Rémi Guenot, éleveur à Liernais, en Côte-d'Or, va manifester pour la première fois. Il a décidé de répondre à l’appel de plusieurs syndicats agricoles qui se mobilisent pour faire entendre le malaise du monde agricole partout en France.
"France, veux-tu encore de tes paysans ?"
C'est le slogan que les syndicats agricoles FNSEA et Jeunes Agriculteurs ont choisi pour appeler à la mobilisation mardi 8 octobre, de 11h à 14h, partout en France.Des manifestations seront organisées pour exprimer le malaise du monde agricole. Au programme, il y aura entre autres des actions de blocage d’axes routiers.
Les agriculteurs ont fait face à une terrible sécheresse pour la deuxième année de suite, ce qui va encore diminuer leurs revenus. Ils dénoncent aussi les accords commerciaux internationaux comme le Ceta, les distorsions de concurrence en Europe, la mise en place des ZNT, les zones de non-traitement destinées à protéger les riverains lors de l’épandage des pesticides.
Mais surtout, ils se sentent blessés de voir l’image de leur profession qui ne cesse de se dégrader.
Ils en ont assez d’être traités de pollueurs, voire d’empoisonneurs.
Reportage de Maeva Damoy, Isabelle Rivierre et Chantal Gavignet avec :
-Rémi Guenot, éleveur
-Jean-Louis Guenot, éleveur
"On va servir de plus en plus à entretenir le paysage plutôt qu’à produire de la viande"
Même ceux qui n’avaient jamais manifesté de leur vie, vont descendre dans la rue mardi 8 octobre. C’est le cas de Rémi Guenot, qui s’est installé il y a cinq ans. Il a pris la suite de son père et son grand-père qui étaient éleveurs avant lui."J’ai l’impression qu’on va servir de plus en plus à entretenir le paysage plutôt qu’à produire de la viande pour nourrir l’homme. Si c’est ça, qu’on nous le dise carrément. On arrêtera de s’entêter à se lever les nuits pour faire naître des animaux, à être sept jours sur sept auprès d’eux", dit cet agriculteur du nord de la Côte-d’Or.
"Ce n’est pas rare d’entendre : « Vous vous plaignez, mais vous avez des aides de l’Europe. » On est une des principales dépenses de l’Europe, c’est sûr. Mais, si demain on nous enlève les aides, on n’est plus là. "
Jean-Louis Guenot, le père de Rémi, a vu la profession changer. "Avec 50 hectares dans le temps, on vivait bien. Maintenant, il faut en avoir 200 et je ne sais pas si on vit mieux pour autant. Il y a plus de boulot, plus de stress, plus de fatigue", dit-il.
Mais, lui, n’ira pas manifester. Il restera sur l'exploitation où le travail ne s'arrête jamais.