PORTRAIT DE CIRCONSCRIPTION. Avant les législatives et l'élection des députés, France 3 fait le tour des circonscriptions de Bourgogne. Aujourd'hui, la 3e circonscription de Côte-d'Or, qui regroupe le sud de Dijon, Chenôve, Quetigny, Genlis.
Contrairement à d'autres circonscriptions de Bourgogne, la 3e circonscription de Côte-d'Or ne souffre pas de la désertification des campagnes. Ici, l'accès aux services publics est relativement aisé. Écoles, médecins, pharmacies, l'écrasante majorité des habitants dispose de ces équipements sur sa propre commune de résidence, un taux de couverture supérieur à la moyenne française. Alors que veulent les 108 000 habitants de la 3e circonscription de Côte-d'Or ? Avant le scrutin, France 3 est allé à leur rencontre pour connaître leurs aspirations, leurs volontés politiques, leurs colères.
Écologie et éducation pour les uns, sécurité et argent pour les autres
Nous commençons à Dijon. Dans la rue, on tombe sur Katarina et Hervé, ensemble depuis de longues années. Madame est "plutôt de gauche", monsieur plutôt de droite, "mais une droite normale, pas une droite dure", précise-t-il. Malgré leurs divergences politiques, ils partagent le même avis lorsqu'on leur demande ce sur quoi les nouveaux députés devraient travailler en priorité. "L'écologie avant tout, et l'éducation. Ce sont vraiment les deux éléments qui peuvent tout changer", affirme Katarina. Son compagnon acquiesce : "Ils auraient déjà dû faire davantage à ce niveau-là. Une prise en charge mieux encadrée au niveau maternelle et primaire, parce que c'est de là que tout découle. En plus, il y a eu le Covid, et l'éducation a été mise de côté, amoindrie."
"Et l'écologie, n'en parlons pas", ajoute Katarina. "Ça fait des années qu'on aurait dû agir. Notre futur à nous, ça va, mais c'est inquiétant pour nos enfants et les enfants de nos enfants."
"Notre fille de 28 ans se dit : "Mais pourquoi faire des gosses ?" C'est malheureux d'entendre des jeunes avec ce genre de point de vue."
Katarina, à Dijon
Autre couple, autres préoccupations. Toujours à Dijon, Annick et Jean-François, tous deux retraités, se disent "pas vraiment intéressés" par les législatives. Ils ne sont pas sûrs d'aller voter. D'ailleurs, Jean-François ne vote plus depuis des années. "Les députés, on en connaît quelques-uns parce qu'on les voit à la télé." Ce qui les intéresse ? "La première chose, c'est la sécurité", affirme Annick. "On voit tellement de choses. On n'est plus aussi tranquilles qu'avant. La police ne peut pas être partout, elle n'est pas assez organisée et elle manque de bras", abonde son mari.
Les deux Dijonnais s'inquiètent aussi pour leur pouvoir d'achat, première préoccupation des Français lors de la campagne présidentielle. "On fait partie des petites retraites et ça ne bouge pas beaucoup. Le coût de la vie monte, mais les retraites non. C'est de plus en plus difficile."
"Quand vous avez payé le loyer, l'électricité, le gaz et tout le reste, il ne reste pas grand-chose pour manger."
Annick, de Dijon
Avant de toucher sa retraite, si maigre soit-elle, il faut encore y accéder. Le recul de l'âge minimum de départ à la retraite voulu par Emmanuel Macron fait toujours grincer des dents. C'est même le premier sujet qui vient en tête à Floriane, une autre Dijonnaise : "J'ai 37 ans, je ne me vois pas aller jusqu'à 65. Encore moins 67." Politiquement, elle non plus dit ne pas s'intéresser aux élections. Gauche, droite ? "Ça m'est égal."
Défiance et manque de reconnaissance
Comme Floriane, Annick et Jean-François, les déçus de la politique sont nombreux. Sur la place centrale de Quetigny, deux amis, trentenaires, fument des cigarettes en passant le temps. "J'aimerais bien voter, mais je ne sais pas pour qui", lâche le premier. "De toutes les façons, ça ne changera rien, on sait très bien qu'on est gouverné par les riches", tacle son ami. Il évoque Marine Le Pen, sommée de rembourser 300 000 euros au Parlement européen dans l'affaire des assistants parlementaires, et François Fillon, condamné après le "Penelope gate".
"On parle mal des gens des quartiers, mais ce sont les politiques les plus gros voleurs !"
Un habitant de Quetigny
Des quartiers à la campagne, on retrouve cette même impression de ne pas faire partie de ceux à qui profite l'argent. "Nous, les ouvriers, on travaille, mais on ne gagne pas plus au final que ceux qui ne font rien et touchent des aides sociales", déplore Serge, employé municipal à Genlis. En tenue de travail, il profite d'une pause à l'ombre par cette journée où le mercure monte à plus de 30 degrés. En vrac, il voudrait aussi "améliorer le pouvoir d'achat, augmenter un peu les salaires et les retraites - mais pas augmenter l'âge de la retraite !"
Même sentiment chez Sophie et Delphine, deux collègues coiffeuses à Genlis. "Il faudrait valoriser davantage les employés et les ouvriers par rapport à certaines personnes qui n'ont pas d'emploi ou qui sont au chômage", estime Delphine.
"Il faudrait une prime pour les gens qui se lèvent à 6h du matin pour aller bosser, alors que d'autres ont toutes les aides imaginables et ne font pas d'efforts. C'est mal réparti. On trouve que c'est un peu injuste."
Sophie, à Genlis
Dans cette 3e circonscription de Côte-d'Or pourtant, le taux d'adultes "actifs" est plus élevé que le reste de la France : 41,7% contre 40,5%. Sur ce territoire, environ 10% des habitants sont au chômage ou inactifs. C'est moins que la moyenne nationale, qui est d'environ 12%.
Sophie, la coiffeuse, voudrait aussi "valoriser certains métiers qui ne sont pas assez reconnus, comme le nôtre : la coiffure, ça ne paie pas très bien". Les deux collègues appréhendent la réforme des retraites.
"C'est un métier fatigant. À 60 ans, on n'a pas la même vitalité qu'à 20 ans."
Sophie, coiffeuse
"La retraite, c'est un droit, nos aïeux se sont battus pour et aujourd'hui on nous repousse l'âge légal de départ. Et ce malgré le fait qu'on ait commencé notre apprentissage à 16 ans !"
Il faut dire que la 3e circonscription compte une majorité d'employés : ils représentent un tiers de la population. Les autres catégories socioprofessionnelles les plus représentées sont les professions intermédiaires et les ouvriers, plus nombreux ici qu'à l'échelle de toute la France.
► Les 12 et 19 juin prochains, les habitants de la 3e circonscription de Côte-d'Or auront le choix : réélire la députée sortante, la LREM Fadila Khattabi, ou lui préférer l'un des douze autres candidats.
Sont également candidats dans cette 3e circonscription de Côte-d'Or : Tarja Fauvet (Parti pirate), Bruno Louis (Divers Ecologiste) et Xavier Richard (Les Socialistes de Côte-d'Or - PRG)