En 2022, la culture du tournesol a gagné du terrain en Bourgogne-Franche-Comté. Alors que le monde entier fait face à une pénurie d'huile due à la guerre en Ukraine, la production dans la région a-t-elle un réel avenir ?
Mai 2022 en Bourgogne-Franche-Comté (BFC). Les semis de printemps sont terminés, ou en passe de l’être. Le grand gagnant de cette année, c’est le tournesol.
En l’espace d’un an, la surface dédiée à sa culture dans la région a augmenté de 17% selon l’Agreste, le service de statistiques du ministère de l’Agriculture. De quoi régler les problèmes d’approvisionnement d’huile de tournesol causés par la guerre en Ukraine ?
Une production pour pallier le déclin du colza
"Non, la Bourgogne-Franche-Comté ne sauvera pas le monde de la pénurie d’huile de tournesol", tranche Jérémie Blas, responsable du pôle productions végétales annuelles à la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or. "Chez nous, les agriculteurs compensent avec le tournesol la diminution d’autres cultures, comme le colza par exemple."
La production de colza diminue en effet dans la région, à cause notamment d’une lutte plus difficile contre les insectes parasites. En quelques années, la surface allouée à cette culture a été divisée par deux, passant de 200 000 hectares à 100 000.
Le tournesol a ses avantages, mais c'est une culture opportuniste.
Jérémie Blasresponsable à la Chambre d'agriculture de Côte-d'Or
"La Côte-d'Or est une terre historique de colza", ajoute-t-il. "Ce département est l'un des principaux producteurs du pays. Si on peut se remettre à en faire, on le fera."
Plus avantageux financièrement pour les producteurs
Jérémy Della Casa est agriculteur à Villaines-en-Duesmois (Côte-d'Or), dans le Châtillonnais. Après avoir essayé le tournesol "il y a trois, quatre ans", il a réitéré l'expérience cette année. "Comme il y a de plus en plus de pénuries à cause de la guerre, les prix ont grimpé. Aujourd'hui, la tonne se vend à plus de 800 euros. C'est bien plus qu'il y a quelques années."
Si l’exploitant a choisi de se remettre au tournesol, c’est aussi parce que cette production lui demande de moins gros efforts financiers. "On peut semer plus tard et récolter plus tôt", affirme-t-il. "Ça ne nécessite pas des avances aussi importantes que pour le colza."
À terme, Jérémy Della Casa compte pratiquer un "mix" de sa production, avec 50% de tournesol et 50% de colza. "Pour ne pas mettre tous les œufs dans le même panier... au cas où."