Zaïn, 4 ans, fauché sur un passage piéton à Talant : "C'est tout le quartier qui est bouleversé"

Un petit garçon a perdu la vie samedi 25 mars, renversé par une voiture qui roulait à vive allure à Talant, près de Dijon. Dans ce quartier du Belvédère où beaucoup d'habitants se connaissent, c'est une onde de choc. Une marche blanche aura lieu samedi.

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"Zaïn, c'était le copain de classe de mon fils, son "copain de bêtises" comme il disait. C'est dur de parler de lui au passé...", nous confie Bélinda. Cette maman est toujours très choquée, quatre jours après l'accident terrible qui a coûté la vie à Zaïn, un petit garçon de 4 ans, fauché sur un passage piéton par un chauffard qui roulait trop vite rue des Rétisseys dans le quartier populaire du Belvédère à Talant. 

"Quand il a atterri, il était plein de sang"

"Zaïn était un enfant du quartier. Ici, tout le monde se connaît. C'est comme si c'était notre fils, et ça aurait pu être nos enfants à sa place", explique Bélinda. "C'est tout Talant qui est bouleversé." D'autant que le drame a eu lieu devant de nombreux témoins, en plein week-end. "Les enfants jouaient dehors à ce moment-là, beaucoup d'entre eux ont vu ce qu'il s'est passé."

Parmi ces témoins, une petite fille de six ans, qui a dit que Zaïn s'était "envolé comme un ange dans le ciel et quand il a atterri, il était plein de sang". Le petit garçon a été projeté à 30 mètres du passage piéton.

"C'est des phrases qui marquent, c'est horrible d'entendre ça dans la bouche d'un enfant", confie Bélinda, les larmes aux yeux. 

Parmi les témoins, il y avait aussi Mohamed, responsable de l'association socio-culturelle Madrassa Talant, située dans la rue même où le drame a eu lieu. "Je suis arrivé deux-trois minutes après l'accident", raconte-t-il.

"On a essayé de calmer le papa, il criait, il pleurait, puis il ne bougeait plus. Il était allongé par terre, les yeux grands ouverts." Mohamed s'est chargé de faire la traduction avec les secouristes et la police, le père ne parlant pas très bien français - toute la famille est immigrée, venue de Syrie. 

"Vous vous rendez compte ? Ils ont fui leur pays en guerre pour au final arriver en France et perdre un enfant tapé par une voiture", déplore Bélinda. "C'est tragique. Ce n'est plus possible."

Des ralentisseurs installés dans le quartier ?

Alors, afin que ce drame ne se reproduise pas, Bélinda et d'autres parents ont lancé une pétition, qui tourne dans le quartier et sur internet, pour réclamer des ralentisseurs aux abords des écoles, des parcs de jeux et des supermarchés du quartier. Dans la rue des Rétisseys, la vitesse est limitée à 30 km/h... en théorie. "En vrai, personne ne respecte la vitesse. À un moment, il faut changer les choses, ce drame a touché beaucoup trop de monde", réclame Bélinda. Mohamed confirme.

"À l'endroit de l'accident, il y a déjà un ralentisseur mais il est tout petit, c'est juste une petite pente. Il en faudrait des vrais, au moins sur l'avenue du Mail et sur cette rue des Rétisseys."

Mohamed

"Ça fait des années qu'on le réclame, mais la mairie le refuse toujours", regrettent plusieurs parents.

Contacté, le maire de Talant, Fabian Ruinet, assure : "On va regarder ce qu'on peut améliorer." Mais il rappelle aussi : "Il y a écrit sur le sol "attention enfants", le passage piéton est clairement identifié." Et ce n'est pas tout.

"De plus, sur la vidéosurveillance que j'ai pu visionner, on voit le chauffard clairement se déporter vers la gauche. Il ne devait pas être concentré, et il roulait très vite. Donc je ne suis pas sûr que, même s'il y avait eu un ralentisseur, ça aurait changé quelque chose."

Fabian Ruinet

maire de Talant

"Je comprends qu'on cherche un responsable", nuance le maire. Mais il précise que l'installation de ralentisseurs ne relève pas que de la mairie de Talant. "On est sur le tracé de la ligne L5 de bus, et Divia nous a demandé de ne pas mettre de ralentisseurs car ça gêne le passage des bus", explique Fabian Ruinet. "Après, ,nous restons toujours ouverts à la discussion et bien entendu, on ne sera pas opposé à refaire la demande."

Le chauffard, "un jeune apprécié dans le quartier", sera jugé en mai

Le mis en cause, un homme de 27 ans, sera jugé le 17 mai pour "homicide involontaire" et "défaut d'assurance". Au moment de l'accident, il est d'abord sorti de sa voiture pour aider, a appelé le 15 puis a quitté les lieux au bout de 8 minutes, selon les images de vidéosurveillance qui ont filmé la scène. Il a fini par se rendre à la police.

Le chauffard est un jeune qui a grandi dans le quartier, et que beaucoup connaissent au Belvédère. "C'est une personne adorable et gentille, qui a fait l'erreur de rouler trop vite. Il aura à vie la mort du petit sur la conscience", nous dit Bélinda. "C'est un jeune du quartier qui était apprécié", confirme Mohamed. "Je ne sais pas pourquoi les jeunes prennent des risques comme ça", soupire le responsable d'association. Le chauffard a été remis en liberté sous contrôle judiciaire en attente de son procès, et a interdiction de se rendre à Talant.

Une marche blanche aura lieu samedi

Zaïn a été enterré ce mardi 28 mars. Désormais, la solidarité s'organise autour de ses proches. "La famille a eu tout le soutien du quartier. Les Arabes, les Français... Tout le monde est solidaire," assure Mohamed. Des doudous et des fleurs ont été accrochés aux grilles de l'école Jacques Prévert, où Zaïn était scolarisé.

En plus de la pétition, une cagnotte en ligne a été créée pour soutenir financièrement la famille. Elle a déjà récolté plus de 300 euros. Des volontaires apportent des denrées alimentaires et des repas pour décharger la famille. Un groupe Facebook "En mémoire de Zaïn" a aussi été créé. Une cellule psychologique est en place à Talant pour les enfants et les parents qui en ont besoin.

Enfin, une marche blanche aura lieu ce samedi 1er avril. Elle partira à 14 heures de la place Mendès-France, il y aura un temps de recueillement devant l'école du petit garçon.

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