Covid-19 : Couvre-feu à 18 heures, "on ferait mieux d'accélérer la vaccination" estiment des élus

Le gouvernement va proposer d'avancer le couvre-feu de 20 heures à 18 heures dans 20 départements de France les plus touchés par l'épidémie. Doubs, Jura, Haute-Saône, Territoire de Belfort seraient concernés. Qu'en pensent les élus ? Nous leur avons posé la question.

Il faut s'y préparer. 2021 débutera sans doute avec de nouvelles restrictions. Et un couvre-feu avancé à 18 heures dans toute la Franche-Comté. 

La liste définitive des territoires concernés sera connue vendredi 1er janvier. Si les mauvais chiffres des taux d'incidence sont  confirmés, le couvre-feu débutera dans 20 départements (en Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est, Rhône-Alpes-Auvergne et PACA) non plus à 20 heures mais à 18 heures.

Olivier Véran a évoqué mardi soir une concertation locale "avec les élus, les préfets et les Agences Régionales de Santé" concernées. L'État tranchera par de nouveaux arrêtés préfectoraux. Mais les élus se préparent déjà à cette perspective d'un couvre-feu avancé.

Damien Meslot, maire de Belfort (Les Républicains)

Il ne cache pas sa colère. A Belfort, le maire LR Damien Meslot va boycotter ce mercredi après-midi la réunion avec le Préfet du Territoire de Belfort. “On nous dit qu’on va concerter les élus, et dès hier soir, on découvre la carte des départements concernés dans le Parisien. C’est une mascarade” lance Damien Meslot. “Avancer le couvre-feu à 18 heures, ça ne sert à rien, si ce n’est à compliquer la vie des gens. J’aurais préféré qu’on accélère le calendrier vaccinal. Pour une personne vaccinée en France, on en a déjà vacciné 10.000 en Allemagne. On est en France dans une incurie de l’Etat, qui nous avait déjà menti sur les masques. La coupe est pleine....Il y a un vaccin, il faut vacciner maintenant tous ceux qui veulent, cela fera baisser la charge sur les hôpitaux” réclame le maire de Belfort qui déplore l’absence de stratégie claire du gouvernement français.

J’aurais aimé entendre du gouvernement qu’on va desservir en vaccins en priorité les départements les plus touchés

Jean-Baptiste Gagnoux, maire de Dole (Jura)

Jean-Baptiste Gagnoux, maire de Dole (divers droite)

A Dole dans le Jura, le maire Jean-Baptiste Gagnoux s’interroge sur la pertinence d’un couvre-feu avancé de deux heures. “Il y a des décisions à prendre, je le comprends, je ne suis pas convaincu de la pertinence de la mesure. Le couvre-feu à 18 heures aura des conséquences limitées pour casser les contaminations” explique le maire divers droite. “Je pense qu’il faut se mobiliser au maximum pour étendre la vaccination. Et j’aurais aimé entendre du gouvernement qu’on va desservir en vaccins en priorité les départements les plus touchés” ajoute le maire de Dole où le taux d’incidence était autour de 300 nouveaux cas pour 100.000 habitants au 28 décembre. “Je pense que ça va remonter début janvier, je ne vois pas comment la journée de Noël ne peut avoir de conséquences” précise Jean-Baptiste Gagnoux.”Et puis ce couvre-feu anticipé à 18 heures, il faut être en capacité de le faire respecter. A Dole, je constate qu’il est à peu près respecté, mais les contrôles sont limités au vu des capacités des forces de l’ordre” ajoute Monsieur Gagnoux.

 

Nolwenn Marchand, maire de Prémanon, Jura et président de la communauté de communes des Rousses

Je suis inquiet sur l’état psychologique de la population, j’ai une certitude sur les dégâts économiques, sociaux, psychologiques que cette extension de couvre-feu va faire

Nolwenn Marchand, maire de Prémanon, Jura

En territoire de montagne, comme dans le Haut-Jura, le couvre-feu pourrait donc s’appliquer bientôt dès 18 heures. Nolwenn Marchand s’interroge sur la plue value sanitaire de cette décision: « Quelles interactions les gens ont entre 18h et 20 heures alors que tout est fermé, bars, restaurants ? ». « On sort toute la journée… comment imaginer que ces deux heures de couvre-feu supplémentaires seront efficaces, on n’en a aucune idée » dit l’élu. Il y a un doute et le niveau d’acceptabilité va baisser drastiquement, selon lui. Dans le Haut-Jura, le maire de Prémanon constate que certains ne vont pas bien. « Je suis inquiet sur l’état psychologique de la population, j’ai une certitude sur les dégâts économiques, sociaux, psychologiques que cette extension de couvre-feu va faire » ajoute l’élu.

Alain Chrétien, maire de Vesoul (Agir)

En Haute-Saône, Alain Chrétien est maire de Vesoul et président des maires de France pour le département de la Haute-Saône. Il soutient cette mesure d’un couvre-feu avancé. “Cela ne va pas changer la vie de notre département. Dans un territoire rural comme le notre, les conséquences sont plus diffuses, cela ne va pas beaucoup changer la vie des Hauts-Saônois``, estime-t-il. “Autant, j’étais contre un reconfinement généralisé, il n’aurait pas été accepté par la population, là avec ce couvre-feu à 18 heures, les commerces fermeront un peu plus tôt, il faudra s’organiser” dit l’élu. Alain Chrétien comprend que d’autres maires dans le Grand Est notamment réclament des mesures plus drastiques avec un nouveau confinement. “En Haute-Saône, les chiffres de l’épidémie sont plus faibles, et nous n’avons pas de grandes sources de promiscuité sociale. Dans les départements ruraux, la situation est différente” ajoute Alain Chrétien.

Clément Pernot (Les Républicains), président du conseil départemental du Jura

C’est peu de dire que le président du Conseil départemental du Jura, l’un des départements les plus touchés par l’épidémie à l’heure actuelle, est peu enthousiaste à l’idée d’un couvre-feu avancé à 18h. « Je ne vois pas ce que cela va apporter, si ce n’est que ça va concentrer les gens dans les supermarchés le samedi, dans un espace-temps plus réduit. Ça va perturber encore les commerces, empêcher les restaurateurs, qui s’en sortaient tout juste, de vendre à emporter… »

Surtout, l’élu se demande pourquoi on sollicite son avis justement maintenant, alors que cela n’a pas été le cas au premier comme au deuxième confinement. « Je ne suis pas médecin, pas épidémiologiste. Je ne sais pas ce qui est efficace ou ne l’est pas. Si les populations sont en danger, si les chiffres le justifient, alors que l’Etat prenne ses responsabilités et reconfine même ! mais qu’attend-on de nous ? Si le gouvernement veut un vote des élus locaux, qu’il nous réunisse ! Je préfèrerais que l’Etat adopte une ligne de conduite claire et qu’il s’y tienne, plutôt que ces errements permanents… »

Christine Bouquin, présidente LR du conseil départemental du Doubs

C’est depuis ses terres de Charquemont, dans la neige et au frais, que Christine Bouquin multiplie les coups de fil ce mercredi 30 décembre. Le Préfet a consulté tous les élus du département tôt ce matin, leur laissant la journée pour se prononcer définitivement sur un couvre-feu avancé à 18h.

« Je me pose beaucoup de questions, explique l’élue. Je me demande quel impact cela peut avoir. Je n’ai pas assez d’éléments, c’est pour cela que je consulte les commerçants, tous les socioprofessionnels possibles, les médecins. Un élu ne peut pas prendre seul cette décision. 

Et puis, si nous nous mettons d’accord, il faut que ce soit tous ensemble, que la Côte d’Or, même si elle est moins touchée nous rejoigne aussi. Il reste aussi la question épineuse de la frontière avec la Suisse. Que font-ils de l’autre côté ? On me demande aussi jusqu’à quand la mesure pourrait tenir ? Mais personne n’en sait rien.

Je suis très inquiète. La situation dans les CHU et au CHI de Pontarlier est très préoccupante, les soignants sont épuisés. J’aurais aimé que la vaccination se fasse plus vite, au moins pour tous les personnels soignants. Même si sur le terrain, je continue de rencontrer de l’opposition. Les gens sont partagés à 50/50. Ils se posent beaucoup de questions. »

Florian Bouquet, président LR du conseil départemental du Territoire de Belfort

Le Terrifortain est clairement opposé à ce couvre-feu à 18h. « Cela ramène de la confusion à la confusion, déclare-t-il. Nous sommes un tout petit département de 150 000 habitants, avec une densité de population deux fois supérieure à la moyenne nationale. Si les gens doivent faire leurs courses avant 18H, on va augmenter le brassage et la densité du public dans les magasins.

Je suis opposé aussi à un reconfinement qui est désastreux pour la santé psychique et l’économie. Cela n’amène que de la désespérance.

Je suis favorable au fait de maintenir le couvre-feu à 20h. ça c’est concret et évite les relations sociales après le travail.

Mais en réalité la seule solution efficace pour moi, c’est le vaccin. Nous devons attendre le 12 janvier pour qu’un seul EHPAD du Territoire soit concerné. Et encore ce sera sur la base du volontariat.

En tant que président du département et des pompiers, on ne m’a pas consulté. On ne m’a pas demandé de solliciter les pompiers, les médecins-colonels, les médecins de la PMI pour les mettre à disposition.

Je m’interroge vraiment sur les quantités livrées en France, les réelles disponibilités. Certes il faut prendre des mesures, car la situation est très inquiétante, notamment à l’hôpital du Nord Franche-Comté. 190 personnes hospitalisées en unités covid, 19 en réanimation. Le palier est très haut. On compte 183 décès depuis la deuxième vague.

Mais pour moi, il faut surtout accélérer le mouvement de la vaccination. »

 

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