzier, ancienne présidente de SOS homophobie qui a mené un des ateliers proposés ce jeudi.
Accompagner les adultes de demain
Le but du dispositif, mieux informer les personnels éducatifs pour qu’à leur tour ils transmettent les bonnes attitudes à leurs élèves. "Ils sont les adultes de demain. Ce serait déjà un bon début si on arrivait à faire passer le message que chacun est d’égale dignité et a le droit au respect, peu importe son orientation sexuelle ou son identité de genre", explique la maîtresse de conférences en droit privé.
Car la question est encore sensible, et les situations restent toujours difficiles à régler pour les professeurs et directeurs d’établissement. Christophe Bourse, ancien proviseur et membre de l'académie de Dijon était présent au séminaire ce jeudi. Il a été confronté à certains cas de LGBTphobies.
"La plupart du temps, c’était des moqueries, des maladresses. C’était un jeu qui était par contre blessant pour la victime. Quand il s’agit de ces faits-là, on arrive à travailler et à faire en sorte que ça s’arrête". Pour l’ancien directeur d’établissement, la difficulté augmente lorsque la victime commence à subir un véritable harcèlement.
Offrir un cadre sécurisant
"C’est bien plus lourd et compliqué. On rencontre les élèves, les familles. On explique, on essaie de montrer que cela blesse. Ça passe par sensibiliser et éduquer. Et s’il le faut, cela passe par protéger. Et c’est là que c’est compliqué, parce que la plupart du temps la solution c’est d’éloigner la victime et donc on la victime encore un peu plus. Mais ce n’est pas la solution. Il ne faut pas s’en tenir à ça et travailler avec les élèves, et sanctionner si c’est nécessaire".
L’école n’est pas isolée. Il faut des relais à la maison et dans la société plus largement. Si l’école est toute seule à lutter, cela ne marchera pas, ou pas assez.
Pour Lucas Tillocher, la question du genre et de l’orientation sexuelle à l’école est essentielle. L’environnement scolaire participe à l’acceptation de sa propre identité sexuelle et à l’affirmation d’un sentiment de sécurité. "J’ai eu la chance d’être accompagnée par ma famille, mes amis, mes enseignants. Ce qui m’a permis d’être qui je suis. J’ai eu un environnement safe. Mais certains peuvent avoir des parcours plus compliqué. Cela dépend vraiment de l’entourage familial et scolaire, et de l’accompagnement par les personnes éducatifs".
Le 14 octobre dernier, Élisabeth Moreno la ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances, a présenté le plan de lutte contre la haine et les discriminations anti LGBT+ pour la période 2020-2023. Avec comme objectif affirmé, "déconstruire les stéréotypes".