Législatives 2022. Revivez le débat citoyen de France 3 Bourgogne : "comment améliorer notre quotidien ?"

Ce mercredi 15 juin à 17h45, France 3 Bourgogne a diffusé un débat citoyen, dans lequel des habitants de la région ont dialogué avec les représentants des principales forces politiques locales.

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C'est un débat pas tout à fait comme les autres qui a été diffusé, ce mercredi 15 juin à 17h45, sur l'antenne de France 3 Bourgogne. Cinq citoyens bourguignons, de tous les âges et toutes les catégories professionnelles, se sont réunis sur notre plateau, aux côtés des journalistes Elsa Bezin et Vincent Thollet.

Chacun leur tour, ils ont interpellé des représentants politique de tous bords (majorité présidentielle, Rassemblement national, Les Républicains, Nupes) avec une question en tête : que peuvent faire les députés pour améliorer le quotidien des Français ?

Au total, cinq grandes thématiques ont été abordées au cours de chacun des face-à-face : la ruralité, la santé, la sécurité, l'environnement, l'agriculture.

durée de la vidéo : 01h09mn06s
Débat citoyen ©France Télévisions

Les citoyens...

  • Samuel Legrand, 41 ans, est un exploitant agricole habitant à Charbuy, dans l'Yonne, où il est également maire adjoint chargé de l'urbanisme. Il s'est exprimé sur le thème de l'agriculture, face à Léo Coutellec (Nupes - LFI).
  • Kevin Lebrun, 27 ans, vit à Dijon. Ancien réserviste de l'armée de terre pendant cinq ans et demi, il travaille aujourd'hui en tant qu'adjoint administratif dans une société de communication. Il a interrogé Didier Paris (Ensemble ! - LREM) sur le thème de la sécurité.
  • Valentin Laurent, 38 ans, réside à Branges, à côté de Louhans. Il est infirmier libéral depuis 13 ans et vice-président de l'ordre des infirmiers de Saône-et-Loire. Il a dialogué avec Gilles Pirman (LR) sur la thématique de la santé.
  • Marie Lévêque, 23 ans, est étudiante en journalisme à l'université de Bourgogne. Très inquiète du réchauffement climatique, elle a évoquer le thème de l'environnement avec Audrey Lopez (RN).
  • Anne Catrin, 67 ans, est retraitée du secteur bancaire. Depuis deux ans, elle est aussi maire de Montigny-Mornay-Villeneuve-sur-Vingeanne, une commune du nord de la Côte-d'Or. Elle a abordé la thématique de la ruralité avec Claire Mallard (Nupes - EELV).

... et les représentants politiques

  • Gilles Pirman s'est présenté aux législatives sous la bannière des Républicains, dans la troisième circonscription de l'Yonne. Il est arrivé quatrième avec 10,83% des voix. À 54 ans, il est directeur du cabinet du président du conseil départemental de Seine-et-Marne et maire de Saint-Clément.
  • Claire Mallard est conseillère régionale Europe Écologie - Les Verts et présidente du groupe Écologistes et Solidaires à la région. Elle est également co-secrétaire d'EELV en Bourgogne.
  • Audrey Lopez s'est qualifiée dimanche 12 juin pour le second tour des législatives dans la deuxième circonscription de l'Yonne, avec 30,72% des suffrages exprimés. Elle est à la fois conseillère régionale RN et conseillère municipale à Villeneuve-sur-Yonne.
  • Léo Coutellec, 38 ans, occupe un poste d'enseignant chercheur en philosophie des sciences à Paris-Saclay. Investi par la Nupes dans la première circonscription de la Nièvre, il est arrivé en troisième position lors du premier tour des législatives.
  • Didier Paris, magistrat et ancien sous-préfet, est le député sortant de la cinquième circonscription de Côte-d'Or. Candidat à sa réélection et qualifié pour le second tour, il représente ici La République en marche.

"Les déserts médicaux, ça pourrait être assimilé à de la non-assistance à personne en danger"

Premier face-à-face de ce débat : Valentin Laurent et Gilles Pirman. Celui-ci évoque d'emblée les conditions de travail des infirmiers. "Les personnels sont confrontés à des postes de nuit, ils se sentent un peu seuls. Il faut que ce métier soit attractif, il ne l'est plus aujourd'hui", avance-t-il.

"Ce métier est très attractif, c'est la filière la plus choisie sur Parcoursup", défend Valentin Laurent. "Mais je pense qu'il faut revoir le mode de sélection des écoles d'infirmières. Entre l'envie de faire ce métier et la réalité du concret, il y a un fossé."

"Il faut une réforme du système", approuve le représentant LR. "Il faut revoir la formation, l'accès à la formation, la considération des soignants."

Autre question importante de ces élections : la désertification médicale. "On se bat au quotidien pour l'accès aux soins", martèle l'infirmier. "On manque d'infirmiers dans les hôpitaux et de médecins."

Pas de médecin égal pas de prescription, pas de prescription égal pas soins.

Valentin Laurent, infirmier libéral

"Dans mon département, on travaille sur un plan qui permettrait le glissement de compétences", indique Gilles Pirman. "Il faut des infirmiers avec plus de compétences, avec des capacités plus étendues, qui ne dépendent pas forcément des médecins pour les prescriptions."

"Il faut qu'on se donne rendez-vous après l'émission et qu'on en rediscute, nos problèmes sont les mêmes", sourit Valentin Laurent, une fois l'échange terminé.

"Il faut tenir compte de toutes les contraintes" des territoires ruraux

Pour le deuxième échange, Anne Catrin se retrouve face à Claire Mallard. "On nous parle de transports en commun, de voitures électriques... Moi je suis à cinq km du bourg le plus proche et à 45 km de Dijon", lance la retraitée. "Pour nous, c'est compliqué ce genre de considérations."

"Tout a été construit pour qu'on dépende de la voiture", déplore la conseillère régionale. "La question, c'est de sortir de la dépendance à la voiture individuelle.  Avec des systèmes de voitures partagées par exemple."

"Je ne suis pas sûre qu'on puisse le faire", rétorque son interlocutrice. "Je ne pense pas qu'il y ait de solution miracle."

En tant que maire d'une petite commune, Anne Catrin est également amenée à réfléchir à des solutions pour pallier cette dépendance à la voiture. Comme par exemple, l'utilisation des bus scolaires pour le transport des personnes susceptibles d'aller travailler à Dijon. "Mais en dehors de la période scolaire, comment fait-on ?", s'interroge-t-elle.

"Changer de comportement, c'est inciter et accompagner. Sur cette problématique, il va falloir innover et ce sont toutes les expérimentations des collectivités qu'il faut regarder", précise Claire Mallard. "Il faut aussi réorienter les crédits pour accompagner les intercommunalités. L'État a son rôle à jouer."

De retour en plateau, Anne Catrin semble visiblement peu convaincue. "J'ai obtenu des réponses, mais je trouve que c'est très abstrait. Il faut tenir compte de toutes les contraintes, ça se travaille sur le long terme et ça ne peut pas être vertical."

"Je crains une division entre forces de l'ordre et citoyens"

La troisième partie du débat se centre sur le thème de la sécurité, avec Kevin Lebrun et Didier Paris. L'ancien réserviste de l'armée de terre se montre préoccupé par la question de la formation des forces de l'ordre. "Est-ce qu'il y a des lacunes de côté ?"

"Sans doute que les policiers ne sont pas bien formés", répond le député de la cinquième circonscription de Côte-d'Or. "On peut toujours mieux former. Mais le travail des gendarmes et policiers est de plus en plus complexe." Face à cette problématique, il évoque la possibilité de passer le temps de formations des policiers à deux ans, contre huit à 12 mois aujourd'hui.

Autre préoccupation du jeune homme : la perte de confiance des citoyens en les forces de l'ordre, alors que des incidents de violences policières font régulièrement les gros titres. "Je crains une division entre citoyens et forces de l'ordre", avance-t-il. "Gendarmerie et police sont nécessaires pour protéger, mais j'ai peur qu'un fossé se crée et que les gens les détestent."

"Pourtant, 84% des Français pensent que la police fait du bon travail", pointe Didier Paris. "On essaie sans cesse d'adapter force républicaine, la protection des citoyens, et le maintient des libertés individuelles. Il faut plus de brigades de gendarmerie, plus de gendarmes, et une meilleure organisation territoriale."

"Les agriculteurs, c'est comme les médecins : il y a une crise de la vocation"

Avant-dernier face-à-face entre Samuel Legrand et Léo Coutellec. L'agriculteur parle de son expérience personnelle. "Avec mon associé, on a développé la vente à la ferme. La période Covid nous a fortement aidé au développement, mais les consommateurs sont vite retournés à leurs habitudes", déplore-t-il. "Vous, vous défendez la relocalisation de la transformation. Comment voulez-vous nous aider à nous développer ?"

"Déjà, on partage un constat : celui de la nécessité de la relocalisation alimentaire", se réjouit Léo Coutellec. "Nous, on souhaite l'accompagner en redensifiant la population agricole sur nos territoires. On en veut 300 000 de plus dans les prochaines années."

"J'ai peur que vous ayez du mal à les trouver", ironise Samuel Legrand. "Les agriculteurs, c'est comme les médecins : il y a une crise des vocations." Et au cœur de cette crise de la vocation, la faiblesse des revenus des exploitants agricoles pour le nombre d'heures réalisées. 

"L'attractivité passe surtout par le revenu", admet l'ex-candidat Nupes dans la Nièvre. "Il faut que ce soit rentable, et pas à 70 heures par semaine. Il y a une grosse restructuration du modèle agricole à faire."

En terme d'écologie, "on fait beaucoup peser la responsabilité sur le petit citoyen"

Pour la dernière discussion, Audrey Lopez répond aux questions de Marie Lévêque sur l'environnement. "Je pense qu'on est la première génération à être autant intéressés par cette question de l'écologie", indique l'étudiante. "Mais on fait beaucoup peser la responsabilité sur le petit citoyen, même s'il y a des gens ou industries qui polluent beaucoup plus. Qu'est-ce que vous proposez là-dessus ?"

"En France, on a une écologie punitive", avance la candidate RN dans l'Yonne. "C'est sur le citoyen qu'on tape. Il faut relocaliser au niveau industriel, arrêter d'envoyer les ordures en Chine par exemple."

Le réchauffement climatique prend aussi une tournure très concrète pour les Français ces jours-ci, avec des températures dépassant parfois les 40 degrés. Dans ces conditions, "vivre en ville, c'est compliqué", affirme Marie Lévêque. "Comment on s'adapte en ville pour réduire les émissions de Co2 ? Est-ce qu'on pourrait par exemple interdire la voiture ?"

"On a besoin du véhicule en ville, tous les centres-villes ne sont pas équipés pour se déplacer sans voiture", réagit Audrey Lopez. "Il faut que chacun se responsabilise. Je pense qu'il faut développer les boîtiers ou l'accès au bio-éthanol. Mais je ne suis pas fan de l'électrique."

Mobilités toujours, la jeune femme interroge la conseillère régionale sur le coût des transports en commun, notamment du train, un mode de déplacement qui "pollue moins mais qui coûte cher." "Marine Le Pen voulait rendre les trains gratuits aux étudiants pendant les heures", pointe Audrey Lopez. "Mais quand on fait de la politique depuis longtemps, beaucoup se coupent de ça et oublient le côté pouvoir d'achat et que ça peut être dur pour les citoyens."

Une expérience réussie pour les citoyens

À la sortie de l'émission, tous les invités semblaient ravis d'avoir pris part à cette expérience. "C'était très enrichissant, très intéressant de pouvoir expliquer les problématiques, ou ce qui va bien, sur le terrain", s'est réjoui Valentin Laurent.

Un avis partagé par Kevin Lebrun. "C'était une très bonne expérience, on a pu confronter nos idées et nos aperçus avec les politiques", a-t-il déclaré. "Ça nous a permis de voir qu'il y a un gros travail à faire."

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Kevin Lebrun ©FTV

"Ça s'est très bien passé. J'avais beaucoup d'appréhensions pour ce genre d'exercice", a dévoilé, de son côté, Anne Catrin. "C'est très enrichissant. Ça devrait avoir lieu beaucoup plus souvent."

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Anne Catrin ©FTV

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