Les fleurs importées de pays étrangers, où les normes ne sont souvent pas les mêmes qu'en France, sont très demandées, mais aussi cultivées avec plus de pesticides. À Dijon, certains professionnels doivent revoir leur méthode de travail pour se protéger, mais tentent aussi de sensibiliser la clientèle à ce sujet.
En mars 2022, Emmy Marivain décède d'une leucémie à l'âge de 11 ans. Sa mère Laure, fleuriste près de Nantes, a manipulé des fleurs coupées aux pesticides lorsqu'elle était enceinte et a contaminé sans le savoir sa fille.
C’est ce qu’a reconnu le fonds d’indemnisation des victimes de pesticides. Aujourd'hui, Laure Marivain alerte sur le risque sanitaire pour tous les fleuristes. À Dijon, si certains n'ont pas l'air de s'en soucier par habitude, d'autres ont décidé de fonctionner différemment sur leur lieu de travail.
Tous les jours, Marie Gaffiero manipule des centaines de fleurs pendant des heures pour ses clients. En 37 ans de carrière, cette fleuriste basée à Chenôve avoue ne jamais s’être préoccupée des pesticides présents dans les fleurs. Mais elle commence à prendre conscience, en enfilant des gants par exemple. "J’en porte pour ne pas me faire piquer. Mais ça nous évite aussi d’attraper une maladie. Quand elles ont poussé, il y a peut-être eu des engrais, des pesticides, on ne sait pas. Dans le doute, on enlève bien les épines pour le client."
Acheter local, la solution ?
Selon une étude belge parue en 2019, en moyenne, une centaine de résidus de pesticides est retrouvée sur les bouquets de fleurs et sur les mains des fleuristes.
Dans cette autre boutique, les 10 salariés commencent aussi à s’interroger sur leurs pratiques. "Dans l’équipe, on sait qu’on ne fait pas toujours très attention. On a toujours tendance à faire plein de choses en même temps. on touche les fleurs, on va manger quelque chose, nos tasses sont sur la table. Tout tombe dedans, de la feuille du pétale. Et on continue de boire et de manger, on sait qu’il faut qu’on fasse attention là-dessus", explique Marine Heimburger, responsable d'une boutique basée à Fontaine-les-Dijon.
Protéger sa santé passe aussi par repenser le modèle économique de la filière. Près de neuf fleurs sur 10 vendues en France sont produites à l’étranger, où les normes ne sont pas les mêmes que dans l’Hexagone. "En boutique, on essaie aussi de sensibiliser la clientèle sur la fleur française, cultivée avec le moins de pesticides possibles dans une démarche plus écoresponsable. Il faut que les consommateurs apprennent à consommer de saison. Un client qui va vouloir des roses toute l’année, on est obligé de l’importer alors que d’autres belles fleurs sont de saison et n’ont pas besoin de produits phytosanitaires, d’hormones de croissance."