Violé par un prêtre à 14 ans, Éric Caty témoigne "pour qu'il n'y ait plus de victimes inutilement"

Violé par un prêtre à 14 ans, Éric Caty a vu sa vie détruite lors d'une colonie de vacances en 1982. Mardi 29 septembre, il a témoigné devant une commission pour dénoncer les abus sexuels du clergé, pour que la société et l'Église préviennent ces crimes et punissent plus sévèrement leurs auteurs.

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Il avait 14 ans. C'était pendant une colonie de vacances, dans les Vosges, en 1982. Éric Caty est violé par le prêtre qui encadrait les adolescents. "Systématiquement lorsqu'on faisait des promenades le soir, il me tenait la main. Et lorsque nous nous arrêtions pour chanter, pour discuter, il avait sa main dans ma culotte et il me masturbait, raconte-t-il. À plusieurs reprises, ça a été reconduit. Tous les soirs j'y avais droit. J'étais là-bas de mémoire une petite quinzaine de jours"

"Un des soirs, le prêtre m'a appelé dans la grande tente avec d'autres jeunes et il a sorti une bouteille de goutte. Et il m'a fait boire de la goutte […] Ce fameux soir où il m'a saoulé, j'ai fini dans sa caravane. Je vois encore le matelas. Un matelas très épais, où il a abusé de moi dans la caravane."

"Il m'a pénétré avec son sexe. Voilà, je me sens vraiment sali. Je ne comprends pas qu'un homme d'Église puisse faire ça. Je ne comprends pas, je n'accepte pas. Je ne l'accepterai jamais, ce n'est pas possible."

La suite, il la décrit comme un trou noir. "Je me suis réveillé le lendemain matin seul dans la caravane. Et là, culpabilité tout de suite. Qu'est-ce qu'il m'est arrivé ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Ça a été une chape de plomb qui s'est écroulée sur moi."
 


"Il faut que ça cesse"

Éric Caty va longtemps garder ce qui lui est arrivé pour lui. "Je ne l'ai pas dit tout de suite. Je ne l'ai pas dit à mes parents, je l'ai caché. Parce que j'avais tellement honte, j'avais tellement peur d'être mal vu. Donc j'ai gardé ça pendant des années, des années, des années. Jusqu'au jour où effectivement, il a fallu que je lâche le morceau, que je parle. Parce que je n'en pouvais plus moralement. J'avais l'impression de ne plus avoir d'identité. Je n'étais plus moi-même, j'étais sali." Éric Caty fera plusieurs tentatives de suicide.
 

Comme je dis toujours, depuis 38 ans, j'ai l'impression d'avoir un alien dans le ventre et qui me grignote tous les jours un petit peu. Et qui me dit je t'aurai, je t'aurai, je t'aurai.


Mardi 29 septembre, il a témoigné devant une commission d'enquête indépendante à Dijon. Un moment important pour parler de son agression, de la détresse des victimes, parler aussi de celui qui lui a volé sa vie. 

"On se dit homme d'église. On est là pour la foi des paroissiens, pour les fidèles. Mais de là à en venir à faire ce qu'il a fait, ce type est complètement malade. Et je ne suis pas la seule victime, il a fait plusieurs victimes. C'est abominable. Il n'y a pas d'autres mots. Pour moi, cet homme ne devrait pas être sur Terre et encore moins dans l'Église."

Éric Caty n'avait pas souhaité porter son affaire en justice. Mais le prêtre a été condamné pour d'autres faits. "Il a violé encore un jeune en 2017. Il vient de reprendre cinq ans. Je pense qu'il a dû faire appel. Il va en faire deux, peut-être trois. Il va ressortir puis il recommencera. Donc il faut que ça cesse. À un moment ou à un autre, il faut que ça cesse."

"Je pense que c'est important aujourd'hui de témoigner pour que ça cesse. Pour qu'il n'y ait plus de victimes inutilement. Surtout par des hommes de foi, des hommes d'Église."


Éric Caty envisage de monter une association pour aider les victimes. La commission devant laquelle il a témoigné interroge des milliers de survivants en France. Elle publiera un rapport public dans les prochains mois.

Le témoignage en intégralité d'Éric Caty


 
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