Pénurie de maîtres-nageurs : "deux postes à pourvoir depuis février, aucune candidature"

En Bourgogne comme ailleurs, à l’approche de l’été, les maîtres-nageurs manquent à l’appel. Certaines plages et centres nautiques risquent de manquer de surveillance, comme à Vermenton (Yonne). Une pénurie due au manque d’attractivité du métier.

"Depuis le mois de février, deux postes sont à pourvoir. Aucune candidature". À Vermenton dans l’Yonne, la pénurie de maîtres-nageurs se fait ressentir. Très fréquentée l’été, la plage de la commune risque, cette année, de ne pas être surveillée faute de surveillant diplômé. "Les années précédentes, nous avions déjà du mal à recruter", explique Jean-Dominique Franck, le maire de la commune.

"Nous avions un à deux maîtres-nageurs que nous partagions avec la commune voisine. Donc, nous avions déjà des horaires très restreints pour l’ouverture de la baignade", poursuit-il. Mais cette année, "rien du tout".

Un manque de candidatures que le maire a du mal à comprendre : "Je ne l’explique pas. Nous proposons une rémunération entre 1500 et 1 800 € net et nous pouvons mettre à disposition un logement". Si les deux postes ne sont pas pourvus d’ici juillet, la commune "retirera les drapeaux et tous les signes. On mettra des panneaux indiquant que la baignade se fait aux risques et périls des usagers".

Des candidats difficiles à attirer

Du côté de la communauté de communes Cœur de Loire dans la Nièvre, gérant les piscines de Donzy et de Cosne-Cours-sur-Loire, le constat est le même : recruter des maîtres-nageurs devient très difficile. "En période estivale, nous avons besoin de maîtres-nageurs supplémentaires, explique Alexandre Levaure, responsable du pôle services à la population de la communauté de communes Cœur de Loire, nous avons pu boucler notre équipe en passant par un groupement d’employeurs, fonctionnant comme une agence d’intérim. Nous avions anticipé, mais ce qui est sûr, c’est que ça nous coûte très cher".


La communauté de communes appréhende déjà les besoins pour les années futures et s’inquiète de ne plus recevoir de candidatures. "Comment attirer des personnes sur notre territoire quand cette personne peut aller travailler sur la Côte ? C’est l’une des questions à laquelle on réfléchit déjà pour l’année prochaine", ajoute Violaine Rémy, responsable du pôle ressources de la communauté de communes Cœur de Loire.

L’une des demandes, c’est le logement. Souvent ce sont des itinérants et c’est là où ça pêche.

Violaine Rémy

D’autant qu’il faut également faire face au départ de certains maîtres-nageurs permanents : "Cette année, nous avons eu un départ au sein des permanents au centre nautique de Donzy et nous avons eu des difficultés à recruter, se désole Alexandre Lavaure. De ce fait, nous tentons cette année de mettre en place l’apprentissage. Nous avons un poste d’apprenti à pourvoir pour la rentrée, et pour l’instant, c’est infructueux, nous n’avons pas de candidats."

5 000 postes vacants et 1 000 noyades par an

"La noyade fait 1 000 morts par an et en majorité des enfants, c’est une hécatombe", déplore Axel Lamotte membre du comité directeur de la Fédération française des maîtres-nageurs sauveteurs. "Depuis 1990, le Conseil économique et social alerte sur la pénurie de maîtres-nageurs", poursuit le maître-nageur. Une pénurie nationale, "il manque au minimum 5 000 maîtres-nageurs à travers la France".

Pour Axel Lamotte, ce manque de personnel s’explique d’abord par un manque d’attractivité de la profession : "le salaire est autour des 1 400€ nets. Les heures d’habillage et de préparation de cours ne sont généralement pas comptées sur la semaine".

"C’est un métier contraignant aussi intellectuellement", poursuit-il. "On doit avoir le regard sur tout, toute la journée. Il y a aussi une lassitude qui s’installe. On peut aussi subir des agressions, des insultes et des incivilités".

Travailler en toute sérénité, c’est compliqué.

Axel Lamotte

Pour enrayer cette pénurie, le 3 juin dernier, l’État a publié un décret permettant aux titulaires d’un brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA) d’exercer leur mission de surveillant sauveteur en autonomie. Ce qu’ils ne pouvaient pas faire auparavant. "Pour nous, c’est plutôt un critère alarmant. Quand l’état allège des dispositifs, c’est qu’il y a un vrai manque", s’inquiète Alexandre Lavaure, et ce n’est pas la même chose. Les MNS c’est aussi de l’animation d’activité comme de l’aquagym. Les BNSSA ne peuvent pas animer. Et si on fait appel à eux, on sera obligé de baisser le service que l’on propose…"

Pour Axel Lamotte, compenser la pénurie de MSN par des surveillants de baignade, n’est pas non plus une solution : "Former un très bon nageur, cela demande du temps, il faut au moins cinq ans", explique-t-il. "Sauver quelqu’un, c’est très compliqué. Une personne qui ne sait pas faire une prise de dégagement se noie avec la personne. Il faut avoir des appuis solides dans l’eau. C’est un métier, et là, on relègue les maîtres-nageurs au rôle de simples surveillants".

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