C'est la dernière lettre que le sergent Jean Soulagnes a écrit avant de tomber au champ d'honneur en 1915 dans la Somme. Plus d'un siècle après, ce vendredi 23 février 2018, la police marseillaise a retrouvé les descendants de ce poilu en Côte-d'Or et pu remettre la missive à sa famille.
Ce vendredi 23 février 2018, les policiers marseillais ont officiellement remis une copie de cette lettre au descendant de Jean Soulagnes, Stéphane Drouhot, son arrière-petit-neveu, 48 ans, lors d'une cérémonie à Marseille, à L'Evêché, leur QG au coeur du quartier du Panier.
Accompagné de son épouse et de sa fille, Clara, 9 ans, ce Côte-d'Orien a ensuite pu se rendre dans le quartier d'origine de son ancêtre, aux Camoins, dans le 11e arrondissement de la cité phocéenne, où le nom de Jean Soulagnes est gravé sur le monument aux morts.
Une lettre retrouvée chez un receleur
La dernière lettre de Jean Soulagnes avait été retrouvée fin janvier, dans le 5e arrondissement de Marseille. Chez le receleur d'un cambriolage, un sac plastique contenait quelques bijoux anciens, et un courrier.Les derniers mots de ce sergent-fourrier au 75e régiment d'infanterie de Romans sur Isère, sont écrits le 27 mai 1915. Pressentant qu'il n'échappera pas à la mort, le jeune Marseillais de 24 ans écrit "au meilleur, au seul de (ses) amis", avant de partir "dans deux heures pour une destination incertaine où doivent se passer de grandes choses". A cet ami, Jean Audiffen, il lance "un appel suprême": "vous ne refuserez pas le pénible service, en cas d'événement grave, d'avertir ma famille et ma fiancée qu'avant de mourir, après avoir donné ma vie au pays, mon âme ne pense qu'à eux".
Cette lettre a-t-elle été reçue par l'ami en question ? A-t-elle été remise ensuite à sa famille ? Pour le savoir, le major Arnaud Louis, chargé de communication à la Direction départementale de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône, a utilisé les réseaux sociaux, et notamment le compte Twitter @PoliceNat13, le 15 février. "L'histoire est d'autant plus poignante que nous avions réalisé que ce soldat est mort moins de deux semaines plus tard, le 8 juin", à Hebuterne, dans le Pas-de-Calais, explique Arnaud Louis.
Des généalogistes mènent l'enquête
L'appel est entendu par de nombreux généalogistes amateurs qui ont plongé dans les archives en ligne dans l'espoir de retrouver un descendant
Décédé sur le front sans être marié, Jean Soulagnes ne laisse aucun descendant direct. C'est donc à partir de ses parents que les généalogistes ont tenté de trouver un chemin vers un possible parent encore vivant.
De l'arbre des parents, Lucien Charles Hyacynthe Soulagnes et Julie Marie Rose Durbec, les plus perspicaces sont parvenus à localiser en Côte d'Or, un parent à la 5e génération, côté paternel, repéré sur le site de généalogie Généanet. Stéphane Drouhot est ainsi contacté. Il est agent de maîtrise à la SNCF et vit à Venaray-les-Laumes, en Côte d'Or. Il s'est dit "très ému par l'abnégation et la dignité" de son aïeul face à une mort supposée.
Le reportage à Marseille de France 2 avec :
- Clara Drouhot, descendante du Sergent Jean Soulagnes
- Marie-Louise Bicais-Muller, généalogiste amateur
- Stéphane Drouhot, descendant du Sergent Jean Soulagnes
C'est la dernière lettre que le sergent Jean Soulagnes avant de tomber au champ d'honneur en 1915 dans la Somme. Plus d'un siècle après, ce vendredi 23 février 2018, la police marseillaise a retrouvé les descendants de ce poilu en Côte-d'Or et pu remettre la missive à sa famille.