Dans le Doubs, 27 exploitations et 49 agriculteurs se sont engagés à réduire leur utilisation de produits phytosanitaires, dans le cadre d'un projet porté par l'Agence de l'eau. En cinq ans, le GAEC Delacroix-Legain doit diviser par trois son recours aux intrants.
"C'est une conviction et une envie de travailler de cette manière-là et de respecter notre environnement" résume Sébastien Legain au micro de notre journaliste Emmanuel Rivallain. Depuis deux ans, cet agriculteur et ses trois associés participent à un projet expérimental porté par l'Agence de l'eau. En échange d'un soutien financier, des paiements pour services environnementaux" (PSE), son exploitation, le GAEC Delacroix-Legain situé sur la commune de Fourg, s'est engagé à diviser par trois son recours aux produits phytosanitaires et à l'azote, en cinq ans.
Changer de méthode
Pour atteindre ces objectifs, ces éleveurs de vaches et de poules, qui cultivent par ailleurs 230 hectares, ont dû revoir en profondeur leur activité. Ils ne produisent par exemple plus d'orge, mais ont remplacé ces cultures par du méteil. "C'est un mélange de céréales et de plantes riches en protéines" explique Sébastien Legain. "Chaque plante se complète, c'est un mélange qui étouffe et empêche les mauvaises herbes de se développer". Résultat : "On conduit la parcelle en zéro-phyto" se réjouit l'agriculteur. Le mélange est également très peu gourmand en azote minéral, cet engrais qui se retrouve parfois dans les eaux potables sous forme de nitrates.
Les exploitants multiplient les astuces : "on passe des désherbages mécaniques", "le maïs, on essaie de le semer un peu plus tard dans la saison, pour que ce que l'on sème prenne plus vite le pas". Des méthodes qui fonctionnent, mais qui ont un corollaire : "ça donne des rendements un peu moins bons".
Le soutien de l'Agence de l'eau
Pour compenser ces pertes et encourager les exploitants, les quatre agriculteurs vont recevoir 190.000 euros d'aides en cinq ans. "C'est une somme qui peut paraître importante, mais c'est une compensation pour les efforts que l'on fait, pour la biodiversité et pour la qualité des eaux souterraines" explique Sébastien Legain. "C'est un système vers lequel on avait envie d'aller, le PSE nous a aidé".
Dans le Doubs, plusieurs collectivités locales, dont le Grand Besançon Métropole, la Chambre d'agriculture, et l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse portent le projet, auquel 27 exploitations et 49 agriculteurs se sont joints. Le projet, porté à 3,4 millions sur cinq ans, est financé par l'Agence de l'eau. "Sur la commune, il y a des gouffres, et l'eau des gouffres ressort sur les rivières" décrit l'agriculteur. "On est à 4-5 kilomètres à vol d'oiseau de la Loue et du Doubs".
L'expérience menée par ces exploitations doit permettre à terme de réunir des données sur les effets et le rendement des techniques testées par les agriculteurs. Avec l'espoir de pouvoir les généraliser.