Ce week-end, le village de Mâlain (Côte-d'Or) accueillera la 14e édition de sa célèbre foire aux sorcières. Pendant deux jours, plus de 30 000 visiteurs venus de la France entière se rassembleront dans un univers féerique et magique.
Qui a dit que la magie n'existait pas ? Si c'était le cas, comment expliquer que la population de la commune de Mâlain, estimée à 800 personnes pendant 363 jours de l'année, augmente subitement aux alentours des 30 000 le temps d'un week-end ?
Tout ça... grâce à des sorcières. En effet, la commune, située dans la vallée de l'Ouche (Côte-d'Or), organise les 3 et 4 juin la 14e édition de sa célèbre "foire aux sorcières" : marché d'artisans et d'exposants, musiques, danses et déambulations médiévales jouées par des troupes d'artistes professionnelles, restaurations, maquillages, costumes...
Au pied du château de Mâlain, c'est tout un village qui se pare de féérie et de magie pour accueillir plus de 30 000 visiteurs venus de la France entière. Pour assurer la bonne marche d'un tel événement, mieux vaut avoir une bonne organisation.
"On fonctionne presque comme une entreprise. Sauf qu'on reste tous bénévoles". David Milhem, président de l'association Sorcières en foire, qui gère l'événement, fait le compte. "350 bénévoles, une préparation qui débute un an à l'avance, un budget total de 150 000 euros. Et chaque année, vu que le public est au rendez-vous, ça augmente".
Des chiffres vertigineux qui montrent le chemin parcouru depuis la première fête des sorcières, organisée en 1997. David Milhem était déjà bénévole à l'époque. Il se souvient. "Le conseil municipal voulait créer une kermesse. On a alors cherché un thème pour se démarquer. Ici, on avait un vieux château, des légendes sur les sorcières. On est parti sur ça".
Une préparation commencée il y a plus d'un an
Quelques semaines plus tard, une poignée de bénévoles mettra sur pied une foire réunissant une dizaine d'exposants passionnés de culture médiévale et de sorcellerie, qui attirera un peu plus de 300 visiteurs.
"On a eu plus de monde que prévu" se souvient David. "Donc on a haussé le budget l'année suivante. On a eu encore plus de visiteurs. Et ainsi de suite : depuis 27 ans, le public augmente chaque année".
Il a donc fallu s'adapter. Et être inventif. "Pour pallier le manque de subventions, on a décidé de nouer des partenariats avec les associations du coin" explique le président de Sorcières en foire. "Elles nous fournissent des bras pour le week-end et en échange, avec les recettes de l'événement, on les aide à financer certains projets".
L'association, créée en 2001, s'est également structurée en pôles thématiques. "J'ai un pôle musique qui pendant l'été parcourt les festivals médiévaux pour dénicher des artistes" reprend David Milhem. "Un pôle restauration, un pôle qui s'occupe des artisans... Et ce sont beaucoup des bénévoles locaux qui s'occupent de tout cela".
C'est vertigineux et parfois, je vous avoue que ça fait un peu peur, car on ne sait pas où on va s'arrêter.
David Milhem,président de l'association Sorcières en foire, organisatrice de l'événement
C'est le cas d'Alexandre Lacroix. Le Mâlinois, tombé amoureux de la foire aux sorcières lors de sa première visite, en 2005, a même posé des jours de congés pour être disponible. "Tous les ans, je décore ma maison. Cette année, je m'occupe en plus d'accueillir les artisans et les troupes d'artistes. Et j'adore ça".
Pourquoi ? "Malgré l'augmentation de la fréquentation, la fête a réussi à garder son côté familial" savoure Alexandre. "Du côté des spectateurs, où petits et grands se lâchent pendant un week-end. Et du côté des bénévoles : depuis février-mars, on se réunit tous les samedis matins pour décorer, débroussailler, terrasser...".
David Milhem insiste également sur le côté artisanal, perpétué depuis 27 ans : "Nos décors, on les construit nous-même, les artisans sont locaux et pour la restauration, on fait appel à des producteurs de qualité. Pas de sodas américains dans nos buvettes !"
Ce qui persiste aussi malgré les années, c'est "la fierté". "C'est notre village, construire ça, tous ensemble, quel kiff !" sourit Alexandre Lacroix. "Quand tu dis que tu viens de Mâlain et qu'on te répond "ah oui, avec la foire aux sorcières", c'est énorme".
"J'ai grandi et j'habite à Mâlain. Les sorcières rythment ma vie depuis 27 ans" complète David Milhem. "On est autonome financièrement ! C'est une aventure humaine, commencé avec une bande de copains. Si on m'avait dit en 1997 qu'on en serait là aujourd'hui, je ne l'aurais pas cru".
Il faudra pourtant être concentré. À 10h, samedi 2 juin, c'est David qui donnera le coup d'envoi de la foire aux sorcières 2023. "Je me connais. Quand je vais voir la file de voitures arriver à Mâlain, je vais me mettre à pleurer. Comme tous les ans" conclut-il.