Morvan : comment une commune se retrouve expulsée du parc naturel régional

Le parc naturel régional du Morvan vient d'adopter sa nouvelle charte. Elle fixe les objectifs et les engagements jusqu’en 2035. 133 communes y ont adhéré dont 17 nouvelles. Surprise, une commune n’y figure plus : Sincey-lès-Rouvray en Côte d’Or.

Monsieur le maire est un peu surpris. Dans son bureau de la mairie de Sincey-les-Rouvray, François Cap relis le communiqué de presse diffusé par le Parc naturel régional (PNR) du Morvan. « Le parc accueille 17 nouvelles communes (…) Sincey-lès-Rouvray a choisi de le quitter ».

« Il n’en a jamais été question en conseil municipal, affirme pourtant l’élu qui entâme son troisième mandat à la tête de la commune. Cela me surprend parce que j’aurais aimé l’apprendre par les dirigeants du parc alors que l’on n’a jamais été contacté en ce sens. »

Au sein du conseil municipal, il a pourtant été question du Morvan lors des dernières réunions, notamment au sujet de la Charte proposée par le Parc naturel régional pour la période 2020-2035. C’est le document qui fixe les objectifs et le règlement au sein du PNR. Selon le Parc du Morvan, cette version actualisée insiste notamment sur une meilleure gestion des forêts (l’encadrement des coupes rases) et une agriculture plus durable.  Un document qui ne convenait pas aux élus de Sincey-lès-Rouvray.
 

 Il faut savoir si l’on veut faire du tourisme ou de l’agriculture. Nous on a choisi l’agriculture !

François Cap



« Le Parc prône la plantation des haies, des arbres dans les prés. Ça ne nous correspond pas » estime le maire. Située aux confins du massif du Morvan et des plaines de l’Auxois, le commune de Sincey-lès-Rouvray accueille notamment plusieurs exploitations céréalières. « Les prés ont été labourés à 60 ou 80%. Les champs ont été drainés. On a du gros matériel et cela ne correspond plus à l’agriculture que prône le Parc du Morvan. Il faut savoir si l’on veut faire du tourisme ou de l’agriculture. Nous on a choisi l’agriculture ! » assume François Cap qui estime d'ailleurs ne pas bénéficier de retombées dues au Parc du Morvan.
 

La porte du Parc du Morvan reste ouverte

Malentendu ou jeu politique ? L’équipe municipale ne semble en tout cas pas avoir pris conscience qu’un refus de la charte signifiait une sortie du Parc. « Quand on n’approuve pas la charte, on n’est pas commune classée, confirme pourtant Jean-Philippe Caumont, le directeur du Parc Naturel Régional du Morvan. C’est quelque chose que l’on avait expliqué à toutes les communes. Peut-être qu’on ne l’a pas suffisamment expliqué, qu’il est nécessaire de continuer les explications. Mais en tout cas, c’est ça la conséquence de ne pas approuver la charte. » Le directeur affirme que les équipe du Parc naturel s'étaient proposées pour venir expliquer les détails du texte aux élus mais la commune n'a pas donné suite selon lui.

Cette année plusieurs communes de l'Yonne, de la Nièvre et de Saône-et-Loire, à commencer par Autun, intègrent le Parc naturel. Elles sont désormais 133 au sein du périmètre. C’est la première fois qu’une commune quitte le Parc du Morvan fondé en 1970.
 

 

Une procédure compliquée

Coté parc naturel, pas question de renégocier le contenu de la charte établie après un long processus. Mais la direction laisse encore la porte ouverte. « Il faut reconnaitre que ce sont des procédures qui sont compliquées pour des communes rurales. Il y a peut-être un peu d’incompréhension de part et d’autre, concède Jean-Philippe Caumont. Ce que l’on espère, c’est que la situation puisse s’améliorer et que Sincey revienne éventuellement sur sa décision. »

Les élus municipaux de la commune de 110 habitants sont-ils sur la même ligne ? Rien n’est moins sûr. A l’entrée de la commune, le maire de Sincey-lès-Rouvray se désole de l’état du panneau qui marque l’entrée du Parc du Morvan. « Il montre le désintérêt du parc pour la commune. Ils sont d’origine et non jamais été changés. Ils sont effacés. On ne voit jamais personne du Parc ou alors il y a très longtemps ! »
 

Alors le maire souhaite-il voir sa commune rester au sein du Parc ? « On souhaite y rester parce qu’il n’y a pas de contraintes spéciales. Mais ça ne nous apporte rien. Ça ne nous dérange pas d’y rester. Ça ne nous dérange pas non plus d’en partir. »  Le dernier mot sera donné avec une délibération du conseil régional prévue en novembre avant un décret du Premier ministre. 
 

Le reportage vidéo

Le reportage à Sincey-lès-Rouvray de Sébastien Kerroux et Anthony Borlot.
 


 
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