Thierry Cesareo est champion du monde de pole sport en amateur. Un sacre obtenu en Italie, fin 2024. A 47 ans, ce Côte-d’Orien est aussi chef d’entreprise et ancien combattant de boxe thaï. La “pole” lui a permis de se remettre d’un grave accident.
Discipline sportive et artistique, le pole sport ou “pole” consiste à danser et réaliser des figures acrobatiques autour d’une barre verticale. “Au départ, quand tu mets les pieds dans une salle de pole, que tu as vingt filles et que tu es le seul gars : tu regardes le sol. Tu ne te sens pas très fier et tu te demandes à quelle sauce tu vas être mangé (rires)”.
Thierry ne s’en cache pas, lui aussi avait des a priori avant de démarrer ce sport. “On ne va pas se mentir, quand on dit pole dance, ça rappelle l'image du strip-tease. Mais il ne faut pas oublier que ça se rapproche aussi du mât chinois, une discipline circassienne”, précise l’homme de 47 ans, du haut de son mètre 90.
Une planche qui vaut de l’or
Malgré des débuts timides, il atteint aujourd'hui des sommets. Les championnats du monde de pole sport se sont tenus à Cesenatico en Italie, en fin d’année 2024. Des centaines d’athlètes réunis le temps d’une compétition de trois jours où se sont affrontés les meilleurs de la discipline. Ce week-end était aussi ouvert aux compétiteurs amateurs.
“Pour moi le défi et l’objectif ultime, c’était de réussir à se produire sans avoir l’air ridicule”, confie Thierry. “C’était seulement la deuxième fois pour moi après les championnats de France quelques mois plus tôt.” (NDLR : Thierry Cesareo est aussi champion de France amateur des plus de 40 ans)
C’était compliqué car je devais passer à 8 heures du matin. J’ai dû démarrer mon échauffement à 4h en allant courir
Thierry Cesareo
Son passage a duré un peu plus de trois minutes devant le jury et le public. Une présentation qui a su convaincre grâce à une figure difficile. “J’ai réalisé une planche et je crois que c’est qui a fait la différence. Il faut être perpendiculaire à la barre puis tenir plusieurs secondes bien droit. On est seulement deux à l’avoir tenté,” se remémore l’athlète qui a battu son adversaire danois en finale.
Entre force et souplesse
Pour arriver à un tel niveau, Thierry s'entraîne six jours par semaine dans un club dijonnais de pole dance majoritairement fréquenté par des femmes. “Un jour avec, et un jour sans la barre où j'effectue les étirements et le renforcement musculaire. C’est le rythme qui me permet de récupérer surtout pour le système nerveux qui est mis à rude épreuve.”
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Et parmi ses plus gros défis au quotidien : la souplesse. “Nous les hommes on fait des figures plus en force, les filles plus en souplesse” précise-t-il en s’échauffant. Pour progresser, il suit des cours avec une coach qui l’accompagne depuis ses débuts en pole sport.
“Il a vraiment beaucoup progressé en peu de temps. Le travail des lignes et des pointes de pieds reste un travail très ingrat et long. Les hommes ont vraiment leur place dans ce domaine de la pole dance. Ça m’a challengé en tant que coach car il aime les choses très dynamiques, je suis très fière de lui”, explique Marion Bugada, coach et responsable l’école de danse MLDA Pole Studio à Dijon.
En France, il doit y avoir une cinquantaine d’hommes contre plusieurs milliers de licenciées femmes. Donc c’est vraiment très peu.
Thierry Cesareo
Accident de parapente
Compétiteur dans l’âme, Thierry Cesareo est aussi le patron d’Azimut Partners, une entreprise qui fait de la formation. Il accompagne des sociétés dans le management ou encore la gestion du stress. Une maîtrise de la tête et du corps qui témoigne aussi du parcours de Thierry.
Avant d’être sur une barre, il a pratiqué la boxe thaï pendant plus de vingt-cinq ans : “je partais en Thaïlande pour apprendre à boxer. Je restais un ou deux mois, le temps de faire quelques combats et je revenais en France pour mon activité professionnelle”, précise-t-il avant de revenir sur l’accident qui aurait pu lui coûter la vie.
“En 2011, j’ai eu un accident de parapente. Un jour, je fais la pendule avec ma voile alors que j’étais à une cinquantaine de mètres de hauteur. Je n’ai pas pu déclencher le parachute de secours et je me suis écrasé au sol”, explique Thierry avant de préciser “à ce moment-là ma tête touche mes pieds.”
Après 23 heures d’opérations, il se réveille à l’hôpital. Dans sa chambre, les médecins lui annoncent que sa colonne vertébrale est touchée et qu’il est paraplégique. A côté du lit, ils lui montrent alors un fauteuil roulant.
Je m'assimile toujours à quelqu'un qui est en fauteuil. Dans ma tête, je ne marche pas, il y a eu un blocage qui s’est fait. La pole m'a permis de me reconnecter à une personne valide.
Thierry Cesareo
Petit à petit, à force de rééducation, il parvient à bouger les jambes puis marcher. Thierry cherche alors un sport qui sollicite le haut du corps. Sur Youtube, il tombe alors sur des vidéos d’athlètes qui oscillent entre la danse et la gymnastique avec une barre : le pole sport. “Ils ne faisaient pas strip-teaseur, c’étaient des gymnastes et ils sont plutôt costauds donc je me suis dit, je vais tenter l’aventure.”
Aujourd’hui, Thierry hésite à changer de catégorie et devenir professionnel pour les prochaines compétitions. En attendant, il compte bien défendre son titre chez les plus de 40 ans amateurs, au Championnat de France en mai prochain, à Lyon.