Le numéro un mondial du petit électroménager, SEB, basé à Selongey (21), fait son entrée sur le marché professionnel tout en se renforçant en Allemagne et sur le segment haut de gamme avec le rachat du groupe allemand WMF, une opération à 1,6 milliard d'euros acclamée mardi par les investisseurs.
L'entreprise familiale s'attaque au marché professionnel
"French Touch" ou qualité allemande ? Seb prend les deux à la fois!", s'enthousiasment dans une note les analystes de la banque d'affaires Bryan, Garnier and Co.Même euphorie à la Bourse de Paris où le titre Seb flambait de 11,24% à 105,90 euros à 14H45 le 24 mai, dans un CAC 40 en progression de 1,66%.
Le rachat de WMF pour près de 1,6 milliard d'euros, annoncé lundi soir, "nous donne un accès au marché du professionnel, dans le café", un segment "rentable" qui croit autour de 8% par an, a commenté le PDG de Seb, Thierry de La Tour d'Artaise, lors d'une conférence téléphonique mardi.
Cette nouvelle plateforme de croissance "offre des ponts" avec le grand public, a observé pour sa part son directeur général délégué Bertrand Neuschwander, décelant des opportunités en Chine, Inde et Etats-Unis.
Un marché dynamique
Le marché de la machine à café professionnelle automatique est évalué à 1,5 milliard d'euros, porté par l'engouement autour du café haut de gamme.Ce marché très concentré, que se partagent à 65% quatre acteurs principaux, dont WMF suivi de loin par ses voisins Franke, Thermoplan, Melitta, offre également des" marges importantes" par le biais du service, selon les dirigeants français.
WMF vend chaque année 45.000 machines à café automatiques fabriquées à Geislingen près de Munich et dans une autre usine en Suisse. Elle en compte 200.000 installées chez ses divers clients professionnels: restaurants, cafés, stations service, boulangeries...
Cette activité représente plus d'un tiers (37%) de son chiffre d'affaires.
Parallèlement, la transaction franco-allemande, qui ne présente "pas de doublons importants", "nous renforce très fortement dans notre activité articles culinaires dans l'un des rares pays ou nous étions encore très faibles" en Europe, a ajouté le PDG.
WMF, une marque premium
En Allemagne, Seb vient de reprendre il y a quelques jours un fabricant local d'articles de cuisine mais de taille plus modeste (EMSA, 92 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2015). On "a fait le plein" dans le pays, souligne le PDG, ne prévoyant pas de visée sur l'autre fabricant de référence, Sissler.WMF, numéro un mondial dans les machines à café professionnelles (avec 28% du marché), est aussi numéro un dans les articles culinaires en Allemagne (20%).
La marque "très haut de gamme" et appréciée pour ses produits en inox est extrêmement connue dans les pays germanophones, où sont implantés 200 magasins "très prestigieux" en Allemagne, Suisse et Autriche, souligne le patron de Seb.
Elle constitue 75% du chiffre d'affaires du groupe WMF dont les autres marques sont Silit, Kaiser et Schaerer.
L'entreprise familiale française fondée en 1857, qui s'était déployée surtout dans les pays émergents ces dernières années, veut développer cette marque "en dehors de la zone alémanique", dont en Espagne, et l'enrichir avec ses propres produits.
Le groupe tricolore a déboursé 1,6 milliard d'euros pour racheter WMF auprès du fonds américain KKR, soit 6,6 fois plus que pour grimper à hauteur de 81% dans le chinois Supor fin décembre.
L'inventeur de la friteuse sans huile s'est imposé devant plusieurs candidats, dont le suédois Electrolux, l'italien Delonghi, le chinois KingClean et l'américain Middleby.
Des conséquences pour les bénéfices
Grâce à cette nouvelle opération, qui devrait être finalisée au cours du deuxième semestre, Seb va faire passer ses ventes annuelles à 5,8 milliards d'euros et atteindre un Ebitda combiné (excédent brut d'exploitation) de 650 millions.Outre la hausse attendue de plus de 20% de son bénéfice net par action "dès la première année pleine", le champion français compte sur des synergies globales d'environ "40 millions d'euros à l'horizon 2020" à travers cette opération.
WMF achetant près d'un demi-million de bouilloires à Supor, "nous pouvons améliorer la rentabilité par notre puissance de production et d'achats dans ce pays", cite Seb à titre d'exemple.
Le fabricant français avait fait en 2007 son entrée au capital de Supor, enseigne asiatique d'entrée de gamme, ce qui lui avait ouvert les portes de l'immense marché chinois de l'électroménager domestique.
Seb est présent dans près de 150 pays et emploie près de 25.800 collaborateurs tandis que WMF, fondé en 185 emploie 5.700 salariés dans 7 pays et dispose de 8 sites de production.