Les négociations entre les médecins généralistes et l'assurance maladie risquent d'échouer. Le projet de convention a été rejeté de manière unanime par les syndicats de professionnels de santé. Aurélien Vaillant, médecin à Seurre (Côte d'Or) et vice-président du syndicat MG France en Bourgogne-Franche-Comté, répond aux questions de France 3 Bourgogne.
C'est non. Dans un communiqué, le principal syndicat des médecins généralistes a rejeté de manière unanime le projet de convention proposé par le gouvernement et l'assurance maladie.
Cette convention prévoit d'augmenter le tarif des consultations de base à 26,50 euros brut, contre 25 euros aujourd'hui et de passer la consultation à 30 euros si les généralistes remplissent un certain nombre de critères d'« engagement ». Par exemple, ouvrir son cabinet le samedi, accepter de prendre des patients non prévus ou faire des gardes la nuit et le week-end.
Des propositions qui ne répondent pas aux attentes des professionnels de santé, comme l'explique Aurélien Vaillant, médecin à Seurre et vice-président du syndicat MG France en Bourgogne-Franche-Comté.
Pourquoi y-a-t-il ces négociations ?
Aurélien Vaillant : "Il s'agit d'une convention qui est renouvelée tous les 5 ans. En 2017, le tarif de la consultation a été fixé à 25 € brut. Contrairement à un salarié qui voit son salaire augmenter de 2-3% chaque année; notre rémunération n'a pas changé depuis 5 ans malgré l'inflation. Il est donc nécessaire de renégocier."
Quelles sont vos revendications ?
A.V. : "On souhaite une augmentation du tarif de la consultation à 30 €, et non à 50 € comme cela a pu être dit. On veut surtout pouvoir améliorer la prise en charge des patients en améliorant la permanence des soins. Pour cela, il faut revaloriser les forfaits, faciliter l'emploi d'assistants médicaux. Nous devons travailler dans un esprit de co-construction entre professionnels de santé."
On a toujours prôné la discussion mais il y a aucune avancée malgré nos arguments.
Aurélien Vaillantmédecin généraliste et vice-président du syndicat MG France en BFC
Pourquoi les négociations n'aboutissent pas ?
A.V. : "On n'est pas écouté par le gouvernement et l'assurance-maladie. Le projet propose des consultations à 30 € contre des engagements. Je fais déjà des gardes, comme beaucoup de mes confrères. Sur mon secteur, on est nombreux donc on tourne régulièrement. Dans les zones déficitaires, les médecins travaillent déjà 70 heures par semaine. On ne peut pas leur imposer de prendre des gardes tous les week-ends."
Quelles sont les solutions dans ces zones où l'offre de soins diminue ?
A.V. : "Il n'y a pas de solutions miracles. On doit s'adapter aux différents territoires et à leurs problématiques plutôt que d'appliquer une mesure unique à l'échelle nationale. Il faut aider ces médecins sur le terrain en travaillant par exemple avec les infirmières ASALEE (Action de Santé Libérale en Équipe) et en mettant des locaux à disposition."
Quelles sont les conséquences si aucun accord n'est trouvé ?
A.V. : "S'il n'y a pas d'accord, la procédure d'arbitrage va être enclenchée. Elle peut décider de rester sur la convention actuelle (ndlr : celle de 2017) et de nouvelles négociations auront lieu en 2025. Un statu quo serait très dur pour certains de mes collègues dans la Nièvre ou dans l'Yonne. Un moment, ils vont dire stop et on risque de perdre des soignants, comme chez les infirmiers."